mardi 12 décembre 2017

Pulpy vs Puppies, nouvel épisode

On fait un résumé de la situation.
Un membre des puppies lance sa propre revue de SF pulp parce qu'il est très déçu des choix des Puppies pour le Hugo. Il publie certes des auteurs conservateurs mais l'on peut voir au sommaire de Cirsova magazine des auteurs progressistes ( le moorcockien anglais Adrian Cole ou le new pulpster Edward Erdelac par exemple).
Les progressistes lancent leur propre magazine pulp, Broadsword and Blasters et dans le même temps un autre magazine aux rédacteurs en chef moins marqués politiquement se lance, StoryHack.
Et évidemment l'ignoble Vox Day, tout opportuniste qu'il est, décide de récupérer le mouvement et de le baptiser Pulp Revolution. Même s'il dit vouloir accueillir tous les auteurs bien au delà du mouvement des Puppies, il est clair que le centre de gravité de Pulp Revolution c'est sa propre maison d'édition, Castalia House.
Il est clair qu'il n'a pas entendu parler du revival pulp qui existe de puis près de dix ans autour d'éditeurs estampillés new pulp comme Airship 27, Pro Se ou Pulpworks. Il n'a pas entendu parler aussi du retour de la sword and sorcery avec Heroic Fantasy Quarterly ou Sword and Sorcery Magazine. En bon opportuniste il réinvente la roue et ne s'est pas rendu compte que le pulp est revenu. Certes les éditeurs de SF n'ont pas pris le train en marche (les gens du mouvement new pulp d'ailleurs le regrettent) mais il y a des auteurs et des zines qui sont ouverts à des récits pulps. Donc le but de Vox Day est bien de faire croire que seule la SF conservatrice est pulp ce qui est ridicule.

dimanche 3 décembre 2017

Un magazine ?

Les états généraux nous poussent à réfléchir à des pistes (peut être pas toujours réalistes mais il faut bien partir de quelque part).
Je me demandais si ce qu'il manquait à nos littératures ce n'est pas un magazine de kiosque. Un magazine, format magazine classique et dans lequel on trouverait des nouvelles, mais aussi un peu d'actu et de critiques. Pour que ça marche il faut que le magazine en question ratisse large et soit un pont entre plusieurs publics. Un magazine qui serait plutôt pulp dans son contenu et qui pourrait s'adresser à un public aussi bien d'amateur éclairé que de rôlistes ou de gamers.
Ça vaudrait le coup de faire une étude pour voir quel projet pourrait être viable ? Quel contenu pour ratisser suffisamment large ?

jeudi 30 novembre 2017

Fantasy art and Studies N°3

J'aime la science fantasy, c'est un de mes genres préférés. J'étais donc impatient de découvrir le numéro que Fantasy Art and Studies allait consacrer à ce courant.
Et je dois dire que la déception a été au rendez vous. Déception parce que la plupart des textes se contente de mêler le décorum du médiéval fantastique avec des éléments de SF. Et d'autre part parce que la totalité des textes sont sous le signe de l'humour. On était en droit de s'attendre à de l'originalité ( c'est ça que j'attends de la science fantasy) et même d'un brin de folie.
Les auteurs qui font du mélange de genre ne manquent pas en France ( Philippe Deniel, Anthony Boulanger, Catherine Loiseau, Nicolas B Wulf et quelques autres) pourtant.
La nouvelle de A.R Morency surnage avec son univers de fantasy vancien malgré une histoire un peu trop banale.
Bref ce numéro 3 est bien en dessous des deux autres. Il n'y a ici aucun texte coup de point comme c'était le cas dans les deux premiers opus. Les textes sont toutefois agréables à lire mais manquent sérieusement de l'originalité que l'on est en droit d'attendre de la science fantasy.

mercredi 29 novembre 2017

Redevenir un mauvais genre

La SF et la fantasy sont elles encore des mauvais genres ? La question peut surprendre. On serait tenté de répondre oui. Mais à l'instar du polar les littératures de l'imaginaire sont de moins en moins sulfureuses. Aujourd'hui certains éditeurs parlent de se rapprocher de la blanche. Les seuls médias qui s'intéressent à nous sont France Culture, Télérama ou les les Inrockuptibles. Comme culture de la résistance face à l'oligarchie, on fait mieux.
Oui une partie de la SF est encore contestatrice ou s'adresse encore à un public populaire. Oui la fantasy sous prétexte d'explorer des sociétés imaginaires fait dans l'expérimentation anthropologique et peut décrire des mondes avec des valeurs sociales radicalement différentes des nôtres. Donc oui, nous avons encore cette fibre de contestation. Mais à force de vouloir nous légitimer nous pouvons la perdre.
Oui une partie de la SF essaie de se rapprocher de la blanche. Oui, on a préféré le grand format au poche lésant le lectorat populaire qui cherche des livres peu chers.
Donc quelque part nous sommes en train de perdre ce côté mauvais genre. Nous vendons en librairie, par contre nous avons abandonné le marché des maisons de la presse et nous n'avons plus aucune distribution alternative. Aujourd'hui ce sont les classes moyennes et moyennes supérieures qui s'y intéresse.
Pour que le lectorat prolétarien y revienne il faut retrouver une aura sulfureuse. Cette aura qu'avait les romans du Fleuve Noir. Retrouver un côté hyper populaire pour avoir un socle de lectorat. Et puis des romans qui plaisent aussi bien à l'ouvrier qu'au cadre ça permet de rapprocher les gens malgré leurs divergences sociales et politiques. Et ça c'est bien.

mardi 21 novembre 2017

Univers partagé

Les états généraux des littératures de l'imaginaire nous poussent à réfléchir dans un tas de directions différentes. Et lorsque l'on se pose la question de comment faire lire les gamers et les amateurs de manga et d'animes, on se met à réfléchir sur les univers partagés.
Nous n'avons pas cette tradition.
Ailleurs en Europe par contre elle est vivace. Les Allemands ont créé Perry Rhodan la plus grande série de SF du monde qui fonctionne depuis 1964, un record. Mais c'est un arbre qui cache la forêt. En fascicules comme en livres de poche des dizaines de séries couvrent tous le spectre des littératures de l'imaginaire.
C'est vrai que je n'ai rien repéré dans un pays comme l'Espagne qui a pourtant un tradition de littératures populaires importantes.

Il me faut mentionner deux initiatives américaines également.
- Ed Greenwood a créé le Greenwood Group, sa propre maison d'édition dans laquelle il lance ses propres licences.
- Serial Box est une société qui propose des séries littéraires numériques gérées comme des séries télé avec un coordinateur qui tient lieu de showrunner. Et les épisodes sont écrits par des auteurs qui appartiennent au collectif des créateurs de la série.

L'initiative la plus intéressante en France semble être Hoshikaze 2250, un univers de space opera qui donne lieu à des anthologies et dans lequel Philippe Halvick a écrit 2 romans. L'intérêt de cette licence c'est que c'est une licence ouverte en creative commons. Je pense que dans cette direction on doit pouvoir faire des choses intéressantes.

Tout ça pour dire que créer des univers partagés made in France permettrait peut être de faire lire des gens qui n'ont pas l'habitude de lire et qui apprécient l'imaginaire notamment par le jeu vidéo. En tout cas c'est quelque chose qui manque dans le paysage des littératures de l'imaginaire.

mardi 7 novembre 2017

Le schisme de 2008

Aux états généraux des littératures de l'imaginaire on s'est rendu compte qu'entre 2008 et 2009 il y avait eu une baisse des ventes assez importantes, ventes qui n'ont jamais augmentées depuis.

Que s'est il donc passé en 2008 ?
D'une part il y a eu la crise économique qui impacté les achats de livres. Mais curieusement cette baisse est nettement moins importante sur les autres littératures. L'imaginaire est beaucoup plus touché.
2008 c'est aussi l'année où la bit lit a débarqué chez Milady. Bien vite J'ai Lu et Eclipse ont emboîté le pas avec leurs propres collections. Le but était de créer un cheval de Troie pour amener le public féminin aux littératures de l'imaginaire. Sauf que ce plan n'a pas fonctionné.
D'une part des lectrices ( et lecteurs) de fantasy urbaine sont passé à la VO parce que les séries qui les intéressaient n'étaient pas traduites (source plusieurs intervenantes sur le forum Bragelonne qui ont largement exprimé leur ras le bol de la bit lit et leur choix de lire les séries intéressantes en VO) . D'autre part la bit lit a plus conduit les lectrices vers la romance que vers la SF ou fantasy traditionnelle. Dans l'étiquette bit lit, ce sont les ouvrages plutôt orientés paranormal romance qui fonctionnent le mieux, ceux qui sont plutôt fantasy urbaine se vendent moins.
La bit lit est devenue très invasive et l'on a publié moins de titre de SF et même la fantasy est devenue  légèrement moins importante. Donc que des lecteurs se soient moins retrouvés dans la production de certains éditeurs, on peut le comprendre. D'autant plus qu'ils ne connaissent pas forcément la production des petits éditeurs car beaucoup de lecteurs ne se documentent pas sur le net et se contentent de la production qu'ils voient en librairie.
Nous autres petits éditeurs devons être plus offensifs. Il faut sans doute se regrouper, monter des collectifs pour crier plus fort.

Avec la bit lit on s'est coupé du public masculin jeune. Chez les moins de 25 ans, le lectorat féminin est majoritaire. Pourtant les jeux vidéo média qui utilisent largement l'imagerie de la SF et de la fantasy sont largement pratiqué par de jeunes garçons. Ne pas avoir voulu créer un lectorat unisexe est une erreur. Cela n'empêchait pas à côté de publier des œuvres plutôt orientées filles ou garçons d'ailleurs. Mais il fallait mettre l'accent sur une littérature pouvant être lue aussi bien par des filles que par des garçons. Ce qui n'a pas été fait.

jeudi 26 octobre 2017

Imaginaire et contre culture

Le développement de la culture de l'imaginaire doit beaucoup à la contre culture. Aux USA la plaque tournante de la contre culture a été longtemps l'université de Berkeley. Une université publique qui a accueilli dans les années d'après guerre des étudiants issus des classes moyennes voire des classes populaires parfois. C'est de cette université de Berkeley qu'est parti le mai 68 américain autour du féminisme, de l'écologie, de l'anti-militarisme, de la défense des droits civiques mais aussi d'une émancipation culturelle autour du rock'n roll, de la SF et de la fantasy. D'ailleurs Tolkien est devenu une icône des hippies de l'époque et les t-shirts Bilbo Lives étaient vendus à Woodstock.
Sauf qu'en 68 en France, l'enseignement supérieur n'était pas encore démocratisé. Donc ce volet culturel était assez peu présent dans notre 68 à nous où la problématique était la libéralisation des mœurs.
Cette contre-culture, elle a fait une apparition un peu timide au cours du conflit du Larzac en 1975. Une anthologie de SF est édité pour soutenir le combat des opposants au camp militaire. Des auteurs comme Jean Pierre Andrevon et Caza soutiennent les militants et des concerts rocks sont organisés sur place.
Sauf que la plaque tournante de la contre culture en France à cette époque c'est Normal Sup Ulm. C'est de là que part par exemple de développement du jeu de rôle en France. Une des écoles les plus sélects de la république. Rien à voir avec le bouillonnement de Berkeley. La démocratisation de l'enseignement supérieur c'est les années 80, celle du développement du jeu de rôle, des radios libres, de l'arrivée des mangas. Et c'est vraiment là que cette contre-culture se diffuse. Mais dans des proportions moindre que chez les anglo-saxons. Les liens entre les littératures de l'imaginaire et le rock'n roll me paraissent moins étroits chez nous par exemple.

mardi 10 octobre 2017

Pulpy vs Puppies : nouvel épisode

Résumé des épisodes précédents : un proche des Rabbid Puppies déçu par les choix littéraires de son propre camp décide de créer une revue pour proposer de la SF et de la fantasy pulp. Les progressistes qui ne sont pas en reste créent à leur tout deux autres revues.

Mais ça n'en finit pas en fait. Là c'est au niveau de la fantasy que Howard Andrew Jones, plutôt progressiste, crée sa propre revue, Tales of the Magician Skull, avec le soutien de Goodman Games. L'alliance de la fantasy littéraire et de l'Old School Renaissance rôliste. Et le programme est alléchant avec des auteur comme Chris Willrich ou James Enge.

Nouveau rebondissement, Kristine Katherine Rush et Dean Wesley Smith relancent la revue Pulphouse en étant bien au dessus des querelles du fandom.

Bref la SF et la fantasy pulp réinvestissent le champ de la nouvelle. Tout ça parce qu'un Puppies s'est retourné contre son camps et que personne ne veut lui laisser le monopole du pulp.

Maintenant reste à voir ce qui se passera autour de l'édition de roman pour contrer Castalia House.

samedi 9 septembre 2017

L'imaginaire source de tolérance ?

En ces temps troublés je me demande si la culture de l'imaginaire n'est pas une source de tolérance. Laissez moi vous raconter l'histoire de Ken Scholes.
Cet auteur a passé son adolescence dans une communauté baptiste. Un temps attiré par le jdr et la SF au début de son adolescence il est vite recadré par la dite communauté.  Il brûle ses livres de JDR et devient un virulent contempteur de ce qu'il a adoré. Il devient prédicateur avec des prêches très violent contre la culture de l'imaginaire. Il part à l'université et là il rencontre des gens de différentes opinions et confessions et échange avec eux. En même temps il se remet à la SF et à la fantasy. Et il sort de  la spirale de l'intégrisme religieux dont il est devenu, l'un des premiers dénonciateurs.
L'imaginaire peut donc nous aider à changer et à devenir meilleur. Et ce n'est pas un cas isolé.
Par exemple grâce à Moi, rôliste, on découvre le témoignage d'une jeune femme élevée dans un milieu catholique intégriste et qui a fini par devenir quelqu'un de plus ouvert grâce au jeu de rôle.
http://lejdretmoi.centerblog.net/1-roliste-et-fille-de-catho-catho

Donc tout serait pour le mieux ?

Mais il y a les Rabbid Puppies pour nous montrer les limites de ce raisonnement. On peut adhérer à la  culture de l'imaginaire et être sexiste, raciste, homophobe. Ces gens sont une minorité, certes, mais ils sont remuants, et n'hésitent pas à endoctriner notamment dans le milieu des gamers.

vendredi 8 septembre 2017

Et les gamers alors ?

Si le public rôliste a fini par se faire accepter du fandom, on ne peut en dire autant du public gamer qui lui reste encore mal aimé. Même si les gamers des 80 ou 90 ont fini par trouver le chemin des littératures de l'imaginaire, parce que souvent ils s'intéressaient à d'autre pans de la culture de l'imaginaire : BD, jeux de rôles, cinéma....

Curieusement on trouve un certain nombre d'auteurs de SF ou de fantasy parmi les concepteurs et scénaristes de jeu vidéo ( Alan Campbell ou Erin Hoffman chez les américains, Mathieu Gaborit chez les Français). Et pourtant les gamers sont perçus comme d'éternels adolescents et ils sont toujours mal vus de bon nombre d'acteurs du milieu de l'imaginaire. On me rétorquera que les relations du fandom avec le milieu rôliste ont été difficile en France et que les choses se sont régularisées tard ( au milieu des 90). Mais le jeu de rôle appartenant lui aussi à la culture de l'écrit ou tout du moins à celle de la narration verbale, il avait un énorme point commun avec la littérature et le glissement de l'un à l'autre n'avait sans doute pas besoin de passerelles.

Ce rapport difficile entre ces deux milieux ne prêterait sans doute qu'à sourire s'il n'y avait pas eu les Rabbid Puppies. Beaucoup de gamers ont basculé dans le camp des ultra-conservateurs et de l'extrême droite aussi bien aux USA que chez nous. Parce qu'ils ne se sont pas tournés vers la culture de l'écrit. Parce que bon nombre de gens dans le fandom ne les ont pas considérés comme un vivier de futurs lecteurs et les ont pris de haut. Et les conservateurs en ont profité pour les manipuler et les gaver de "bullshits" idéologiques. De plus aux USA l'éditeur vers lequel se sont tournés ceux qui avaient envie de lire c'est Baen. Editeur spécialisés dans une SF populaire, il a radicalisé ses publications dans les années 2000 en signant beaucoup d'auteurs ultra-conservateurs. Baen est un éditeur qui a fait le choix de continuer à être distribué dans les drugstores et qui a même un partenariat pour vendre dans les foyers de l'armée.  Donc leurs ouvrages étaient faciles à trouver. Et donc ça n'a pas forcément aidé.

Les progressistes ont eu tort de ne pas s'intéresser à ce public. Ils n'ont pas eu l'idée de créer un anti-Baen, un éditeur progressiste qui aurait publié de la SF ou de la fantasy populaire facile à trouver et reflétant leurs idées. S'ils l'avaient fait les gamers auraient eu le choix et auraient trouvé autre chose. Curieusement l'anti-Baen, c'est peut être Solaris Books, éditeur britannique mais distribué également aux USA. Mais dont les ouvrages ne sont pas aussi facile à trouver que Baen. En France personne ne s'est vraiment intéressé à ce segment et les éditeurs qui publient des choses susceptibles de les intéresser ( Rivière Blanche, ou ma propre maison d'édition Pulp Factory) ne sont pas forcément si faciles que ça à trouver (même si je me bat pour ça de mon côté). Au lieu d'exclure les gamers à cause des Rabbid Puppies, on ferait mieux de les considérer comme un public d'intérêt et de leur proposer ce qu'ils ont envie de lire au lieu d'en laisser le monopole à des éditeurs conservateurs pour ne pas dire plus.


jeudi 7 septembre 2017

Les sous genres du space opera

Tous les space opera ne se ressemblent pas. Et j'ai envie de présenter une typologie ce que l'on peut trouver. Vous avez évidemment le droit de ne pas être d'accord.

- Le western spatial, le sous genre pas lequel tout a commencé. On reprend les code du western dans l'espace en remplaçant les cow boys par les astronautes et les indiens par les extraterrestres. Souvent récit de colonisation qui tourne mal. Bref c'est aussi souvent le space opera le plus conservateur au niveau idéologique (mais heureusement pas toujours). Remis au goût du jour par Mike Resnick avec Santiago ou le Faiseur de veuves, a fait aussi les beaux jours du petits écrans avec la série Firefly.
- Le cape et laser : reprend les codes du récit de cape et d'épée dans un cadre spatial. Nous citerons le Traquemort de Simon R Green qui est l'archétype même de ce sous genre.
- Le péplum spatial : les grands empires galactiques, les récits épiques et picaresques conduisant de vaillants héros à travers la galaxie. Les ingrédients sont connus et emblématiques. Star Wars a donné ses lettres de noblesse à ce sous genre. Mais nous citerons aussi un des romans fondateurs du space opera, les Rois des étoiles de Edmond Hamilton.
- Le space opera militaire. Bref toutes les œuvres mettant au premier plan des forces militaires. De la saga Vorkosigan de Lois McMaster Bujold à Honor Harrington de David Weber. À un certain succès depuis le début des années 2000.
- Le space opera picaresque. Des héros voyagent dans l'espace pour accomplir une quête personnel. Jack Vance en a été le représentant le plus emblématique. Mais en France, Laurent Genefort s'y est aussi illustré.
- Le dark space opera. Du space opera sombre, souvent avec des ambiances gothiques ou baroques. Des régimes dystopique, des guerres qui n'en finissent plus et souvent un sens de la démesure. La série de BD Lone Sloane de Philippe Druillet, l'univers de jeu Warhammer 40 000 ou les romans de la série le Neuvième Cercle de Jean Christophe Chaumette sont de bons exemples de ce courant.
- Le thriller spatial. Des space opera qui reprennent les codes du thriller. Souvent dans le cadre du système solaire et souvent avec des voyages en dessous de la vitesse de la lumière. Nous citerons en exemple La cité du gouffre d'Alastair Reynolds, le cycle The Expanse de James S.A Corey ou encore la Grande Route du Nord de Peter f Hamilton ( même si ce dernier est plus proche du planet opera) sont de bons exemples de cette tendance récente.

J'ai essayé de créer des cases qui peuvent faire rentrer le plus d'œuvres possibles. Mais je suppose que ce n'est pas exhaustif. Si j'ai oublié quelque chose les commentaires sont là pour vous.


lundi 4 septembre 2017

Où sont les diplomates ?

Bref la SF et fantasy grouillent de militaires et de guerriers. Mais malheureusement la résolution non violente des conflits n'est pas vraiment à la mode. Même si l'on a vu quelques romans de l'autre côté de l'Atlantique ( notamment ceux de Genevieve Valentine) mettre des diplomates au premier plan. Ça reste des exceptions.
Quelque part c'est dommage. Ce type de personnage mérite de grands romans.

dimanche 3 septembre 2017

La genèse des genres

Au début il eu les livres. Mais ça c'était avant.

Aujourd'hui est apparu la gunpowder fantasy qui met en scène des univers renaissants et temps modernes. Des mondes secondaires allant du 16éme siècle à la période napoléonienne. Mais si l'on remonte le plus loin possible pour trouver les premières apparitions de ce genre ce n'est en littérature qu'il faudra chercher. C'est vers le jeu de rôles (Warhammer), le jeu de figurine ( Warmachine) ou encore les jeux vidéo ( Arcanum) qu'il faut se tourner. L'apparition du courant en littérature est elle très récente. Les auteurs s'approprient les influences des autres média.
L'on pourrait avoir des résultats comparables dans d'autres genres. La fantasy urbaine romantique d'exploitation ( appelé bit lit sur nos rivages) ne serait sans doute rien sans la série Buffy. Et la fantasy urbaine tout court doit sans doute beaucoup au World of Darkness de White Wolf, en tout cas pour sa déclinaison " hardboiled gothique".

jeudi 24 août 2017

Elargir le lectorat

En 2000 sur la liste SF Franco, il était question de l'élargissement du lectorat. Bon nombre d'intervenants considéraient qu'il allait de soi de se tourner vers le lecteur de blanche. J'avais fait jouer ma différence en disant de manière à la fois sincère et provocatrice " il vaut peut être mieux s'adresser aux jeunes de banlieues". Je pense toujours que c'est beaucoup plus intéressant d'élargir le lectorat vers de faibles lecteurs ou des non lecteurs. De conquérir des gens qui parfois connaissent l'imaginaire par d'autres médias et qui n'ont aucune idée de la richesse de son volet littéraire.
J'ai la faiblesse de croire que c'est possible. Si ça avait été fait je pense que l'imaginaire se portrait mieux en France et la société aussi.

S'adresser à un public jeune qui ne demande qu'à trouver un oasis de culture sur sa route pour se cramponner au genre humain, c'est de toute façon quelque chose de positif. L'imaginaire c'est du rêve, le rêve la jeunesse en a besoin plus que jamais.

L'élargissement vers le public de la blanche a été un échec. Et à même contribué à brouiller le message et à détruire des cohérences.

samedi 12 août 2017

Occasions perdues

À la fin des années 70 dans le monde anglo-saxon, les éditeurs de jeu de rôle vont se rapprocher du milieu de l'imaginaire. Ils vont avoir des stands dans les conventions de SF. Les conventions de jeux de rôle, elles vont inviter des auteurs locaux ou des small press du coin.
En France rien de tel. Le fandom se méfie des milieux rôlistes. Si bien que c'est le fandom rôliste qui va être à l'origine du renouveau des littératures de l'imaginaire dans les années 90. Et c'est lui qui va se rapprocher du fandom SFFF bien content de voir arriver un renfort dont il a bien besoin. Tout d'abord certains auteurs, notamment Pierre Bordage, ont bénéficié d'un excellent bouche à oreille dans ce milieu, d'autres part on voit arriver des éditeurs comme Mnémos ou Nestiveqnen qui sont des émanations de ces milieux et qui ont permis à la deuxième génération d'écrivain rôliste d'arriver jusqu'à la publication.
Parce que la première génération d'écrivains rôlistes, ceux qui écrivaient des nouvelles dans Dragon Radieux ou qui s'exprimaient dans un magazine de JDR comme Graal où les scénarios et les aides de jeux étaient présentées de manière très littéraire, n'ont pas eu cette chance. Fleuve Noir n'a pas été capable de créer une collection de fantasy en parallèle d'Anticipation qui aurait pu les publier. Quant aux autres grands éditeurs, entre ceux qui pensaient que les auteurs français n'étaient pas rentables et ceux qui voulaient se rapprocher de la blanche, l'on sent bien que l'air du temps des années 80 ne leur était pas favorable.
Mais Ils n'ont pas été les seuls à subir cet ostracisme. En me documentant sur la convention de Limoges de 77, j'ai découvert l'existence d'un fanzine limougeaud nommé Sables Mouvants et d'un autre sur Brive dont j'ai oublié le nom. D'après l'article les concernant j'ai découvert qu'ils essayaient de se rapprocher de Metal Hurlant. Or une grand partie du fandom regarde Metal Hurlant d'un assez mauvais œil. Certains lui reproche une certaine violence, d'autres de ne pas être exclusivement politique (même si Metal est assez engagé à gauche). Le rapprochement ne se fait pas, ou pas autant qu'il l'aurait dû.
C'est comme le rapprochement avec le rock'n roll. Des auteurs comme Roland C Wagner ou Jean Marc Ligny semblent les seuls à avoir eu à l'époque des accointances solides avec les milieux du post punk de l'époque. Là aussi il y a eu un rendez vous manqué.
Et l'on ne parle même pas de la génération sacrifiée, celle des Eric Sanvoisin, des Jean Luc Triolo et autres auteurs prometteurs qui n'ont pas dépassé le stade de la nouvelle parce que la SF n'était pas à la mode. Parce que le fandom faisait un complexe d'infériorité par rapport à la blanche.
Aujourd'hui les choses ont changé. Le dialogue existe avec certains fandoms connexes. Les conventions geeks invitent régulièrement des auteurs et des éditeurs. Mais on répugne tout de même à se rapprocher de certains milieux comme les gamers. Que l'on se souvienne que c'est à cause de cela que les Rabid Puppies ont pu monter leur coup de force de l'autre côté de l'Atlantique.

mercredi 12 juillet 2017

Dîtes le avec des mots

Ben oui, les littératures de l'imaginaire c'est aussi un jargon avec une multitudes de sous genres, de thèmes, d'objets. Et le genre a son vocabulaire. Et c'est pour ça qu'il est difficile de s'y retrouver pour le néophyte.
Trop de choses, trop de mots inconnus et une difficulté à tracer son chemin. Pour s'investir dans l'imaginaire il faut avoir les codes et pour avoir les codes il faut prendre le temps de les découvrir. C'est peut être pour ça que c'est bien de découvrir la SF ou la fantasy à l'adolescence parce que l'on a du temps à y consacrer. Du temps et aussi un effort.
Pour s'orienter dans la jungle des sous genres, il faut faire preuve de volonté. Et c'est peut être là qu'est la raison du rejet. À cause de ces codes le genre est perçu trop difficile par des gens qui ne veulent pas s'y investir à fond. Alors que beaucoup ont les moyens intellectuels pour les appréhender.
Or découvrir ces codes, ça peut être aussi passionnant. C'est aussi à nous autres fans de dédramatiser un peu cette approche vis à vis de ceux qui font l'effort de venir vers nous, de faire œuvre de vulgarisation.
Les littératures de l'imaginaire c'est un peu comme le rock'n roll. Là aussi il y a une multitude de genre, de mots pour les désigner, de vocabulaire qui permet de comprendre et de cerner ce à quoi l'on a à faire. Et personne ne vient dire que c'est trop difficile. Parce que c'est de la musique et que l'approche peut être ludique sans doute. Pourquoi il n'en serait pas de même de la culture de l'imaginaire ? D'autant que beaucoup à l'instar de Monsieur Jourdain, ne connaissent pas les mots, mais ont une approche des codes qui sont derrière grâce au cinéma ou aux jeux vidéos. Quand je dis que le dialogue entre média est une des solutions.

jeudi 6 juillet 2017

L'imaginaire et le Goncourt

Un groupe d'éditeurs ont décidé d'envoyer leurs titres au jury du Goncourt pour sortir l'imaginaire du ghetto.
Je trouve cette démarche contre productive. Je pense qu'aujourd'hui nous devons reconquérir le lectorat prolétariens que l'on a délaissé (en grande partie parce que l'on a privilégié le grand format). Tout rapprochement avec le modèle culturel des héritiers est contre productif. Tous les rapprochements avec la blanche que l'on a tenté dans les années 2000 ne nous ont pas permis de sortir du ghetto.
Je pense que ces stratégies sont des raisonnements à l'envers. Nous devons devenir l'une des forces montantes de la littératures. Nous devrions avoir des ventes qui se rapprochent du polar, ce n'est pas le cas. Les thuriféraires de la blanche nous considèrent comme de la mauvaise littérature. Donc un certain nombre de gens veulent montrer que nous valons autant que la blanche. Ça part peut être d'un bon sentiment, mais ça ne fonctionne pas. Parce qu'en France la culture est un champ de bataille.
Il y a d'un côté le modèle des héritiers et en face la culture populaire. Notre rôle est de combattre le modèle des héritiers, celui de la domination, celui de la bourgeoisie financière. Parce que certains sont naïfs et confondent littérature blanche et littérature générale. La littérature générale a aussi ses auteurs populaires ( et ils ne sont pas en lice pour le Goncourt et s'en foutent complètement). La blanche c'est uniquement la littérature psycho dramatique post proustienne. Celle qui a fini par donner naissance au Nouveau Roman et l'auto-fiction.
Il faut assainir la république des lettres et les prix littéraires dont le Goncourt ont fini par être des symptômes du mal. On oblige les libraires à faire de la place pour libérer leurs rayonnages pour accueillir les Goncourables. Donc ce n'est pas allant hurler avec les loups qu'on va avancer.
Le thriller marche très bien en France. Et les auteurs n'ont pas eu besoin de caution intellectuelle. La bande dessinée non plus. Il faut au contraire assumer totalement notre identité. Sortir du ghetto ? Non, bien mieux enfermer les autres dans leur propre ghetto. Oser se montrer. Oser créer une communauté. Dialoguer avec les fandoms connexes et avec les autres médias. Arrêter de prendre de haut les gamers ou les rôlistes et s'appuyer sur eux et d'autres micro-communautés pour avancer. Se montrer dans les territoire ruraux ou dans les banlieues. Reconquérir la jeunesse et le public prolétarien. Il y a des tas de chantiers à mener.
Il faut se poser les vraies questions : les zones blanches, la déperdition des 25 ans. Au lieu de se rapprocher de la blanche faisons lui la guerre. Parce que les milieux culturels officiels eux ont déterré la hache de guerre contre nous. La presse nous ignore sauf quand le temps d'une tribune un journaliste ou un pseudo intellectuel décide de se foutre de notre gueule. Certains libraires ou bibliothécaires pensent que nous sommes des dégénérés ou des adolescents attardés.
Mais un adolescent attardé c'est un idéaliste, une force de proposition, un humain capable de créativité et d'invention. Donc c'est quelque part positif face à l'immobilisme et au conservatisme. Nous sommes en guerre. En guerre contre un modèle culturel, celui de la bourgeoisie d'affaires et du monde financier. Nous sommes la résistance culturelle. Notre but que l'imaginaire arrive au niveau des ventes du polar. Pour ça nous devons être une littérature populaire et cela passe par la reconquête du public prolétarien.

samedi 1 juillet 2017

Nouveau Monde n°11

Ce nouveau numéro de Nouveau Monde propose des textes très inégaux. Certains vite lus, vites oubliés (Thierry Fernandez ou Stéphanie Cordier) mais également des grands moments de lecture. Et au sommaire un auteur se taille la part du lion : Dominique Chapron. Fortement influencé par Jean Pierre Andrevon ( depuis quelques temps l'influence andrevonienne n'en plus de faire émerger de bons auteurs). Aussi à l'aise dans le fantastique moderne, la SF ou la fantasy. Un auteur prometteur dont à coup sûr on reparlera ( je crois qu'il est aussi au sommaire d'une des anthologies de Yann Quero chez Arkuiris).
On retrouve Donald Ghautier, un habitué du zine, qui nous donne trois textes. Si son incursion dans le fantastique est anecdotique, il nous livre deux petits bijoux de hard science très abordables. Cet auteur est véritablement l'équivalent francophone d'un Stephen Baxter.
Le texte d'ouverture signé Mélusine Chouraki nous présente un univers bien inspirant mais malheureusement il est plombé par une chute qui semble montrer que l'autoresse ne savait pas vraiment où elle allait. Ce texte est à la fois une promesse, celle d'une excellente plume capable du meilleur, mais aussi une déception.
Laurent Pendarias nous livre un texte aux accents bien modernes, qui nous montre de manière métaphorique les deux faces de la mondialisation qui n'est que ce qu'en font les êtres humains.
Catherine Loiseau rend hommage à la Compagnie Noire avec sa Compagnie du Lion Blanc.
Eloïse de Valsombre nous livre un texte sur les ravages de la cupidité avec en prime un monde de fantasy que nous avons fortement envie de revoir.
Auriane Sonfils et Anne Goulard chacune à leur manière nous livrent des textes assez décalés.
L'autre révélation du webzine c'est Axel Bernard qui lui nous entraîne dans un train qui parcours le Sahara d'une Afrique Steampunk. C'est beau, c'est à la fois onirique et réaliste.
Les autres textes sont plus anecdotiques à mon goût, la plupart reposant sur une chute que l'on sent venir bien avant la fin.
Un numéro qui s'il n'est pas le meilleur du webzine fait passer un bon moment.

samedi 17 juin 2017

Fantasy art and studies n°2

Le deuxième numéro de cette web revue bilingue est consacrée à la fantasy urbaine. Et elle essaie de sortir des sentiers battues. Lectrice de bit lit passe ton chemin. FAAS a choisi un autre chemin. Le courant hardboiled gothique très populaire d'ailleurs est oublié.
La revue a privilégié le courant le plus littéraire du genre. Et il y a des réussites.
Le goût du bitume de Jason Martin est véritablement l'une d'entre elles. On y retrouve une ambiance assez proche du dernier Magicien de Megan Lindohlm mais réécrit par Serge Brussolo. Un univers original et riche que l'on a envie de retrouver dans d'autres textes.
Dogmes invisibles d'Ange Beuque nous parle du destin des dieux quand plus personne ne croit en eux. L'univers est à peine esquissé mais là aussi l'on a envie d'en savoir plus.
Réfugiés de Sorane Bégaro nous renvoie à une actualité brûlante en traitant l'arrivée de réfugiés d'un royaume magique dans notre monde. Le récit est malheureusement trop proche du réel pour être véritablement savouré.
Weggen avait été une des révélations du premier numéro et il revient avec un texte, Soliloquies pour la ville insomnie, très différent de sa première contribution. Si le texte du numéro précédent était plutôt pulp, celui ci est beaucoup plus littéraire. On y parle de la manière dont les réfugiés d'Atlantis, hommes lézard, anges ou ondins, s'adaptent à la ville de Hong Kong. Un texte plus intéressant que celui de Sorane Bégaro sur le même thème. Un grand moment de poésie et de mélancolie aussi. Un auteur à la prose original qui avec qui il va falloir compter.
Hic Sunt Dracones de Lilas nous présente le quotidien d'un changelin à San Francisco et est axée sur le réenchantement du monde. À noter que c'est la seule nouvelle en anglais de la revue.
On ne bouge plus de Marie Démosthène est une nouvelle plutôt humoristique avec une satire plutôt bien vue de la bureaucratie et de ses excès dans un monde de fantasy. Avec une chute totalement inattendue. Un univers peint en petites touches qui donne envie de l'explorer plus avant.

lundi 29 mai 2017

Le monopole du pulp (suite)

Les Puppies sont un vrai révélateur des tendances profondes. Et il était clair que les progressistes n'allait pas laisser aux seuls Puppies le monopole d'une SF et une fantasy pulpy. Les Puppies ont certes dégainé les premiers l'an dernier avec Cirsova Magazine, notamment. Mais il faut bien dire que l'éditeur du magazine était désappointé par les choix de son propre camp et qu'il a publié des auteurs bien au delà de la sphère conservatrice.
Les progressistes ont répliqué. Et l'on a vu arriver Skelos Magazine et plus récemment Laser and Broadsword et aussi Storyhack. Et le tout en format papier. Si la tendance pulpy avait été délaissé dans les années 90 amenant notamment John O'neil à créer Black Gate pour occuper le terrain en ce qui concerne la fantasy, les années 2010 ne commettent pas la même erreur.
Maintenant il faudrait qu'au niveau du roman il y ait la création d'un véritable éditeur progressiste qui publie de la SF populaire aux antipodes de la production de Baen pour que les choses soient vraiment intéressante.

mardi 23 mai 2017

La mythologie européenne médiévale

Aujourd'hui la fantasy est dominée par une mythologie anglo-saxonne théorisée par Tolkien même si depuis une vingtaine d'années de plus en plus d'auteurs sortent de ces schémas.
On ne compte plus les romans où l'on trouve des Elfes, des Nains, des Orcs, des Trolls, des Gobelins... Des créatures toutes issues des mythes nordiques ou celtiques. Mais où sont donc les êtres des mythes médiévaux ?
Les cynocéphales, les panotéens, les blemmyes, les sciapodes et autres êtres popularisés par le bestiaire médiéval n'ont pas eu la chances de leurs cousins nordiques ou celtiques. Pourtant vu la richesse de ce bestiaire utilisé aussi bien dans les chansons de geste, romans ou livres de merveilles du moyen âge que plus tard jusqu'au 17éme siècle on pourrait penser qu'il y a là un terreau pour les auteurs de fantasy et paradoxalement les auteurs de fantasy européens continentaux.

vendredi 19 mai 2017

Les espoirs de l'imaginaire : Fabrice Pittet

1. Peux tu te présenter en quelques mots ?
Né dans un joli coin de la Suisse durant l’été 1977, j’ai empoché il y a quelques années mon diplôme universitaire de biologie. Après un passage dans le privé, je suis dorénavant enseignant en sciences naturelles et en maths dans des classes en fin de scolarité obligatoire. Côté famille, j’ai la chance d’avoir la meilleure des compagnes ainsi qu’un petit diablotin de 5 ans. Depuis toujours, je subis avec joie la passion dévorante de l’imaginaire. Une passion que je vis surtout à travers le cinéma et la littérature, et dans une moindre mesure à travers les jeux vidéo. Je suis également atteint de collectionnite aigue, ce qui m’oblige à rassembler statues et figurines de mes héros et monstres préférés… Tout un programme…

2. Comment es tu venu à l'écriture ?
Après des années de consommation, après des milliers de films, de jeux, de comics, de livres et de nouvelles, j’ai eu envie de créer. Je me suis essayé au dessin, mais je n’ai pas rencontré de satisfaction concluante dans cet exercice. Le papier, le crayon et ma désastreuse gestion des perspectives me limitaient. Beaucoup trop pour que je m’émancipe. Enfin, après quelques années d’approche où j’écrivais de petits trucs juste pour moi, je me suis lancé dans la rédaction d’une saga en 4 tomes. L’écriture me permettait de raconter mes histoires, celles qui prenaient vie dans ma tête, sans autre limite que ma faculté à agencer les mots sur le papier.
Il m’a fallu 8 ans pour mettre un point final à ce cycle de fantasy. J’y ai tout mis. Je me suis planté mille fois. J’ai déchiré des pages, recommencé, modifié des passages, encore et encore. Je me suis formé sur mon clavier, tout seul dans mon coin. Selon moi, il n’y a pas mieux pour obtenir quelque chose de plus ou moins concluant : écrire, écrire et écrire. Ah, et sans oublier un peu de lecture en parallèle. Ça aide !

3 - Tu as publié une novella de fantasy intitulé Par delà les Ondes chez Fantasy RCL. Peux tu nous la présenter ? Comment t’es venu l’idée de créer une espèce d’humanoïdes amphibie ?
Cette novella est un peu particulière puisqu’elle s’inscrit dans la continuité de mon cycle dont je parle plus haut, et qui met à l’honneur les Bélénides. Les bélénides ? Un peuple amphibie, capable d’évoluer sous l’eau pour y bâtir des cités ou y vivre plein d’aventures, capable aussi d’arpenter la terre ferme. Toutefois, certains d’entre eux sont déficients. Entendez par là qu’ils sont dénués de poumons et que, par voie de conséquence, ils n’ont plus la possibilité d’aller voir ce qui se passe au-delà de la surface de l’océan. C’est le cas du personnage principal de « Par-delà les Ondes ». Il souffre de son handicap à proprement parler mais également du regard des autres, spécialement ceux de son père et de la fille qu’il aime. Mais, alors que le destin s’acharne sur lui, alors qu’il encaisse les coups durs jour après jour, Elpheen ne reste pas inactif. Il compte bien chambouler l’ordre établi, briser l’échine de l’inéluctable. En secret, il travaille sur l’œuvre de sa vie, celle qui le mettra sur un même pied d’égalité avec ses congénères. Je voulais, dans la mesure du possible, me plonger dans la psyché d’un être diminué physiquement, dont la volonté lui permettra de tenir, sans jamais (ou presque) baisser les bras. C’est la deuxième histoire que j’ai publiée chez Fantasy Editions, et elle est parue en numérique et dans mon recueil papier intitulé les Chroniques Ecarlates, entre Chien et Loup.
Comment ai-je eu l’idée de développer une race amphibie ? Je crois que c’est avant tout car j’adore le monde aquatique. Il recèle des mystères insondables. Il est beau, coloré, parfois sombre et carrément ténébreux. Il est également est propice à l’imagination. En créant une race capable d’évoluer dans les deux milieux, j’ai ouvert l’horizon de mes histoires à tous les possibles. Enfin, les bélénides sont un peu mes elfes à moi, je crois…

4 - Tu as également publié une novella de dark fantasy chez le même éditeur, « gloire écarlate ». Peux tu nous la présenter ?
Cette histoire m’est chère, puisque c’est un peu grâce à elle que tout a commencé d’un point de vue éditorial. Il y a trois ans, j’ai tenté de répondre à un appel à textes athématique. Je me suis dit qu’une nouvelle serait une bonne chose, un genre de bouffée d’air frais, vu que je dépensais mon temps à travailler sur des romans. J’ai donc passé deux mois sur une histoire de quarante pages, où nous suivons les péripéties de Bastan, un jeune chasseur en quête d’idéal. Ses pas le conduiront à Radash, un royaume dont l’économie repose sur le mercenariat. C’est ici qu’il suivra une formation inhumaine aux côtés d’autres recrues, attendant le jour glorieux de leur premier combat. Malheureusement, la maison d’édition à laquelle cette histoire était destinée ne m’a jamais donné de réponse. A ma connaissance, elle n’en a donné à personne d’ailleurs, et je n’ai plus jamais entendu parler d’elle. Ainsi, je me suis orienté vers Fantasy Editions. Après quelques discussions et retouches, j’ai eu droit à une publication.
Quelques mois plus tard, j’ai décidé d’écrire un recueil de romans courts. J’avais déjà « la Gloire Ecarlates » en stock ainsi que « Par-delà les Ondes ». Mon idée était d’inscrire chacune de ces histoires dans le même univers, à savoir celui que j’avais développé pour ma grande saga de fantasy. Chacun des récits apporte son lot d’éléments, son lot de nouveautés en termes de personnages, de lieux, de créatures et de peuples. C’était pour moi l’occasion de retourner dans un monde inventé de A à Z par mes soins. De plus, cette cohésion entre mes différentes histoires me plaisait beaucoup. J’en ai profité pour renforcer les liens entre elles. Par conséquent, on peut donc rencontrer un personnage dans l’un des récits et le retrouver dans un autre, à une autre période de sa vie. Parfois, c’est une ville, un lieu ou un monstre qui revient… J’ai semé plusieurs de ces petits « easter eggs » dans chacune de mes histoires, et c’est au lecteur de les découvrir.
Les Chroniques Ecarlates, entre Chien et Loup, regroupe donc 6 textes différents sur plus de 400 pages, ce qui en fait plus des novellas que des nouvelles au sens propre (même si les limites entre les différents formats sont souvent floues, voire opaques suivant les éditeurs… et les lecteurs !). Outre « la Gloire Ecarlate » et « Par-delà les Ondes », on suit les aventures d’un guerrier en fuite, poursuivi par son passé, dans « Dans son Ombre ». On accompagne une troupe de brigands dans « les Corbeaux de Mereng » et un vieillard alcoolique en pleine rédemption dans « Vous Mourrez Tous ». Enfin, on vit cinq jours aux côtés d’une poignée de soldats rescapés, vestiges d’une armée massacrée, qui se regroupent dans le « Dernier Bastion ». Face à eux, des vagues successives d’ennemis tentent de les déloger de leur place forte de fortune. D’ailleurs, cet ultime roman court a été sélectionné et a remporté le Prix du Récit Fantasy 2017. Il sera présent dans un recueil aux côtés des cinq autres textes qui étaient en lice.

5. Quels sont tes autres projets littéraires ?
Pour le moment, je travaille sur un nouveau recueil de romans courts, toujours dans le même univers. J’ai trois ou quatre idées qui doivent encore germer dans les tréfonds de mon ordinateur mais j’aimerais terminer tout ça à la fin de l’année. En parallèle, je travaille sur différents appels à textes. L’une de mes nouvelles a d’ailleurs été acceptée chez Etherval, pour le prochain numéro de leur revue, sur le thème des parasites/symbiotes. Une équipe au top, et je recommande à tous ceux qui nous lisent de se jeter sur leurs recueils.
J’ai également semé quelques-unes de mes créations à gauche et à droite, et j’attends des retours à ce propos.
Après ça, je vais sans doute me replonger dans un roman que j’ai mis de côté ces derniers mois. J’ai beaucoup de travail sur celui-ci. Je vais aussi m’atteler à ma saga initiatrice. Lui trouver peut-être un éditeur, mais rien n’est certain.
J’ai donc de nombreux projets et j’aimerais que les journées s’allongent. Ça m’arrangerait !


vendredi 12 mai 2017

Le Cinquième Elément ou l'histoire d'un échec

Le Cinquième Elément de Luc Besson est une occasion manquée d'avoir fait rentrer la science fiction dans la pop culture française. Sur le papier la démarche de Besson ne diffère de celle d'un Lucas.
Le réalisateur américain s'était inspiré de Flash Gordon mais aussi des œuvres de Edmond Hamilton, Leigh Brackett, C.L Moore et à des auteurs de space opera populaire plus moderne. Il avait aussi incorporé des éléments pris aux comics et à l'illustration SF. Bref il avait fait la synthèse de la SF populaire de son temps pour donner une belle œuvre de science fantasy.
Besson ne s'y prend pas autrement mais quelque part il en a trop fait et n'a pu su faire la sélection dans les éléments à compiler. Si Lucas nous avait fait échapper à l'effet catalogue, on tombe en plein dedans chez Besson. Dans la même œuvre on a les anciens astronautes de Jimmy Guieu, les mégalopole surpeuplé de Max André Rayjean, le héros badass et généreux qui semble tout droit sorti d'une œuvre de Maurice Limat ou de Pierre Barbet, l'humour de Richard Bessière, le mysticisme de Gabriel Jan mais aussi un prêtre nommé Cornélius qui fait écho au Jerry Cornélius de Moorcock ou encore un mal qui nourrit le mal qui intervient cycliquement qui fait penser à la Plaie de Nathalie Henneberg. Bref c'est un peu l'indigestion référentielle. Et je parle même pas des clins d'œil à la BD.
Mais à coté de ça les idées spéculatives ou imaginaires propres à l'univers semblent être bien effacée. Les héros se perdent dans un quartier brumeux, et Besson nous case une ellipse. On va se balader sur une planète étrangère mais on en voit rien et l'on reste cloîtré dans un vaisseau pendant tout le film.
Bref c'est à la fois un plat trop copieux et sans saveur. Comme quoi les références seules ne font pas une œuvres.

mercredi 3 mai 2017

Les espoirs de l'imaginaire : Elodie Serrano

1 - Peux tu te présenter en quelques mots ?
Elodie Serrano, 28 ans, lyonnaise d’adoption depuis quelques années après avoir grandi dans le sud-ouest. Future ex-vétérinaire et noctambule assumée. J’écris des nouvelles depuis mes 15 ans, même si je ne m’y suis mise sérieusement que depuis 3-4 ans. Des romans, aussi, selon les idées, avec tout de même un amour certain pour le space opéra. Comment résister à l’aventure ?

2 - Comment es tu venue à l’écriture ?
Difficile à dire, je n’ai pas de souvenir d’une époque où je n’aurais pas écrit. J’ai toujours adoré les rédactions à l’école et j’ai un cahier rempli de début d’épopées qui ont commencé à me titiller après ma découverte de la SFFF avec « Le seigneur des anneaux », à 12 ans. Puis, j’ai découvert le forum de Mille Saisons, les communautés d’auteurs en ligne et les fanzines. Je me suis dit que les nouvelles, de part leur format court, seraient un bon moyen de lutter contre mon incapacité à finir quoi que ce soit. Mon premier texte n’a pas été retenu, mais il garde une petite place dans mon cœur. Je me dis parfois qu’il faudrait que je ré-exploite l’idée, un jour. Bref, après, j’ai un peu lâché l’affaire avec la prépa et les études, avant de reprendre de façon intense grâce à une autre communauté, Cocyclis. Depuis, je m’accroche.

3 - Peux tu nous parler de ton roman « les baleines célestes » qui paraîtra en 2018 chez Plume Blanche ?
Il s’agit d’un space opéra, à base de baleines de l’espace, créatures légèrement destructrices, et de pauvres humains lancés à la poursuite de l’une d’entre elles. J’ai essayé d’instiller un certain « sens of wonder » dans cette histoire, tout en emportant mes lecteurs dans cet aventure avec légèreté. Et même quelques touches d’humour. J’espère que ce roman donnera le sourire.

4 - Tu es vétérinaire dans le civil. Est ce que tu aimes raconter des histoires avec des bestioles bizarres et biologiquement plausibles ?
C’est un espace complexe, le plausible, je trouve. Je cherche avant tout à me faire plaisir à imaginer des choses sympas. Après, oui, j’essaie de donner un atour cohérent au tout. Par exemple, dans « Les baleines célestes », j’ai effectivement passé beaucoup de temps à réfléchir aux points clefs du fonctionnement de l’animal : comment elle communique, mange, croît, se reproduit. Toutes fonctions essentielles du vivant. C’est d’ailleurs un peu frustrant, quand on réfléchit à tout et qu’on doit éliminer pleins de détails pour ne pas noyer le lecteur d’informations inutiles.
Après, mes connaissances sur le monde animal m’amènent surtout à être un peu casse-pied sur les espèces réelles, je pense. Comme le loup, sur lequel j’ai fait ma thèse.

5 - Peux tu nous présenter tes autres projets littéraires ?
J’ai préparé l’été dernier un recueil de nouvelles fantastiques qui devrait sortir en fin d’année chez Malpertuis. J’ai aussi quelques nouvelles individuelles à paraitre chez Brins d’Eternité, Gandahar et dans la prochaine édition de l’anthologie annuelle de Malpertuis.
Sinon, j’ai toujours plein de choses à différents stade de travail sur la planche. Un space op en cours de premier jet, un autre en corrections et un roman jeunesse sur les loups auquel je tiens beaucoup et qui s’apprête à tenter sa chance chez les éditeurs. Il faut bien rester occupé. 

dimanche 23 avril 2017

Les espoirs de l'imaginaire : Sylvain Lamur

1- Peux tu te présenter en quelques mots ?
Bonjour, Sylvain Lamur, auteur toulousain de 37 ans. Je publie des nouvelles de fantastique et de SF depuis 2012, dans des anthologies, des revues, etc... et j'ai un premier roman qui est paru en mars dernier, chez Rivière Blanche.
2- Comment es tu venu à l’écriture ?
J'y suis venu très tôt ; d'abord pour jouer, tout simplement. Aujourd'hui encore je garde en ligne de mire cet aspect de plaisir pris à tordre la réalité dans tous les sens, à l'essorer et et la déformer autant que l'on veut. Chronologiquement, je dirais que j'ai commencé vers les 10 ans, avec des petites histoires de rien du tout, illisibles et jamais terminées ; et puis, c'est toujours resté là , comme une priorité à laquelle on ne cède pas parce qu'il faut bien que la vie se fasse, que l'assiette se remplisse. Jusqu'au jour où j'ai décidé de m'y mettre sérieusement : que ce soit écrire ou soumettre mes textes. J'avais trouvé un travail entre temps, que je pratique toujours. Ça aide, quand on veut prendre le temps de construire une vraie démarche - en tout cas, ça m'a aidé, moi, et je crois que j'aurais été incapable de le faire sans ça. Il y a aussi eu une maturation indispensable, je crois.
3 - Peux tu nous parler de Quaillou, ton premier roman paru chez Rivière Blanche ?
Il s'agit d'un Space Opera, un genre qui revient en force et que je suis assez fier de représenter, à mon humble niveau. Je l'ai écrit sans trop réfléchir, en essayant d'y mettre un rythme intense grâce à des chapitres très courts et en le bourrant de péripéties burlesques, invraisemblables ou plus dramatiques. On y trouve, en vrac, un drôle d'astéroïde, un séducteur à la manque, des trous cachés dans les replis de l'espace, des nymphes tentatrices ô combien dévouées et efficaces, une prison où on est heureux, une paire de robots au service d'une inspectrice de police chauve, un porte-monnaie inépuisable et le Sage du fin-fond de l'espace, qui connaît la réponse à TOUTES les questions. Ma perspective est d'arriver à construire des histoires où la narration ne nous prive pas de recul poétique ou de réflexions diverses sur l'ordre des choses, la psychologie des uns ou des autres, les priorités de l'univers... J'espère y être arrivé, mais ce sera au public de me le dire.
4 - Tu as écrit plusieurs novellas steampunk chez House Made of Dawn. Est ce que tu comptes revenir à ce genre ?
Absolument ! Je suis un gros gros fan de Powers, Blaylock et Jeter, qui ont inventé le genre et sont pour moi des auteurs source ; j'ai, depuis, pas mal lu dans le genre, avec de bonnes trouvailles (Pevel, Gibson/Sterling, Paul Di Filippo...) et d'autres déceptions (non, je ne citerai personne) ; j'ai aussi beaucoup découvert des productions effectives des genres de l'imaginaire au 19ème siècle, le Merveilleux scientifique que l'on redécouvre depuis quelques années. Un recueil de nouvelles, qui contiendra entre autre Une Horlogerie Complexe, déjà parue l'année dernière dans Etherval, et Ngurummpii, une petite nouvelle sur un petit aborigène confronté aux conséquences de l'installation des Blancs dans son pays au XIXème siècle et qui est présente dans le recueil Gentlemen Mécaniques, aux éditions de l'Instant, a été retenu pour publication et est  en attente... pour l'instant. Ensuite, les deux novellas publiées chez House Made of Dawn, Le Sens de la vie et De Monstrorum natura, ont été développées en un roman, dont l'une des ambitions est de rendre hommage à la littérature du 19ème. J'ai encore pas mal de travail dessus, et ensuite je me lancerai dans la recherche d'un éditeur. Il y aura encore d'autres projets, lointains ; l'un d'entre eux portera sur un personnage qui me fascine, un explorateur toulousain dont la mort reste non élucidée et entourée de nombreux mystères. Mais c'est encore lointain.
5- Quels sont tes principaux projets littéraires ?
Quaillou, qui marche assez bien, va connaître une suite, à paraître toujours chez Rivière Blanche en 2018 ; il y aura peut-être même une trilogie, au final, composée de trois histoires qui pourront se lire à la fois indépendamment et être reliées les unes aux autres. Ensuite, j'ai en préparation une autre anthologie pour les éditions Arkuiris, sur un thème un peu complexe, Tisseurs de mondes. J'aimerais en préparer d'autres, mais je verrai ce que celle-ci donne, déjà.

vendredi 21 avril 2017

Les espoirs de l'imaginaire : Tiphaine Levillain

1- Peux tu te présenter en quelques mots ?
Je m’appelle Tiphaine et je vis actuellement en pleine campagne bretonne, dans une yourte, avec mon Lutin, mes chiens et mon chat. Depuis quelques mois, mon bureau se trouve dans une caravane : la vraie vie de bohème ! Cela reflète assez bien la vie que je mène, entre organisation de chasses au trésor, de jeu de rôle grandeur nature, de jeux de piste et la création de spectacles mettant en scène des créatures imaginaires… À l’aube de ma trentième année, on peut dire que j’ai assez bien réussi à réaliser mon rêve de petite fille : je vis dans des mondes imaginaires à longueur de temps !

2 - Comment es tu arrivé à l’écriture ?
J’ai toujours aimé les histoires. Petites, je lisais et relisais les recueils de contes et légendes qu’on avait à la maison. Puis j’ai voulu raconter la mienne, pour la première fois en sixième. Il s’agissait des aventures d’une petite fille en Brocéliande, qui rencontrait dragons, elfes, lutins, fées… Mon univers n’a pas vraiment changé depuis ! J’ai naturellement continué au fil des années, et puis un jour, j’ai voulu tenter le coup plus sérieusement et j’ai participé à mes premiers appels à textes, en 2013. Depuis, j’ai des phases d’écriture intense et des phases où rien ne sort de personnel (pour le travail c’est autre chose…), mais ça ne m’a jamais vraiment quitté en tout cas, ce besoin de raconter des choses aux autres.


3 - Tu viens du théâtre de rue. Est ce que tu connais d’autres auteurs de l’imaginaire qui sont originaire de ce milieu ? Penses tu que l’on soit susceptible d’y trouver un vivier d’auteurs comme le le jdr l’a été dans les années 90 ?
J’ai creusé dans ma mémoire, je crois en connaître un ou deux, mais finalement, je ne fréquente que trop peu ce milieu (ma compagnie fait de belles dates, mais très peu !). C’est sans doute possible d’y trouver plusieurs auteurs potentiels, mais du coup je n’ai pas de recul. Par contre, je peux témoigner que le monde du jeu de rôle et du grandeur nature est toujours aussi vivace et prolifique et qu’à mon avis, on peut toujours y trouver pas mal d’auteurs !

4 - Dans « éradication » et « déclaration de guerre » tu mêle SF et fantasy. Dans « Saint City » tu mélanges zombies et western. Qu’est ce qui t’attire dans le mélange des genres ?
C’est la liberté sans doute. Je n’aime pas les cases ! J’ai des nouvelles qui s’en tiennent à un genre, ça arrive aussi, mais si je dois partir ailleurs et mélanger deux ou trois genres, je ne m’embarrasse pas de questions, je le fais. Il est plus facile pour moi de mélanger SF et Fantasy, mais je m’étais bien amusée à faire mon zombie/western aussi ! Je n’aime pas les limites, je n’arrive pas à m’y tenir. Et puis j’aime l’idée que même dans dix siècles, la magie et les légendes côtoieront toujours la technologie… Alors pourquoi pas dans mes histoires aussi !

5 - Dans ta nouvelle « Lobre » tu semble très à l’aise avec l’histoire et la géographie de ton monde. Cette nouvelle s’inscrit - elle dans un ensemble plus vaste que tu vas décliner dans d’autres textes ?
Lobre était clairement un one-shot, je n’ai rien d’autres de prévu pour cet univers, encore que, ma foi, cette nouvelle pourrait prendre place dans un de mes univers Fantasy sur lequel je travaille de façon inégale depuis quelques années. Dans tous les cas, j’aime savoir ce que je raconte, j’ai besoin que les choses s’articulent de façon logique, ça m’aide à écrire. Du coup, en l’occurrence, j’avais besoin de savoir d’où venait mes deux fuyards, pourquoi, et où ils essayaient de se rendre. Sans ça, je n’aurais pas réussi à trouver un intérêt à l’histoire. Je travaille presque toujours comme ça quand je réfléchis à un nouveau projet. C’est même parfois sacrément contraignant…

6 - Peux tu nous présenter tes principaux projets littéraires ?
C’est assez chaotique ! Le principal projet n’est pas seulement littéraire, même s’il comprend une grosse part d’écriture : c’est l’organisation d’une grosse chronique de Grandeur nature sur 10 ans, dans un univers entièrement créé (et là, quand je dis que c’est contraignant que tout s’articule de façon logique… c’est un euphémisme). Ce projet est en partie littéraire, parce qu’il comprend l’écriture des histoires des quelques centaines de personnages, des peuples, des contes et légendes, mais aussi de nouvelles… Et bientôt, on annoncera officiellement qu’on rédigera un roman par an, racontant ce qui se passe dans cet univers, ailleurs. Par exemple, nous avons tout lancé en février 2016. Je m’attèle depuis peu à l’écriture d’un roman racontant ce qui s’est déroulé pendant l’année écoulée, ailleurs, en prenant en compte les actions des joueurs. On fera ça chaque année. Du coup, impossible de trop prévoir à l’avance, mais c’est un peu la beauté du projet !

Sinon, je me suis remise depuis peu à une aventure de Pavel Erkum (mon détective lutin), parce que je me suis rendue compte que les projets vraiment personnels manquaient à mon épanouissement. Je tiens énormément à ce projet de personnage récurent (donc une aventure a déjà été publiée dans un recueil de nouvelles !), et c’est d’ailleurs pour ça que je compte bien enchaîner sur une aventure western de mon exploratrice lutine, Kirkima Latross !

En dehors de ça… Chaque chose en son temps ! Je songe tout doucement à recommencer à participer aux appels à textes… On verra, l’année s’annonce déjà très chargée ! :)

dimanche 16 avril 2017

Les espoirs de l'imaginaire : Jean Christophe Gapdy

Jean Christophe Gapdy fut ma découverte de 2016. Découvrons un peu plus cet auteur.

1 - Peux-tu te présenter en quelques mots ?

Jean Christophe Gapdy – un pseudo d’auteur, je précise – et je signe souvent JCG. Informaticien dans ma vie de à (non-auteur). Marié, dans cette même vie, et quelques garçons. Pas assez pour faire une équipe de volley – il en manque deux – mais suffisamment pour avoir occupé une vie et une maison.

2 - Comment es-tu arrivé à l’écriture ?

En tombant dedans, à force de lire. C’est devenu une passion après que mon père ait acheté une machine à boules IBM, quand j’étais ado. J’avais trouvé ça extraordinaire. Aussi, ai-je pris un de mes cahiers où je notais le début de tas d’histoires et j’ai commencé à taper. Un jour, j’ai laissé trainer quelques pages sur le bureau d’écolier de ma chambre ; mon frangin les a piquées et les a lues. Il est venu me demander la suite et ça a fait tilt. Depuis j’écris dès que je peux. Jusqu’à ces dernières années, c’était un « plaisir » personnel. Ce qui veut dire que je m’intéressais à l’histoire et aux personnages sans me préoccuper du style. En 2012, j’ai répondu à un concours de nouvelles en hommage à P.K.Dick. Il m’a donc fallu revoir mon écriture, suffisamment pour donner naissance à « Aliens, Vaisseau et Cie » en 2015.
Depuis que je suis publié, j’ai pu travailler ce style. Grâce à deux personnes qui m’ont montré mes défauts et tics. D’abord Frédéric Lebeuf Castle, avec qui je viens de coécrire un roman. Ensuite Bernard Viallet, auteur de plusieurs romans SF. Grâce à eux, j’ai commencé à adopter un style plus personnel, tout en restant dans le genre old-school que j’aime, mais que j’ai retravaillé pour le faire correspondre à notre époque, avec un vocabulaire plus moderne.

3 - Dans les nouvelles de SF que j’ai eu l’occasion de lire, on a l’impression que tu as créé une véritable histoire du futur. As-tu systématisé une timeline ?

Oui, tu parles de l’Univers de SysSol, qui est en référence de ma page Facebook. Il existe une timeline assez détaillée qui, pour l’instant, va de 2030 à 2235. Cet univers part de découvertes qui se sont révélées indispensables à son existence.
J’ai daté la première en juillet 2030 ; c’est le « craking SHM » qui permet de casser et réassembler certaines chaines moléculaires autour de l’hydrogène et de l’oxygène. Cette invention va permettre d’obtenir de l’oxygène et de l’eau avec peu d’énergie et des matières premières que l’on peut trouver dans tout le système solaire. Je précise que ce n’est pas de la transmutation ; on ne modifie pas les atomes.
La seconde est liée aux moteurs thermoplasmiques, eux aussi en 2030. Ils vont permettre de réduire la durée des voyages spatiaux ; rejoindre Mars, Vénus et autre se comptera en semaines et non en mois ou années.
Ces deux inventions ouvrent la conquête du Système Solaire. En 2032, le projet de colonisation « Mars-Life » devient une réalité ; deux ans plus tard, la première cité martienne sous dôme accueille des colons. On attendra 2051 pour que Vénus soit abordée avec des villes flottantes ; cette idée est partie d’un projet de la NASA :
http://www.dailymotion.com/video/x2d45dz_une-simulation-vers-venus_tv
Chaque nouvelle ou roman que j’écris dans l’univers de SysSol s’appuie sur cette timeline qui, de ce fait, se complète d’un texte à l’autre.


4- - Tu as écrit un roman en collaboration avec FL Castle. Écrire un roman à quatre mains ça se passe comment ? Comment met-on ses idées en commun et décide-t-on de ce que l’on garde et de ce que l’on abandonne ?

Ça se passe très bien. Nous sommes complices depuis deux ans avec une même idée de la SF populaire et des univers que l’on aime. Côté travail, on a débuté par le contexte, la situation politique, humaine, les avancées scientifiques, les conflits à l’époque du roman, c’est-à-dire 2103. A suivi le scénario avec sa timeline qui part de 2031, un vocabulaire léger, mais précis. Ensuite, ce sont les personnages, très détaillés, car nos protagonistes viennent de toute la Terre et ne sont pas liés à des stéréotypes homme-femme. Tout ça, ce sont des échanges, des discussions, des idées lancées, mais pas toujours retenues. Après seulement vient le travail d’écriture. On échange, relit, on annote, corrige, etc. jusqu’à se dire oui, c’est ça ! C’est presque réel, conforme aux personnages, aux événements. Comment jette-t-on ou garde-t-on ? En se demandant si c’est indispensable et si ça apporte quelque chose à l’histoire, à un personnage. Un rejet n’est pas une critique, c’est un constat d’inutilité. On se fiche de savoir qui a eu l’idée ; on se demande juste si elle est chouette pour l’histoire et le roman.

5- Ta démarche rappelle celle de Serge Lehman à la fin des années 90. Est-ce que c’est une référence pour toi ?

Ses premiers écrits m’ont sans doute influencé, mais PK Dick, Jeury, Vance, Asimov, Wul, et des dizaines d’autres aussi. J’apprécie les univers qui restent les nôtres, sans chercher des futurs trop lointains, sans l’exotisme de races extraterrestres. J’aime bien ST et SW, mais je trouve plus intéressant notre proche avenir, d’ici cinquante, cent ans. Le jour où nous serons capables d’atteindre une planète hors du système solaire n’est pas près d’arriver ; aussi, Mars, Vénus, Europe, Jupiter, la Terre, les humains, les androïdes forment-ils mon univers.
Le fait qu’il se soit déclaré polygraphe serait plus le point clef. Mélanger des thèmes me titille. J’ai des textes – non publiés – en ce sens ; on trouve dans mes tiroirs un policier, un thriller, des nouvelles fantastiques, et surtout un roman mêlant intimement SF et Fantasy, son défaut étant d’être en 6 tomes. Le mélange SF-policier, au-delà du technothriller, me passionne plus que tout. Je l’ai utilisé avec deux nouvelles « Buvez, éliminez » et « Surveillance ».

5- Peux-tu nous présenter tes principaux projets littéraires ?

Ils sont nombreux. Dans ceux achevés, il y a le roman SF « Les fleurs de Syrtis-Major – Les Mondes de Quirinus » coécrit avec Frédéric L. Castle. Deux autres sont en attente de réponses d’éditeur : un roman de SF syssolienne « La gueule des vers » et un recueil de nouvelles SF féminines « De sang et d’androïdes ».
Pour les projets en cours, il y a d’abord la suite de la « Gueule des Vers » dans lequel les nanotechnologies et les bioandroïdes ont la part belle, prévue pour septembre.
Le projet qui me tient le plus à cœur est lié à Gérulf, le héros de « Surveillance ». Il s’agit, là encore, de mon univers syssolien où je suis le plus à l’aise, déjà cadré avec la timeline dont nous parlions. Ce brave Gérulf méritait un roman. C’est en préparation et, là aussi, on vogue dans la pulp-fiction, dans le genre d’Amazing Stories, revue pour laquelle Asimov, Bradbury, et bien d’autres ont écrit. Prévision de finition de la version initiale d’ici fin juin, en espérant le faire valider en vue de son édition ; après ce sera relecture et correction.
Si Gérulf est bien accueilli et se trouve édité, il vivra vraisemblablement d’autres aventures. Il fait partie des héros et héroïnes auxquels j’attache une importance toute particulière.
Les « Mondes de Quirinus » auront, eux aussi, une suite dont nous avons commencé le scénario avec Frédéric. Enfin, je dois faire éclore « BY » dont le brouillon des premières pages est sur mon blog, tout en finalisant mon recueil de nouvelles fantastiques.
De quoi m’occuper pour les mois à venir. J’avais terminé 2016 avec un million et demi de signes écrits en 18 nouvelles et un roman. L’année 2017 est partie pour les dépasser.


lundi 3 avril 2017

Les espoirs de l'imaginaire : Emilie Querbalec

  1. Peux tu te présenter en quelques mots ?
    Bonsoir Fabien, avant tout, je tiens à te remercier de m’offrir cette petite tribune.
Pour me présenter, ce sera simple : je suis une créature de sexe plutôt féminin, amatrice de science-fiction et fantastique et apprenti écrivain. Mes premières influences SF sont à rechercher plutôt du côté des arts visuels, mangas, BD et films. Étant moitié japonaise, j’ai été littéralement biberonnée aux animes, et mes premiers éblouissements furent avec des films comme « Galaxy Express 999 » (du créateur d’Albator) ou, plus tard, « Nausicaa de la vallée du vent » (de Miyazaki). J’ai aussi adoré des séries ultra kitsh comme « Sankukai », ou, en plus violent, « Ken le survivant ».

  1. Comment es tu venue à l'écriture ?
    Je te dirai, comme tout le monde ! J’écrivais des histoires étant petite, j’en écrivais étant ado, mais j’ai tout arrêté une fois entrée à l’âge adulte, parce qu’écrivain, ce n’est décidément pas un métier. J’y suis revenue beaucoup plus tard, en 2007, grâce à une rencontre : une amie qui écrit de la poésie voulait monter une sorte de cercle littéraire. On y parlait de nos lectures, mais on pouvait aussi y lire nos textes, pour celles qui écrivaient. Je me suis piquée au jeu, et j’ai écrit quelques nouvelles fantastiques. Deux d’entre elles ont été publiées chez les Artistes Fous Associés et dans l’antho fantastique Malpertuis.
En 2012, j’ai découvert par hasard qu’il existait des communautés d’écrivains amateurs sur la toile, en tombant sur un forum dédié aux littératures de l’imaginaire. Une sacrée surprise !
Cette rencontre a énormément influé sur la suite de mon parcours. Je me suis mise à lire de la fantasy, et j’ai découvert qu’il existait tout un monde un peu souterrain de petits éditeurs de l’imaginaire, avec des auteurs francophones de talent, et tout un univers foisonnant de créativité qui gravitait autour.

  1.  Tu as publié une novella de sword and planet chez Fantasy RCL, la Reine de Zangalar. Peux tu nous en parler ?
    La Reine de Zangalar est la deuxième nouvelle que j’ai écrite pour répondre à un « AT ». Olivier Lusetti, fondateur de Fantasy Éditions.Rcl, recherchait des textes pour lancer sa collection « Du numérique au Fantastique », et j’ai tenté ma chance. Quelques temps plus tard, il m’a contactée pour savoir si j’étais prête à retravailler cette première version sous sa direction. Je l’étais, bien sûr ! Olivier m’a poussée au maximum, en exigeant notamment que j’insère une scène de combat – je n’avais jamais écrit de scène de combat de ma vie. Mais alors j’ai eu cette vision de cette lutte à mort pour la possession Indrasil, l’épée d’éternité, au-dessus de la gueule du volcan martien. Restait à l’écrire, et je ne sais pas comment, mais je l’ai fait 😊 (enfin, si : j’ai regardé des tonnes de vidéos de MMA pour me faire une idée de ce que c’est que de s’étriper sur un ring).

  1. 4. Quels sont tes autres projets littéraires ?
    Mes autres projets littéraires englobent l’écriture de nouvelles, car c’est un format qui permet beaucoup d’expérimentations. Certaines mélangent les genres comme pour « La Reine de Zangalar », d’autres relèvent beaucoup plus de la SF contemporaine dans leur inspiration. J’ai aussi un roman qui devrait sortir en 2018, il s’agit d’un Planet Opera très proche de la Fantasy, mais avec des éléments de modernité qui, je l’espère, l’insère aussi dans notre époque. On y retrouve le personnage d’un Nadjam, ce clone de guerre conçu par le roi Zangalar dans la nouvelle dont nous parlions auparavant. J’aime beaucoup la thématique du clonage, car c’est une parfaite métaphore de la double identité – ce genre de choses me fascine. J’ai aussi un autre projet, un vrai space opera cette fois-ci, dont j’aimerais commencer l’écriture dès que j’aurai fini la première phrase de corrections sur mon premier roman.


mardi 28 mars 2017

Défendons l'imaginaire

Enfin, plusieurs éditeurs ont signé un manifeste pour défendre les littératures de l'imaginaire. L'on comprend finalement que la défense de nos genres favoris est un acte politique.
Face à des libraires et à des bibliothécaires qui nous méprisent (heureusement qu'à coté il y en a des biens pour nous défendre), face à une grande presse qui nous snobe, la mobilisation est la seule solution.
Il semble que d'autres actions sont en préparation. Ce manifeste arrive après le regroupement de quatre petits éditeurs le mois dernier sous la forme d'un syndicat des éditeurs de l'imaginaire. Je sais que des états généraux de l'imaginaire sont également prévus pour la fin de l'année.

Contrairement au polar, l'imaginaire a mauvaise presse. Cheval de Troie de la culture américaine pour  la gauche caviar, littérature trop vulgaire pour la droite conservatrice, on se demande si l'on plait à qui que ce soit. A si aux geeks. Mais si les geeks anglo-saxons ont des salaires à cinq chiffres bon nombres de geeks français sont confrontés au chômage et à la précarité. Ça n'aide pas non plus.

On me dira que le polar a réussi à rentrer dans les mœurs. Oui, mais le thriller français est devenu populaire à partir du moment où le thriller est devenu le langage hollywoodien dominant (1). Le roman noir a lui, renoncé à être du roman policier pour être de la littérature sociale. Donc on ne peut pas dire que ce soit forcément une voie à suivre.

Reste que les littératures de l'imaginaire sont absentes d'une grande partie du territoire. Et qu'aujourd'hui plus que jamais il faut les amener dans les zones rurales, dans les petites villes, dans les banlieues, dans certaines villes moyennes aussi. Pour que les jeunes (mais aussi les moins jeunes) puissent trouver de quoi rêver et ne comblent pas leur soif d'idéal dans les extrêmismes et dans la drogue. Si les éditeurs s'allient, peut être que ce problème de zone blanche sera un des premiers dossiers auxquels ils vont s'attaquer. En tout cas je l'espère.

Ce manifeste c'est aussi le refus de s'appuyer sur des béquilles. Pour les uns il fallait viser le public de la blanche, pour d'autre il fallait se rapprocher du polar ou encore de la romance. Ces stratégies ont fini par brouiller le message et je ne crois pas qu'elles ont donné les résultats escomptés. Il est temps que l'imaginaire s'assume en tant que tel. Que la science fiction et la fantasy se considèrent comme des littératures importantes d'aujourd'hui. Si les institutions culturelles ne veulent pas jouer le jeu tant pis. Si l'on ne veut pas nous voir rentrer par la porte autant entrer par la fenêtre et en force pour montrer qu'il ne faut ni nous snober, ni nous prendre pour des abrutis.

(1) Avec tout le succès des films de super héros aujourd'hui, je me demande si le développement d'une littérature super-héroïque aurait un vrai succès populaire.

samedi 4 mars 2017

Pulpy versus Puppies

Non les puppies ne défendent pas le pulp. Loin de là. Les auteurs pulp ou old school sont ailleurs aujourd'hui.

Yoon Ha Lee est certainement l'un des auteurs les plus old school du moment. C'est la Leigh Brackett des années 2000. Mais c'est une autoresse issue de la communauté coréenne américaine.
Benajnun Sriduagkaew est une autoresse Thaïlandaise qui écrit des nouvelles de SF old school. Mais d'une part elle n'a jamais caché ses idées proches de l'extrême gauche, d'autres part elle met souvent en scène des héroïnes lesbiennes.
Chris Willrich écrit de la sword and sorcery ou de la science fantasy où il met en scène le relativisme culturelle et c'est totalement pulp.
Sean T.M Stiennon est un auteur extrêmement pulp. Mais il met en scène des héros non humains comme l'extraterrestre félin Flinteye, ou l'homme crabe Shabak.
John M Whalen écrit réellement une SF pulp à l'ancienne mais il fait évoluer son héros Jack Brand sur une planète ravagée par le l'ultra-libéralisme. Il n'hésite pas aussi à s'inspirer des séries TV ou des comics pour élargir ses sources d'inspiration.
Zachary Jernigan ne fait pas mystère de ses opinions progressistes mais ça l'empêche pas d'écrire "un maîtres de l'univers pour adulte" dans sa duologie de Jeroun.

Donc il existe des auteurs pulp ou old school progressistes et ce ne sont là que quelques exemples. Il y en a beaucoup d'autres ( notamment chez les auteurs de sword and sorcery de la nouvelle génération) et je parle même pas du mouvement new pulp ou des auto-édités.

D'un autre coté les supporters des Puppies se rendent compte qu'ils ont été trompé par leurs maîtres à penser et créent de nouveaux supports pour publier de la SF et de la fantasy pulp. Et ils publient curieusement des auteurs de toutes opinions et non seulement de la leur (mais vu leur anciennes allégeances aux Puppies, ils s'en prennent plein la gueule).

lundi 27 février 2017

La France terre de fantasy

L'ADN de la fantasy coule dans les veines de la littérature française. Tout commence au moyen âge où les chansons de geste puis les romans notamment les romans antiques développent des éléments merveilleux à la douzaine. On n'ose même pas parler des mirabilia comme ceux de Gervais de Tibury ou de Jean de Mandeville.
Ensuite de Rabelais aux récits de voyages extraordinaires du 18éme siècle en passant par les romans de chevalerie du 16éme ( Amadis de Gaule), les romans d'aventure baroques du 17éme (Gomberville, la Calprenède et les autres auteurs de ce mouvement) et quelques œuvre atypiques, le merveilleux épique est là.
Au 19éme siècle plus rien et il faut attendre la fin du 20éme pour que la fantasy renaisse sous l'influence anglo-saxonne. Plus rien pas tout à fait. Le 20éme siècle a eu quelques œuvres - les Centaures de Lichtemberger, l'imbuvable Testament de Merlin, roman en vers de Théophile Briand, Ptah Othep de Charles Duits.... il y a quand même de la matière mais peu. Au 19éme siècle c'est plutôt vers la poésie qu'il faut se tourner avec les Parnassiens et Victor Hugo et sa légende des siècles.

La fantasy britannique est né du mouvement Arts and Craft. Mouvement de contestation du capitalisme industriel par l'art. En France il n'y a pas eu de mouvement comparable. Ce qui fait que malgré un terreau favorable - le roman préhistorique, la thématique du monde perdu, le surréalisme imaginaire de Michaux et Roussel- la fantasy ne s'est pas développé en France dans la première moitié du 20éme siècle. Le fait que la France était surtout une nation rurale et non une nation industrielle - elle l'est devenue dans l'immédiate après guerre - explique sans doute que le capitalisme industriel avait une meilleure image dans les esprits. La contestation chez nous était surtout marxiste et guère favorable à l'imaginaire de la fantasy.

vendredi 24 février 2017

Pulp et politique

Je ne parle habituellement pas de politique sur ce blog. Mais je vais faire une légère entorse puisque je vais une fois encore parler des puppies. Ou plutôt du pourquoi de leur influence. On remarque que bon nombre de membres des Sad Puppies sont publiés par un éditeur important, Baen, très diffusés aux USA, que l'on trouve aussi bien dans les librairies que dans les drugstores. D'un autre coté les Rabid Puppies se sont groupés autour de la maison d'édition de l'ignoble Vox Day, Castalia House. Ces maisons d'éditions sont orientées pulp.
Or, ou sont les auteurs pulp progressistes ? Dans de petites small press ou alors en auto-publication. Ou encore ils publient non chez des éditeurs spécialisés SF mais chez des éditeurs estampillés new pulp. Pourquoi n'y a t-il pas d'éditeurs de SF et fantasy pulp progressiste ? Une sorte d'anti-Baen. Pour que les auteurs d'imaginaire pulp progressistes ou non conservateurs puissent être publiés il faut des éditeurs qui s'y penchent. Aujourd'hui les auteurs progressistes publiés sont souvent des auteurs ambitieux mais pas uniquement.
Yoon Ha Lee est sans doute une des autoresses les plus old school du moment. On peut dire sans se tromper qu'elle est la Leigh Brackett des années 2010, mais si ses nouvelles ont bien trouvé le chemin de webzines américains comme Beneath Ceaseless Skies ou Clarkesworld, ses romans sont publiés par l'éditeur britannique Solaris. Y-a-t-il un mal a être progressiste et faire de la SF old school pour les éditeurs américains non conservateurs ?

Ces réflexions m'ont conduit en partie à lancer ma maison d'édition, Pulp Factory. Je ne voulais pas qu'à un moment le fait de publier de la SF ou de la fantasy pulp devienne un enjeux politique ou que des éditeurs d'extrême droite s'emparent du créneau chez nous aussi dans leur volonté de radicaliser une certaine jeunesse. Je voulais garder un espace pour que des auteurs aussi bien de gauche que de droite modérée ou centristes puissent publier de la littérature populaire juste pour le fun et propose un divertissement intelligent.

dimanche 19 février 2017

Soyons bordélique

En 2002 suite à une interview de Sylvie Miller, où elle évoquait la richesse des littératures de l'imaginaire en Espagne, j'ai décidé de m'y intéresser (j'ai poussé le vice jusqu'à apprendre l'Espagnol en 3 mois grâce à Assimil pour pouvoir lire les sites espagnols). J'ai découvert un monde très riche, un fandom aux initiatives foisonnantes, une richesse du monde éditorial avec de multiples small press. Mais j'ai eu également l'impression que derrière ce foisonnement il y avait un fandom extrêmement bordélique et que c'était ce qui faisait sa force.
J'ai vu de ce coté la situations évoluer en France. À la même époque j'avais l'impression que le fandom français était extrêmement carré, trop peut être. Ce coté bordélique nous avons fini par le gagner à fin des années 2000. Et il nous faut le garder, peut être même le cultiver pour être de plus en plus bordélique, ça ne pourra être que positif. Développons des fandoms régionaux, multiplions les initiatives, explorons toutes les directions même celles qui ne sont pas appréciés par les prescripteurs. Rapprochons nous du plus possible de fandoms connexes, cultivons le dialogue avec les médias.... Bref allons de tous les cotés à la fois. Déclarons une fois pour toute qu'il n'y a pas de voie royale et que toutes les voies valent la peine d'être explorées. On est sur le chemin, il faut simplement aller plus loin et il finira bien par en sortir quelque chose. Personne n'est capable de prédire quoi, mais l'on verra bien.