jeudi 30 novembre 2017

Fantasy art and Studies N°3

J'aime la science fantasy, c'est un de mes genres préférés. J'étais donc impatient de découvrir le numéro que Fantasy Art and Studies allait consacrer à ce courant.
Et je dois dire que la déception a été au rendez vous. Déception parce que la plupart des textes se contente de mêler le décorum du médiéval fantastique avec des éléments de SF. Et d'autre part parce que la totalité des textes sont sous le signe de l'humour. On était en droit de s'attendre à de l'originalité ( c'est ça que j'attends de la science fantasy) et même d'un brin de folie.
Les auteurs qui font du mélange de genre ne manquent pas en France ( Philippe Deniel, Anthony Boulanger, Catherine Loiseau, Nicolas B Wulf et quelques autres) pourtant.
La nouvelle de A.R Morency surnage avec son univers de fantasy vancien malgré une histoire un peu trop banale.
Bref ce numéro 3 est bien en dessous des deux autres. Il n'y a ici aucun texte coup de point comme c'était le cas dans les deux premiers opus. Les textes sont toutefois agréables à lire mais manquent sérieusement de l'originalité que l'on est en droit d'attendre de la science fantasy.

mercredi 29 novembre 2017

Redevenir un mauvais genre

La SF et la fantasy sont elles encore des mauvais genres ? La question peut surprendre. On serait tenté de répondre oui. Mais à l'instar du polar les littératures de l'imaginaire sont de moins en moins sulfureuses. Aujourd'hui certains éditeurs parlent de se rapprocher de la blanche. Les seuls médias qui s'intéressent à nous sont France Culture, Télérama ou les les Inrockuptibles. Comme culture de la résistance face à l'oligarchie, on fait mieux.
Oui une partie de la SF est encore contestatrice ou s'adresse encore à un public populaire. Oui la fantasy sous prétexte d'explorer des sociétés imaginaires fait dans l'expérimentation anthropologique et peut décrire des mondes avec des valeurs sociales radicalement différentes des nôtres. Donc oui, nous avons encore cette fibre de contestation. Mais à force de vouloir nous légitimer nous pouvons la perdre.
Oui une partie de la SF essaie de se rapprocher de la blanche. Oui, on a préféré le grand format au poche lésant le lectorat populaire qui cherche des livres peu chers.
Donc quelque part nous sommes en train de perdre ce côté mauvais genre. Nous vendons en librairie, par contre nous avons abandonné le marché des maisons de la presse et nous n'avons plus aucune distribution alternative. Aujourd'hui ce sont les classes moyennes et moyennes supérieures qui s'y intéresse.
Pour que le lectorat prolétarien y revienne il faut retrouver une aura sulfureuse. Cette aura qu'avait les romans du Fleuve Noir. Retrouver un côté hyper populaire pour avoir un socle de lectorat. Et puis des romans qui plaisent aussi bien à l'ouvrier qu'au cadre ça permet de rapprocher les gens malgré leurs divergences sociales et politiques. Et ça c'est bien.

mardi 21 novembre 2017

Univers partagé

Les états généraux des littératures de l'imaginaire nous poussent à réfléchir dans un tas de directions différentes. Et lorsque l'on se pose la question de comment faire lire les gamers et les amateurs de manga et d'animes, on se met à réfléchir sur les univers partagés.
Nous n'avons pas cette tradition.
Ailleurs en Europe par contre elle est vivace. Les Allemands ont créé Perry Rhodan la plus grande série de SF du monde qui fonctionne depuis 1964, un record. Mais c'est un arbre qui cache la forêt. En fascicules comme en livres de poche des dizaines de séries couvrent tous le spectre des littératures de l'imaginaire.
C'est vrai que je n'ai rien repéré dans un pays comme l'Espagne qui a pourtant un tradition de littératures populaires importantes.

Il me faut mentionner deux initiatives américaines également.
- Ed Greenwood a créé le Greenwood Group, sa propre maison d'édition dans laquelle il lance ses propres licences.
- Serial Box est une société qui propose des séries littéraires numériques gérées comme des séries télé avec un coordinateur qui tient lieu de showrunner. Et les épisodes sont écrits par des auteurs qui appartiennent au collectif des créateurs de la série.

L'initiative la plus intéressante en France semble être Hoshikaze 2250, un univers de space opera qui donne lieu à des anthologies et dans lequel Philippe Halvick a écrit 2 romans. L'intérêt de cette licence c'est que c'est une licence ouverte en creative commons. Je pense que dans cette direction on doit pouvoir faire des choses intéressantes.

Tout ça pour dire que créer des univers partagés made in France permettrait peut être de faire lire des gens qui n'ont pas l'habitude de lire et qui apprécient l'imaginaire notamment par le jeu vidéo. En tout cas c'est quelque chose qui manque dans le paysage des littératures de l'imaginaire.

mardi 7 novembre 2017

Le schisme de 2008

Aux états généraux des littératures de l'imaginaire on s'est rendu compte qu'entre 2008 et 2009 il y avait eu une baisse des ventes assez importantes, ventes qui n'ont jamais augmentées depuis.

Que s'est il donc passé en 2008 ?
D'une part il y a eu la crise économique qui impacté les achats de livres. Mais curieusement cette baisse est nettement moins importante sur les autres littératures. L'imaginaire est beaucoup plus touché.
2008 c'est aussi l'année où la bit lit a débarqué chez Milady. Bien vite J'ai Lu et Eclipse ont emboîté le pas avec leurs propres collections. Le but était de créer un cheval de Troie pour amener le public féminin aux littératures de l'imaginaire. Sauf que ce plan n'a pas fonctionné.
D'une part des lectrices ( et lecteurs) de fantasy urbaine sont passé à la VO parce que les séries qui les intéressaient n'étaient pas traduites (source plusieurs intervenantes sur le forum Bragelonne qui ont largement exprimé leur ras le bol de la bit lit et leur choix de lire les séries intéressantes en VO) . D'autre part la bit lit a plus conduit les lectrices vers la romance que vers la SF ou fantasy traditionnelle. Dans l'étiquette bit lit, ce sont les ouvrages plutôt orientés paranormal romance qui fonctionnent le mieux, ceux qui sont plutôt fantasy urbaine se vendent moins.
La bit lit est devenue très invasive et l'on a publié moins de titre de SF et même la fantasy est devenue  légèrement moins importante. Donc que des lecteurs se soient moins retrouvés dans la production de certains éditeurs, on peut le comprendre. D'autant plus qu'ils ne connaissent pas forcément la production des petits éditeurs car beaucoup de lecteurs ne se documentent pas sur le net et se contentent de la production qu'ils voient en librairie.
Nous autres petits éditeurs devons être plus offensifs. Il faut sans doute se regrouper, monter des collectifs pour crier plus fort.

Avec la bit lit on s'est coupé du public masculin jeune. Chez les moins de 25 ans, le lectorat féminin est majoritaire. Pourtant les jeux vidéo média qui utilisent largement l'imagerie de la SF et de la fantasy sont largement pratiqué par de jeunes garçons. Ne pas avoir voulu créer un lectorat unisexe est une erreur. Cela n'empêchait pas à côté de publier des œuvres plutôt orientées filles ou garçons d'ailleurs. Mais il fallait mettre l'accent sur une littérature pouvant être lue aussi bien par des filles que par des garçons. Ce qui n'a pas été fait.