mardi 21 août 2018

N'ayez pas peur

Il n'y a pas pire qu'un homme qui a peur. La peur fait prendre des décisions irrationnelles et peut mener vers les abimes de notre société. Alors une foule qui a peur c'est encore plus dangereux.
Tout ça pour dire que quand l'anticipation joue à nous faire peur avec la dystopie et nous dire que le pire est toujours sûr, elle prétend faire acte d'avertissement. Mais l'homme qui a peur ne va pas changer le monde. Au contraire. Donc faire peur n'est peut être pas la bonne stratégie.
Si parler du monde tel qu'il est et présenter les dérives de nos société est nécessaire, ce n'est peut être pas suffisant. Dans le monde sous informé des années 70 parler de l'environnement ou des problèmes sociaux était nécessaire parce que la SF était la seule à communiquer sur ces sujets. Comme plus tard le cyberpunk a communiqué sur les dangers des multinationales. Mais dans le monde sur-informé et anxiogène des années 2010 où personne n'ignore le réchauffement climatique, le terrorisme, les dérives financières.... peut être que la stratégie doit être différente. Certes il y a eu de l'anticipation optimiste dans les décennies précédentes ( Roland C Wagner et Richard Canal s'y sont essayé dans les années 90 par exemple).
Mais en 2008 Jetse de Vries lance l'anthologie Shine, pour présenter des visions positives de l'avenir. D'autres anthologies d'ailleurs ont été dans ce sens là à la même époque. Des autrices comme Genevieve Valentine, Ada Palmer ou Analee Nevitz ont démontré récemment leur volonté de continuer ce mouvement ( et sans doute d'autres auteurs que je n'ai pas identifié). Le mouvement Solarpunk veut présenter des futurs où l'humanité aurait triomphé du réchauffement climatique grâce à l'alliance de la technologie et de l'action éco-citoyenne volontariste.
En France cette tendance a été relayé par Patrice Lajoie et son anthologie Futurs Radieux chez Rivière Blanche. Citons également Jean Christophe Gapdy qui présente une vision positive du multuculturalisme à travers ses textes. Mais dans l'ensemble c'est mince. Le futur proche, chez nous c'est encore les futurs de cauchemars. La mise en avant qu'a eu les romans récents de Laurent Kloetzer nous le prouve de manière éclatante que la noirceur et le sombre dictent encore leur loi dans l'anticipation du proche futur hexagonale.
Une véritable prise de conscience qui prouve que parler du pire n'est peut être pas la seule voie. Que présenter des visions positives peut dissiper les peurs de l'avenir. Pousser l'individu à redevenir un citoyen et pas seulement un consommateur apeuré.
Alors présenter des sociétés où l'on a triomphé du réchauffement climatique, ou le multiculturalisme est présenté comme une chance, ou la diplomatie est plus forte que la guerre..., non seulement ça fait du bien mais ça ouvre des perspectives fascinantes qui peuvent réconcilier la SF avec le monde.

lundi 13 août 2018

Responsabilité collective

À force de construire des futurs dystopiques, la SF n'a -t-elle pas aidé à leur permettre de s'incarner alors qu'elle voulait seulement faire œuvre de dénonciation ?
Doit -on toujours continuer à parler de la société telle qu'elle est ou alors parler de la société telle qu'elle devrait être ? On peut se poser la question. Aujourd'hui de nombreuses questions sociales ou environnementales se posent. Et parler des solutions me semblent aussi important que de parler des problèmes. D'autant plus que pour beaucoup la SF est devenue la littérature des futurs dystopique. C'est ce qui est mis en avant aujourd'hui. Et cela donne l'image d'une littérature qui joue à nous faire peur. Ce n'est qu'un aspect de la SF. Le mettre en avant me semble contre productif. Dénoncer ne suffit plus aujourd'hui. Dénoncer c'est dire que finalement le pire est là et que l'on est démuni face à lui. Aujourd'hui il faut mettre en avant les solutions.

samedi 4 août 2018

Soyons optimiste

La SF a longtemps joué la carte de la dénonciation et de l'avertissement. Il fallait parler des dangers qui guettaient notre société : bref de la société telle qu'elle est et telle qu'elle ne devait pas devenir.
Au moment où les pires cauchemars du cyberpunk sont en train de devenir bien réel l'on peut se demander si cette stratégie n'a pas été une erreur.

L'un des premier à se poser la question a été Jetse de Vries qui avec son anthologie Shine a voulu lancer une réflexion sur des futurs positifs dans lesquels la société triomphait des différents défis écologiques, sociaux, économiques pour se réinventer. Depuis les auteurs du mouvement Solarpunk ont travaillé sur des futurs où l'humanité arrivait triompher du réchauffement climatique et des autres problèmes écologiques. Bref il s'agit de la société telle qu'elle devrait - être. Cette nouvelle voie est à mon avis beaucoup plus pertinente. Elle lutte contre le fatalisme et pousse les individus à réfléchir sur les choix politiques, économiques et technologiques qui pourraient changer le monde pour le meilleurs au lieu de leur parler du pire.