vendredi 8 février 2019

Les espoirs de l'imaginaire : Xavier Portebois

1 - Peux tu te présenter en quelques mots ?
Lillois, trentenaire, développeur, amateur de bières et de pandas roux. Je ne vois franchement pas ce qu'on pourrait vouloir savoir de plus sur moi.

2- Comment es-tu venu à l’écriture ?
Rien d'original de ce côté, je crains ne pas pouvoir éviter le poncif "j'écris depuis tout petit", parce que c'est globalement vrai. J'ai toujours aimer raconter des histoires, surtout celles que je ne pouvais pas trouver dans les livres déjà imprimés. Je ne sais pas où sont aujourd'hui les carnets de la honte où je m'imaginais humblement entre Lovecraft et Tolkien, mais ils existent, enfouis quelque part, remplis d'histoires ras les marges de clichés et d'adjectifs surnuméraires.
Toutefois, ce n'est qu'assez récemment que j'ai commencé à m'intéresser à l'écriture de manière plus méthodique, et à découvrir avec plaisir l'enchevêtrement de règles qui modulent le déroulement d'une intrigue, le rythme d'une scène, la caractérisation d'un personnage ou l'impact d'une description. Là, l'écriture est devenue encore plus intéressante : j'ai enfin pu comprendre mes erreurs, tenter de nouvelles choses, et m'améliorer. C'est bien plus facile de se motiver à écrire un nouveau texte quand on peut l'espérer meilleur que le précédent.

3- Dans deux de tes nouvelles « Eko » et «  Sous l'éternel ciel bleu » tu traites du chamanisme. Qu’est ce qui t’intéresse dans cette thématique ? Comptes tu l’explorer plus avant ?
Le chamanisme, ou plutôt les chamanismes (on en trouve tellement de variantes sur tous les continents), manipulent des concepts comme les états seconds, la communication avec les esprits, ou encore le voyage astral, qui me servent surtout à aborder une seule et unique question qui m'est très chère : qu'est-ce que la conscience ? Pourquoi avons-nous ce petit film à l'intérieur de notre tête et ce monologue personnel, comment la conscience peut-elle émerger d'un assemblage de molécules, quelles en sont les limites, peut-il y avoir des consciences de nature radicalement différentes... Autant de questions auxquelles la science a encore beaucoup de mal à répondre, et où l'imaginaire peut donc se fendre d'un rôle un minimum spéculatif.
D'une manière générale, ce thème revient déjà très souvent dans mes textes, même si je n'y mets pas forcément un chamane pour l'illustrer. Dans Caver Den et Le sang et l'acier, le personnage principal peut étirer sa conscience vers d'autres entités, animales, humaines ou artificielles. Dans Monologue et Mémoires mortes, on croise des consciences virtualisées. Dans Le silence de Shiva, je déplace une conscience humaine de son corps d'origine vers un corps robotique. Et dans Eko et Sous l'éternel ciel bleu, on assiste à une expérience extra-corporelle. Autant de manières d'explorer des cas aux frontières hypothétiques de la conscience.

4- Tu vas publier une série issue de ta novella Caver Den chez Realities INC. peux tu nous en parler ?
Elle devrait arriver sur les étals en 2019. Caver Den avait bien plu à ses lecteurs, plusieurs réclamaient une suite, et je n'avais pas exploré toutes les possibilités que m'offrait Linh, le personnage principal, un animalier capable de communier par télépathie avec certains animaux.
La saison est courte, trois épisodes relativement indépendants entre eux. Il y a de quoi voir du pays, puisqu'on y passe des déserts de Caver Den à une station spatiale en orbite d'une géante gazeuse, pour finalement redescendre sur la planète natale de Linh, dans un village de pêcheurs, flottant en bord de mangrove. Avec, cela va sans dire, tout un nouveau bestiaire à rencontrer, pour mettre les facultés télépathiques de Linh à rude épreuve.
Comme la novella originale, le ton y reste surtout divertissant. De la SF enrobée d'aventures et d'actions.

5- Quels sont tes autres projets littéraires ?
J'ai dans mes tiroirs un petit roman de space opera, Goto Mojo, que j'aimerais toujours placer chez un éditeur. Une histoire de pirates de l'espace, une chasse au trésor avec flibustiers et coloniaux, dans un univers où ce sont les robots qui pratiquent le vaudou.
Sinon, je travaille actuellement sur un autre roman, très vaguement inspiré de l'univers évoqué dans Eko. Le défi est complexe, j'aimerais éviter de faire un texte cyberpunk trop conventionnel ou un sous-Shadowrun, mais plutôt quelque chose qui apporte un minimum d'originalité à un genre déjà bien exploité. L'intrigue se déroule dans un monde futur où des mages parviennent à animer des "serviteurs" en se plongeant en transe, et où certains personnages explorent la piste d'IA pouvant simuler la transe à leur place. Évidemment, cela parlera donc en large, en long et en travers de ce qu'est la conscience !