mardi 22 avril 2014

Nouveau Monde 3

Vous le savez, j'apprécie pas mal la lecture des webzines qui permettent de découvrir de nouveaux auteurs et de lire des textes sympathiques. Nouveau Monde propose des textes plus inégaux que Outremonde ou Mots et Légendes. Ce numéro est l'occasion de quelques confirmation comme Mike Barissan ou Patrick Cialf. Et nous trouvons aussi une superbe révélation en la personne d'Eric Colson qui nous livre trois nouvelles de grande qualité. Bref un webzine à soutenir pour tous ceux qui aiment la littérature populaire dans l'esprit du Fleuve Noir.

vendredi 18 avril 2014

SF, anthropologie, philosophie....

On a coutume de dire que la SF ne parle pas du futur mais du présent. Personnellement je pense que la SF n'est pas une littérature qui parle du présent. Le présent c'est l'anticipation qui l'évoque mais ce n'est qu'une petite partie de la SF. Il est normal que des auteurs parlent des préoccupations de leur temps et des grandes peurs du moments : le conflit nucléaire dans les années 70 ou le réchauffement climatique aujourd'hui. Mais les auteurs se servaient de l'univers post apocalyptique pour décrire des alternatives sociales à l'instar de Norman Spinrad dans le Champ des Etoiles. Au lieu d'évoquer les conséquences du réchauffement climatique je préférerais que l'on m'évoque un monde où des alternatives technologiques et socio économiques ont permis de triompher de ce réchauffement climatique.
Mais revenons à une définition de la SF. Il s'agit ni de parler du futur ni du présent. La SF est une littérature qui met en scène les grandes questions philosophiques. On le voit bien c'est une ambition qui dépasse le fait de parler du futur ou du présent. C'est un genre anthropologique qui s'interroge sur la nature de l'humain, sur l'altérité et d'autres grandes thématiques d'ordre anthropologique. Il serait tentant de voir dans Dune de Franck Herbert un simple roman évoquant les effets pervers de la dépendance à une ressource économique, l'épice n'étant qu'une métaphore du pétrole. Mais Dune est beaucoup plus riche que cela. Le roman de Herbert évoque aussi des questions théologiques, écologiques, l'opposition entre la liberté et l'oppression à travers la description ethnologique des Fremen, l'opposition entre des systèmes politiques, et même une analyse anthropologique de la féodalité et la question de l'eugénisme à travers les manipulation du Bene Gesserit. Bref Dune est un véritable roman anthropologique. Et Herbert n'est pas le seul auteur à avoir fait oeuvre d'anthropologue ou de philosophe. Jack Vance, Ursula Le Guin et bien d'autres ont mis les questions anthropologiques au coeur de leur oeuvre.
La SF qui parle du présent c'est celle de Dick, celle des cyberpunks, mais pas celle de l'âge d'or ou celle des néoclassiques des années 70, celle des auteurs français comme Pierre Bordage ou Laurent Genefort.  La SF est une littérature philosophique mais contrairement à ce qu'avance Serge Lehman c'est celle de l'anthropologie pas celle la métaphysique.

vendredi 11 avril 2014

Esthétique de la fusion

Esthétique de la fusion c'était le titre d'une anthologie que Gilles Dumay avait en projet au début des années 2000 et qui n'avait jamais vu le jour. La fameuse fusion selon Dumay c'était le rapprochement de la SF et de la fantasy, le rapprochement des sciences humaines et des littératures de l'imaginaire, la convergence de l'imaginaire et de la littérature blanche. Aujourd'hui Dumay ne s'intéresse plus guère qu'au troisième point (qui est aussi de mon point de vue le moins intéressant) et c'est dommage parce que l'ère de la fusion a commencé. Et cette fusion va beaucoup plus loin que ce qu'imaginait Dumay.
- La Sf et la fantasy s'hybride de plus en plus. Science fantasy mais aussi arcanepunk, steampunk... Et l'horreur qui se mêle tantôt à la SF, tantôt à la fantasy. Les littératures de l'imaginaire s'interpénètrent loin des querelles de chapelle que nous nous évertuons sans cesse à rallumer.
- Les sciences humaines n'ont jamais été aussi présentes dans le domaine des littératures de l'imaginaire. La jeune génération revendique bien haut l'utilisation de l'anthropologie et de la philosophie ( et on est bien loin de la métaphysique dans la majorité des cas) principalement dans le champ de la nouvelle. Cela concerne les auteurs anglosaxons mais aussi les jeunes auteurs francophones, ceux qui publient dans les webzines et les anthologies et qui sont malheureusement au dessous de la ligne de flottaison pour beaucoup d'amateurs.
- Le thriller et la romance vont chercher de plus en plus leur propos dans l'imaginaire. Ce sont les littératures populaires qui s'abreuvent à la source de l'imaginaire et pas la littérature générale.
- On assiste à l'éclosion chez les anglosaxons d'une véritable diversité. Aussi bien auteurs issus des minorités qu'anglophones non anglosaxons revitalisent le genre en apportant l'influence d'autres cultures. Il est dommage que chez nous il n'y ai malheureusement pas plus d'auteurs issus de l'immigration ou de la France des Dom Tom pour apporter une nouvelle fraîcheur bienvenue.
- Fusion également dans l'écriture avec l'influence des écritures médiatiques dans l'écritures littéraires de la Sf et de la fantasy.
- Enfin fusion dans le dialogue avec les autres média qui rapproche les littérature de l'imaginaire de toutes les cultures geeks.
Bref la fusion est là il faut la voir. Peut être que pour qu'elle sévisse aussi chez nous il faudrait un fandom construit plus en réseau avec des acteurs plus à l'écoute les uns des autres. Le seul éditeur important qui s'est rendu compte que la fusion existe semble être Bragelonne. Peut être est ce pour cela qu'il se développe encore alors que les autres baissent les bras.

lundi 7 avril 2014

Le syndrome du panda

Il fut un temps où Croc, auteur de jeu de rôles évoquait le syndrome du panda. Le panda ne s'adapte pas à son environnement, le panda est en voie de disparition. Le jdr ne s'adaptait pas à son marché, le dit marché connaissait un forte baisse.
Le panda est aussi présent en littérature de l'imaginaire. Quand on va sur certains forums de jdr on se rend compte qu'il y a tout un volet du public qui a envie de pulp. Et même sur les forum purement SF d'ailleurs la parole commence à se libérer par rapport aux aspects les plus populaires du genre. Quand on regarde où l'imaginaire est omniprésent, dans quel média il est le plus présent, eh bien ce sont les jeux vidéo. Est ce que l'on répond aux demandes de ceux qui veulent un littérature plus pulp ? Est ce que l'on s'intéresse au public des gamers comme à celui du jdr dans les années 90 ? Et bien non. Il faut essayer de séduire le public de la blanche. En fait on ne comprend pas qu'il faut élargir le lectorat par le bas et non par le haut. Ou plutôt on a compris que c'était nettement moins prestigieux et que l'on aurait toujours cette étiquette de mauvais genre qui n'est pourtant pas un problème. Le polar est toujours un mauvais genre et les chiffres de vente sont élevés. Donc ce n'est pas un problème.
Qui fait le travail aujourd'hui : Bragelonne, Eclipse et quelques small press. L'Atalante et Mnémos le font au coup par coup alternant populaire et ambitieux. Donc il y a des éditeurs qui font le job mais je crains que ça ne suffise pas.