jeudi 31 juillet 2008

Hasbro effervescent

Wizard of the Coast a décidé d'abandonner le label éditorial Discoveries six mois après son lancement. L'éditeur de jeux de rôle et de jeux de cartes à collectionner avait donc décidé de se lancer dans l'édition de romans originaux. On pouvait supposer que cette diversification était motivée par la baisse des ventes de leurs romans dérivés. Il existait un précédent celui de Black Library (éditeur des romans dérivés Warhammer et Warhammer 40 000) qui a lancé le label Solaris Books pour publier des romans originaux et qui fonctionne avec un certains succès presque trois ans après son lancement.
On ne peut comprendre la décision de Wizards of the Coast que si l'on connaît le fonctionnement de son actionnaire principal, Hasbro, géant du jeu et du jouet. Ce qui intéresse Hasbro c'est avant tout des licences qui rapportent. Le rachat de Wizards of the Coast avait avant tout été motivé par les ventes du jeu de cartes, Magic. La licence Donjon et Dragon n'était que du bonus, ils avaient même envisagé à un moment de s'en débarrasser car ils ne la jugeaient pas assez rentable. Ils ont réussi tout de même à améliorer sa rentabilité. Mais voilà que la division éditoriale de WOTC décide de créer un label de romans originaux en privilégiant au départ la prudence. Tout le contraire de ce qu'aurait souhaité Hasbro pour une telle diversification. Nulle doute que le groupe aurait mieux aimé la publication de grands cycles d'où l'on aurait pu facilement tirer des produits dérivés par centaines.
Encore une fois les victimes de cette stratégie ce sont les auteurs.

mercredi 30 juillet 2008

La tragédie des enclosures, version SF

A la fin du 15éme siècle les nobles anglais ont enclos les terrains communaux qui appartenaient à la communauté des paysans. C'est ce que l'on a appelé la tragédie des enclosures. Quel rapport avec la SF me direz-vous ?
Aujourd'hui des éditeurs font prospérer les licences au détriment de la recherche de nouveau talents. Ces licences arrivent même à circonscrire l'essentiel d'un sous genre. Ainsi le space opera de science fantasy est aujourd'hui largement circonscrit autour de la licence Star Wars. D'autres auteurs ont essayé de faire des oeuvres originales mais ils sont rares et vendent bien moins que la licence juteuse issue du film. Il est clair que si les romans Star Wars n'existaient pas ces auteurs vendraient plus et donc trouveraient un large public.
La sword and sorcery a subit cette loi des licences depuis la fin des années 80. En effet les licences comme Dragonlance ou Forgotten Realms ont peu à peu constitué l'essentiel d'un genre certes décrié mais qui attendait un second souffle. Mais curieusement il a continué d'exister un fandom et le net a été un lieu d'expression pour ce fandom à travers divers webzine. Quand une communauté a été bien organisé une small press s'est créée pour publier des auteurs originaux. Comme quoi la fatalité n'est pas de mise et la résistance peut s'organiser. Et c'est une bonne chose.
Certains éditeurs au lieu de chercher de nouveaux talents ne font que prospérer des licences et maintenir le lecteur dans une région connue au lieu de lui faire découvrir de nouveaux horizons. L'enclosure c'est aussi l'enclosure du lecteur que l'on place dans un univers familier dont il n'est pas capable de sortir. Maintenir le lecteur prisonnier d'un univers dérivé c'est aussi assurer le marketing d'un produit et aussi traiter un univers comme un produit comme un autre. Le livre est devenu curieusement le suivi marketing phare au panthéon des produits dérivés des autres médias. Cela permet de bannir la prise de risque et de limiter le nombre d'auteurs publiés. Les romans dérivés prennent en effet la place de romans originaux qui sont susceptibles d'apporter quelque chose au genre même si ce n'était que des romans d'exploitation.

mardi 29 juillet 2008

Comment écrire une mauvaise histoire de fantasy

La fantasy épique fait étalage de nombreux clichés. Et souvent l'accumulation de ces mêmes clichés donne une impression de déjà vu, voire un effet de médiocrité assuré. Recensons donc ces clichés :
- La prophétie
- Le jeune homme pauvre appelé à de grandes choses
Ces deux là sont sauvables si le contexte est intéressant. Ils peuvent même être utilisés en fantasy picaresque. Ce ne sont pas les pires mais c'est surtout leur combinaison avec d'autres qui a tendance à provoquer la catastrophe.

- Le dieu du mal : remarquons que dans la plupart des mondes secondaires les dieux bons sont plusieurs et le dieu du mal est toujours unique. Curieusement ce manichéisme religieux était totalement ignorée des sociétés polythéistes que les auteurs essaient de recréer.
- Le mal situé à l'est : Il faudrait peut être leur dire que la guerre froide est terminée !!!
- Les peuples maléfiques : Comme si un peuple pouvait être entièrement mauvais.
- Les elfes, nains, orcs : lorsqu'une seule de ces races se balade ça passe encore, surtout si l'auteur l'a retravaillé à sa façon. Mais lorsqu'on les retrouve tous ensembles, on est en droit de se méfier, on a affaire soit à un fan de Tolkien intégriste, soit à un joueur de Donjons et Dragons qui n'est pas capable d'imaginer autre chose.
- L'objet de la quête - sauver le monde : Ca devient fatigant à la fin surtout quand c'est mal fait.

Nous ne saurons trop conseiller aux auteurs en herbe de se plonger dans Greimas, Propp, Arne et Thomson s'ils veulent construire des schémas sortant des sentiers battus.

lundi 28 juillet 2008

Les pets de vérité

De temps en temps un manuscrit s'égare dans les bureaux du service marketing d'un éditeur. Parfois même on détecte l'énorme potentiel commercial de cette oeuvre pourtant médiocre. Et c'est ainsi que la respectable maison américaine Tor publia à la fin des années 80 Terry Goodkind et son Epée de vérité.
Incohérences narratives, effets téléphonés, imaginaire pauvres, dialogues mièvres, sado masochisme et violence extrême, ce roman avait pourtant tout pour finir dans la corbeille. Et pourtant contre toute attente c'est devenu un best seller. Beaucoup de jeunes lecteurs arrivent à la fantasy par des oeuvres "faciles" comme celle - là. Peut être est- ce une explication.
Mais Goodkind a un autre défaut. Son idéologie néoconservatrice affirmée. Il donne à ses héros ses propres opinions et nous les assène à longueur de bouquin. On peut gager que ce cycle a du avoir un certain retentissement dans les milieux conservateurs américains. Mais ça raconte quoi. J'y viens. Je n'ai lu que le premier roman duc cycle et déjà il vaut son pesant de cacahouètes.
Le héros Richard dont le père vient de mourir, un jeune forestier simple d'esprit sauve une mystérieuse jeune femme. Bien vite en compagnie de la jeune femme et de son mentor - qui s'avère être un magicien à la Gandalf (o le beau cliché)- il va donc aller combattre le méchant qui se nomme Rahl et se fait appeler le petit père Rahl et qui vit en plus dans le palais du peuple, dirige l'armée du peuple; Bref un communiste, il fallait y penser. Et tout le reste est bien entendu de la même eau. Je passe sous silence les scènes sado masochistes qui prennent plus de cinquante pages et ne servent à rien. Et la rencontre avec un peuple qui n'est ni plus ni moins qu'un décalque sans génie des Navarros. Et en plus c'est chiant. Un style d'une pauvreté comme j'en ai rarement lu et d'après les renseignement que j'ai pris ça ne vient pas du traducteur.
Je sens que je vais me faire des amis vu la popularité du cycle.