jeudi 9 décembre 2021

Le modèle du coucou

 Vous connaissez le coucou, cet oiseau qui pond dans le nid des autres oiseaux et qui en déloge les poussins pour être le seul à survivre.

Et bien nous avons nos propres coucous qui nous ont fait mal. La bit lit créés par Bragelonne, appellation purement marketing mêlant la fantasy urbaine à héroïne et la paranormal romance ( mais qui finalement a vendu beaucoup plus de paranormal romance) s'est développée au détriment de la fantasy urbaine qui est finalement reléguée à la périphérie.

Et nous avons le new adult, littérature pour les 18 à 25 ans qui est censé prendre le relais du young adult. Si je suis très favorable à l'existence d'une littérature YA pour ramener les décrocheurs à la lecture, le new adult est malheureusement un mouvement clairement parasitaire pour maintenir les jeunes des classes populaires à l'écart de la littérature adulte ( le mépris de classe dans toute sa splendeur). Le new adult se crée des nids grâce à certains éditeurs et récupère des parts de marché assez conséquente. Ce mélange de dystopie, bit lit, dark fantasy bien glauque et romance fantasy a ses fans aujourd'hui et forme un mouvement qui a pris beaucoup plus d'importance qu'on le pense. Et je ne parle pas du rôle certain de certaines autrices Wattpad qui semble jouer un rôle ( d'ailleurs les éditeurs de new adult publient très souvent des autrices et auteurs qui sont déjà connu sur ce réseau. Et leur communauté fait ensuite la com, c'est malin).

Bref les coucous sont là. Et certaines stratégies marketing semblent avoir favorisé leur développement dans notre pays. Il va falloir se battre pour le nid.

vendredi 3 décembre 2021

Uchronie littéraire

 Que se serait-il passé s'il n'y avait pas eu Bragelonne pour occuper une grande partie du terrain ?

Regarder comment les choses se sont passées chez nos voisins nous donne une petite idée. 

Le groupe Penguin Random House se serait installé en France ( il l'a fait en Italie, Allemagne, Espagne) avec un ou plusieurs labels consacrés aux littératures de l'imaginaire avec tout de suite une très bonne distribution. Il est clair que Hachette aurait voulu contre attaquer et aurait à son tour occupé le segment. Tout ça aurait sans doute ramené l'imaginaire vers les maisons de la Presse. On aurait eu énormément de traductions et donc les autres éditeurs auraient pu d'une part publier plus de francophones et aussi des traductions d'auteurs non anglo saxons.

Et surtout on aurait pas eu la bit lit et autres plans marketing foireux qui ont bien foutu la merde sur le marché. Est ce que l'imaginaire marcherait commercialement mieux ? Sûrement un peu mieux grâce à une meilleure occupation des maisons de la presse. 

dimanche 14 novembre 2021

Le mois de l'imaginaire : perspectives et évolution

 Aujourd'hui le mois de l'imaginaire permet l'émergence de manifestation qui font parler des littératures de l'imaginaire. Librairies, bibliothèques, centres culturels, organismes d'éducation populaire peuvent s'associer au mouvement et lancer leur manifestation de promotion de l'imaginaire pour faire parler de nos genres préférés. Mais ne pourraient - on pas aller encore plus loin ?

Associer d'autres acteurs me paraîtrait opportun pour une nouvelle étape :

- La presse

- L'éducation nationale.

Pour la presse on va se heurter à un problème de calendrier. Octobre c'est encore la rentrée littéraire. C'est le mois des prix. Les pages littéraires des quotidiens nationaux et de la PQR sont saturés par les sélections du Goncourt et du Renaudot et des autres grands prix littéraire. Et donc ça risque d'être difficile.

Pour l'éducation nationale, beaucoup de professeurs documentalistes ( notamment chez les jeunes professionnels) sont à même de relayer la manifestation. Ce serait certes plus facile à mettre en place dans l'enseignement professionnel que dans l'enseignement général et technologique (mais ça pourrait être fait dans les classes de seconde sans trop de problème). En collège aux niveau quatrième et troisième on doit pouvoir intervenir ( et là on va peut être pouvoir diversifier les lectures recommandées dans un deuxième temps)

Le problème de la date de la manifestation reste donc entier. Octobre pouvant être problématique pour le développement de cette opération l'on peut se rabattre sur janvier, février, mars ou juin qui semble des mois où il est encore possible de mettre en place une opération de ce type.

jeudi 21 octobre 2021

L'évolution de l'imaginaire

 Dans mon précédent article j'évoquais la théorie des cercles. Je dois dire que je ne peux pas quantifier ce que représente chaque cercle, mais de mon expérience j'ai l'impression que le premier et le deuxième cercle ont diminué et que le troisième lui s'est agrandi.

Mais un courant parallèle à l'imaginaire mainstream a fait son apparition : l'imaginaire new adult. Destiné à ceux qui n'arrive pas à passer du young adult à la littérature adulte. Il faut bien dire que dans les années 2000 la chaîne de transmission s'est brisée : entre l'arrêt du poche chez Fleuve Noir et le changement de politique éditoriale chez Pocket avec l'arrivée de Bénédicte Lombardo. Mais aussi la disparition de l'imaginaire dans les maisons de la presse de province où les collections J'ai Lu SF et Pocket SF longtemps abondantes dans ces points de vente a disparu. Même la collection Folio SF y est rare.

Une génération a découvert l'imaginaire avec Twilight et Hunger Games et a voulu rester dans ces ambiances. Aujourd'hui des éditeurs répondent à leur demande en s'appuyant bien souvent sur des autrices qui ont fait leurs preuves sur Wattpad et disposent d'une importante communauté qui leur permet d'évoluer  très vite. Si l'on n'y prend garde un jour cet imaginaire dépassera en nombre de lecteur celui de l'imaginaire mainstream. Ce que les éditions Inceptio par exemple ont bien compris en essayant d'articuler les deux assez intelligemment. 


mardi 3 août 2021

La théorie des cercles

 Quand on s'intéresse au marketing des littératures de l'imaginaire on peut déterminer 3 cercles de lecteur.

- Le premier cercle : des lecteurs très réguliers et très investis. Le cœur de cible.

- Le deuxième cercle : les lecteurs intéressés. Des lecteurs assez réguliers eux aussi mais moins investis. Plus passifs. Mais également passionnés.

- Le troisième cercle : les lecteurs occasionnels.

Un marketing efficace fait passer des lecteurs du deuxième cercle vers le premier et du troisième cercle vers le deuxième. Or quand nous regardons ce qui s'est passé ces 15 dernière années nous avons des lecteurs du premier cercle qui ont rejoint le deuxième et des lecteurs du deuxième qui se sont échappés vers le troisième. Et aussi des lecteurs du troisième qui ont déserté pour aller vers les rivages fréquentés et rassurants du polar et du thriller. Bref des lecteurs ne trouvaient plus leur came. On a essayé de leur faire avaler de force du Dantec, du Houellebecq, du Darrieussecq ou du Damasio. Ils n'avaient ni envie de lire de la bit ni de la fantasy expérimentale. Ils n'avaient pas envie de lire ce qui sort chez La Volte. Ils ne se sont pas reconnus dans ce que publiait Bifrost. Malheureusement pour eux ils n'avaient pas connaissance de l'existence de certaines petites maisons d'édition qui aurait pu les intéresser.

Parce que pour un petit éditeur le principal moyen d'aller à la rencontre du deuxième cercle ce sont les salons. Puisque les libraires ne veulent pas toujours les mettre en avant.

jeudi 22 juillet 2021

Nous sommes en deuil

 La SF française est en deuil. La mort de Roland C Wagner en 2012 fut un énorme choc qui a créé un grand vide. En 2015 la mort d'Ayerdahl en 2015 a eu un impact comparable. Le milieu ne s'en est toujours pas remis. Le vide est prêt à être rempli. La relève est là. Mais le deuil n'est pas terminé. Nous ne n'y sommes toujours pas prêt.

Même si ces deux auteurs nous manquent et que rien ne viendra combler ce manque, il faut aller de l'avant et continuer à faire évoluer le genre. Il y a des auteurs qui sont prêt à émerger. On les connaît, au moins certains. Il faut qu'ils prennent la place qui est la leur. Et pour ça il faut faire le deui.

mardi 20 juillet 2021

La SF française à la lumière de la spirale dynamique

 La spirale dynamique est un outil qui classifie l'évolution humaine entre le niveau beige (survivaliste) et la niveau turquoise ( holistique) en passant par le mauve (tribal), le rouge (égocentré), le bleu ( absolutiste), l'orange (opportuniste), le vert (idéaliste) et le jaune ( systémique).

La SF a quasiment commencé au niveau orange en tant que littérature très scientiste. Mais la SF française a suivi un cour chaotique. Une dominante bleue s'est allumée avec la SF politique française dans les 70 puis à nouveau un courant orange avec le groupe Limite dans les 80. Mais un jour la SF s'est mise en phase avec le siècle. Dans les années 90 une génération fortement verte apparaît ( Bordage, Genefort, Dunyach et même Ayerdahl) et même on comptait un auteur qui a réussi son ascension vers le niveau jaune ( Roland C Wagner avec une vision constructive du monde). Mais évidemment ça n'a pas duré.

Il a fallu qu'on aille chercher les bleus de droite Houellebecq et Dantec pour se légitimer. Et aujourd'hui c'est le bleu de gauche Damasio. Sans oublier l'attraction vers le orange avec la volonté d'aller chercher des auteurs qui écrivent de l'anticipation dans les collections de blanche ( même si sur le plan sémiotique ils n'ont pas la même démarche que les auteurs de SF cœur de cible). La volonté de se légitimer par rapport à la blanche est une démarche orange. En fait il faut dépasser ce cap et s'émanciper de tout pour s'assumer pleinement.

Et pourtant on a des verts très ascendants ( Bruno Pochesci, Jean Bury, Sylvain Lamur, Luce Basseterre) et même un auteur jaune ( Jean Christophe Gapdy). Et là je ne cite que des romanciers. Il y en a encore plus dans les nouvellistes (je pense notamment à deux autrices Lalex Andrea et Arhana). Bref il y aurait de quoi faire quelque chose de vraiment sexy avec la SF. Mais le succès de Damasio fait que certains veulent publier de la SF plus engagée ou plus littéraire. Bref s'engager dans des démarches soit bleues, soit oranges. Si l'on mettait en avant des auteurs verts ou jaunes il est clair que ça marcherait.

Bref et si la SF française n'avait pas le succès qu'elle méritait parce qu'elle n'était pas assez évolutionnaire. Ou plutôt parce que les auteurs les plus évolutionnaires sont mis en avant par de petites structures, là où les éditeurs plus importants prèfèrent des auteurs engagés ou littéraires.