mardi 21 février 2012

Hollywood et la SF

Non, je ne vais pas parler ici du cinéma de science fiction ou même du cinéma de l'imaginaire en général, mais bien de l'influence que peut avoir Hollywood sur le monde de l'édition de l'imaginaire. Aujourd'hui la forme hollywoodienne du récit c'est le thriller. Ce qui explique que la SF américaine propose plutôt des technothrillers, des dystopies, des thrillers du futur proche. La même cause explique sans doute aussi la montée de la fantasy urbaine en fantasy. Le public américains a l'habitude du thriller, c'est pour lui une forme familière. Le thriller peut intéresser le grand public, y compris celui qui n'a aucun pied dans la subculture de l'imaginaire.
Des années 50 aux années 70, le langage hollywoodien c'était plutôt l'aventure. Ce qui explique que l'on ait eu Star Wars, Mad Max, et en fantasy des films comme Willow, Dark Crystal ou Krull. C'est aussi la prédominance de cette forme aventure qui va influencer les séries spatiales américaines jusqu'à la fin des années 90. Le thriller commence à devenir le langage hollywoodien à la fin des années 80, je dirais où l'on commence à voir apparaître des adaptations des romans de Michael Crichton. Ca explique le changement de langage des littératures de l'imaginaire. Le thriller étant la forme populaire du récit. Cela explique pourquoi l'on publie moins de space opera ou de planet opera aux USA aujourd'hui par exemple.

lundi 6 février 2012

Les licences, la SF populaire et le reste

J'aurais très bien pu répondre à Florent dans les commentaires. Mais ses remarques valent qu'on s'y attache.
- Oui, je persiste et signe les oeuvres à licence posent problème. Tout d'abord la plupart du public de Star Wars ou de WH 40K font parti d'un public captif. Si les amateurs de tels univers sont véritablement un public potentiel il faut dialoguer avec eux et publier des oeuvre susceptibles de leur plaire. Pour moi les licences c'est un appauvrissement du genre. Et pour dire à des gens qui aiment l'univers WH 40K juste parce qu'ils en aiment l'ambiance que le Neuvième Cercle de Jean Christophe Chaumette ça risque d'être aussi leur came, il faut un bon libraire. Les licences ont carrément tué la SF d'exploitation. Surtout Star Wars. Aux USA on ose plus trop sortir de grand space opera populaire à souffle épique. Les seules oeuvres de SF populaire sont des romans de SF militaristes pas très intéressants à mon avis. Il y en a plus chez les Anglais. J'ai vu sur un forum américain des participants dire qu'ils trouvaient dans les romans Star WArs ce qu'il ne trouvait plus dans certains romans originaux : une SF populaire épique et divertissante un peu fun. Bref les licences ont finalement fait plus de mal que de bien.
- La SF d'exploitation. Je suis d'accord avec Florent au niveau des traductions. Il n'y a aucun intérêt à traduire des oeuvres d'exploitation ( ou si on le fait ça a intérêt à quand même être un dessus du panier). Il fut un temps où la SF d'exploitation en France était la chasse gardée de Fleuve Noir Anticipation. Il faut bien reconnaître qu'il n'y avait guère plus d'un tiers de bonnes choses, un tiers de moyen et un tiers de carrément mauvais. Le problème de cette collection c'est que jusqu'à l'arrivée de Nicole Hibert en 1988 on s'est guère occupé de travail éditorial. Et ça, s'en ressentait. L'autre problème c'était le formatage et les sacro saintes 180 pages. FNA ne publiait que des auteurs français. On ne traduisait que très peu d'auteurs anglosaxons d'exploitation ( J'ai lu le faisait un peu, et la collection Galaxie Bis de Opta aussi mais c'était le top du top de la SF d'exploitation). Les éditeurs ont eu un peu moins de scrupule pour la fantasy et c'est bien dommage. Quand on voit la médiocrité qu'est Goodkind on se dit qu'un peu de scrupules n'aurait pas fait de mal et que publier de la fantasy française d'exploitation à la place aurait sans doute été un moindre mal.

vendredi 3 février 2012

Qui veut la peau de l'univers ?

La Sf est de la littérature d'univers. Et la décennie 80 a sans doute été la décennie du livre univers. En ne tenant compte que de ce qui a été traduit chez nous on a eu Radix de Attanasio, Le chant de la Terre de Coney, Inexistence de Zindell, Heliconia de Aldiss et on a terminé en beauté avec Hyperion de Dan Simmons. Et il faut ajouter les oeuvres anglo saxonnes non traduites ( Paul Di Filipo signale ainsi une trilogie de Paul Park, Starbridge Chronicles ).
Les années 2000 ont curieusement été riches en livre univers également. J'ai réussi à identifier Confluence de MacCauley, Nulapeiron de Meaney, The last green tree de Grimsley, Candesce de Schroeder et l'entier et la rose de Kay Kenyon. Cette dernière oeuvre est curieusement la seule à faire l'objet d'une traduction.
C'est les années 90 qui ont été les moins riches en ce type d'oeuvre chez les anglosaxons. Je n'ai repéré dans cette décennie que l'Aube de la Nuit de Peter F Hamilton. J'ai pu rater des choses, on est bien d'accord. Mais il me semble que c'était un peu creux. Par contre cette décennie a donné deux oeuvres univers françaises : à savoir les Guerriers du silence de Pierre Bordage et Omale de Laurent Genefort.
Et puis plus rien dans les années 2000. Au moins nos années 80 hexagonales auront donné Noo de Stefan Wul et la Compagnie des Glaces de GJ Arnaud. Mais ces années 2000 sont silencieuses que ce soit en traduction qu'en oeuvre francophone. Serait - ce à cause de cette conception de la SF en tant que littérature d'idée qui fait que l'on veuille tourner le dos à la SF en tant que littérature d'univers ? J'ai la faiblesse de le penser.

jeudi 2 février 2012

La crise de la SF, suite

La SF est en crise, on arrête pas de la dire. Comment une littérature qui faisaient d'excellentes ventes dans les années 70, a - t - elle baissé à ce point depuis les années 80.
Déjà la stratégie adopté par les éditeurs en France a été celle de la légitimation. Il fallait s'élargir aux lecteurs de blanche. Cela a commencé dans les années 80 chez Denoël avec le groupe Limite. Et cela ressort régulièrement. On a curieusement pas vu que la Sf était une subculture et on a absolument pas compris que ceux qui s'intéressaient aux autres média en SF étaient des lecteurs potentiels plus facilement atteignables.
D'autre part il y a aussi la définition de la SF que donne le noyau dur du fandom : la sf est une littérature d'idée. On entretient savamment le flou autour de cette notion d'idée : concept ou idéologie. Mais l'on finit par comprendre que la Sf est pour ces gens là une littérature de réflexion politique sur notre monde. Je conteste cette définition. La SF est aussi une littérature d'univers et c'est sans doute ce que cherche une grande majorité de lecteurs.
Dans l'enquête d'Actusf auprès des libraires il ressortait que plusieurs d'entre eux faisaient état des plaintes des lecteurs concernant le faible nombre de space opera dans les rayons. Plus que des romans de hard science ou des dystopie c'est là un coeur de la SF grand public que les lecteurs veulent lire.
Il me semble que ce sont là les raisons du déclin de la SF en France. Aux USA le déclin est plus récent et est lié à la part grandissante des romans à licence au premier rang desquels les romans Star Wars. Ces romans à licence prennent la place des romans de SF d'exploitation et ainsi contribuent à appauvrir le genre.