vendredi 28 juin 2013

Les espoirs de l'imaginaire : Sylas

Ca faisait longtemps que je ne vous avais pas présenté un nouvel auteur. Cette fois ci c'est Sylas qui s'y colle.

1 Peux tu te présenter en quelques mots ?
Quelques mots, c'est facile. Je les ai même classés par ordre alphabétique : autodidacte, cheveux longs, droitier, passionné, prof, rêveur, solitaire, timide, trentenaire.

2 Comment es-tu venu à l'écriture ?
Par hasard et par défaut. Un peu comme beaucoup de gens, j'ai ressenti le besoin de m'exprimer. J'avais quelque chose comme vingt ans. J'ai toujours été mal à l'aise avec l'oral, je ne sais pas dessiner (mais vraiment pas) et je trouvais ça hasardeux de m'acheter une caméra pour me la jouer Spielberg. J'ai donc pris un papier et un crayon et je me suis mis à écrire. J'étais un fan de SF. J'ai donc écrit de la SF.

3 Tu as écrit plusieurs nouvelles qui appartiennent à un grand cycle de Space Opera, le Cycle de l'Egide. Peux nous le présenter ? Quel avenir comptes-tu donner à cet univers ?
Un grand cycle de Space Opera, c'est un bien grand mot. Disons que ma progression personnelle dans l'écriture s'est toujours faite par paliers. Au bout de quelques années, je me suis dit : "allez, j'en ai marre d'écrire de la daube, je vais faire un truc plus ambitieux". Je n'étais pas chaud pour un roman, j'ai donc attaqué un cycle de nouvelles, dont je comptais faire éditer chaque épisode de manière indépendante. Ca a marché, puisque Oculus, le premier texte, a été ma première nouvelle publiée, dans le webzine phenix mag.
J'ai continué dans cette voie et j'ai écrit d'autres textes qui racontaient le destin de mon jeune héros surdoué, Gort Atiam. Dans le premier, il se fait repérer par des recruteurs pour devenir une sorte de super-humain dont le travail serait d'établir le contact avec les civilisations extraterrestres. Les deux volets suivants racontent deux étapes de sa formation, le quatrième (jamais publié) sert de transition, et le dernier nous montre une de ses missions en tant qu'Ambassadeur de la terre.
Avec le recul, je peux dire que cette série a servi à me motiver, à me donner des objectifs. Mais cela fait longtemps que je n'y travaille plus et je n'ai pas l'intention d'y revenir. Comme je l'ai mentionné, je marche par paliers, et je sais d’expérience que c'est une mauvaise chose que de regarder en arrière.

4 Ton roman de fantasy, Décadence vient de paraître chez Asgard, peux-tu nous en dire plus ?
C'était en 2009, je crois, qu'on a déclaré que la SF était morte et que l’avenir était à la fantasy. Je me suis dit "mince, et moi que rêve de percer, comme je vais faire ?". La réponse était simple : écrire de la fantasy.
Je me suis retroussé les manches et je me suis attelé à cette histoire qui me trottait dans la tête depuis un bout de temps, celle de mages qui perdaient des organes à force de jeter des sorts. C'est ça qu'on appelle la "décadence". Comme je déteste Tolkien et tous les textes mettant en scène des héros parcourant le monde en quête d'une épée magique ou d'un sens caché de la vie, j'ai organisé mon roman autour d'une trame policière, avec un enquêteur / devin devant démanteler un réseau de trafic d'organes. J'y ai aussi mis une jeune surdouée qui cherche à concrétiser sa destinée, histoire de ne pas dépayser les puristes. Bien sûr, elle aura un rôle à jouer dans l'enquête du devin et, bien sûr, il va leur arriver tout un tas de saletés qui vont leur faire regretter de s'être levés le matin.
Ce que j'aime dans ce roman, c'est qu'il sort des sentiers battus. Il n'y a ni chevalier en armure, ni roi, ni prince, ni dragon, ni elfe, ni troupe de héros, ni inquisition, etc. Il y a juste une magie domestique, quotidienne, qui sert à faire de trous, à coller des choses ensemble, à endormir les gens avant de leur ouvrir le ventre ou à faire parler les morts pour savoir qui les a tués. Et c'est aussi un one-shot, parce que je déteste les romans à suivre (même s'il y aura une suite).

5 Quels sont tes autres projets littéraires ? 
Je suis en train de finaliser un roman ado, "rêve de papier", qui parle d'un garçon qui part à la recherche de son père. La particularité de ce personnage est qu'il fait des rêves prémonitoires, ce qui devrait l'aider dans sa quête. C'est un roman qui lorgne du côté du fantastique, de la SF et même de l'uchronie. Mais c'est avant tout un récit initiatique et un roman d'aventure.
La suite de Décadence est aussi en cours de rédaction. On y retrouvera la plupart des personnages du premier opus, toujours autant de magie et encore une enquête policière, même si son importance est moindre que dans le premier tome.

dimanche 23 juin 2013

Retours à la case pulp

Je l'ai dit souvent - et cela fait grincer des temps à beaucoup - la SF s'est tiré une balle dans le pied à coup de Hard SF, de transhumanisme, de singularité, de post modernisme, d'expérimentation, mais aussi de militarisation de la SF populaire malheureusement. La SF doit se régénérer. Et que remarque t-on quand un genre se régénère ? Quand le thriller se régénère il utilise les motifs du pulp. Quand la fantasy se régénère, c'est la sword and sorcery qui revient sur le devant de la scène ( avec entre autre la fantasy à capuche). La SF doit revenir à la case pulp si elle veut rajeunir son public ou reconquérir un public populaire. J'entend les cris d'orfraie de certains d'ici. Quoi la SF c'est la littérature d'idée, on ne peut pas prostituer cette littérature noble en la donnant à lire à un public plus large. La SF est certes un littérature de concept mais aussi une littérature d'univers et une littérature d'images, donc ce n'est pas incompatible avec le rêve. On peut être populaire et faire réfléchir même en étant hyper pulp. Certes ce n'est pas donné à tout le monde, mais c'est possible.

samedi 1 juin 2013

Dieu est mort

Jack Vance prodigieux auteur de SF nous a quitté à l'âge de 96 ans. Un bel âge. Et une vie bien remplie au service de l'écriture, de la SF, de la fantasy. Dieu est mort. Le plus grand créateur d'univers, certes pas le premier, mais celui qui parmi les premiers a poussé la création de monde relativement loin. Jack Vance a ouvert la voix à des tas d'autres grands conteurs ( Ursula Le Guin, Philip Jose Farmer, Roger Zelazny et surtout Gene Wolfe et GRR Martin). La SF ne serait sans doute pas la même sans lui. Il a donné ses lettres de noblesse au space opera et au planet opera en les inscrivant dans une échelle plus humaine. Comme je l'ai dis précédemment il a contribué à créer de véritables terroirs cosmiques. Terroir   cosmique où il place dans des territoires définis et limités des intrigues qui dépassent leurs protagonistes.    C'était aussi un auteur qui invitait ses lecteurs au voyage, les dépaysait réellement en poussant les descriptions des paysages et des coutumes, les données anthropologiques, la faune et la flore dans ses derniers retranchements. Créer une véritable illusion de réalisme était son principal souci.
Dieu est mort. Pour les rôlistes Jack Vance était devenu un véritable auteur tutélaire, tant ses idées ont été réutilisées par les créateurs de jeu. Tant aussi le worldbuilding s'est trouvé au coeur de la création rolistique. C'était sans aucun doute l'auteur le plus respecté et le plus admiré par le milieu.
Dieu est mort et rien ne sera plus comme avant. Reste à espérer que les disciples fassent fructifier l'héritage littéraire du maître et que tout ce qu'il a apporté, ses thèmes, ses idées, son ton particulier séduisent une nouvelle génération d'auteurs, et leur donne envie d'écrire, d'écrire et encore d'écrire.