samedi 26 janvier 2019

Géante Rouge HS Prix Alain Le Bussy 2018

Géante Rouge vient de mettre en libre téléchargement un numéro spécial composée des textes demi finalistes du prix Alain Le Bussy.
La dystopie s'y taille la part du lion mais l'on trouve quelques autre thèmatiques dans certaines nouvelles.

"le dilemme du faux semblant " de Jean Jacques Jouannet est une nouvelle à la fois asimovienne et dickienne dont je ne parlerais pas plus avant. Classique mais solide.

"Une épine parmi les étoiles" de Franck Petruzelli nous présente le blues du pilote d'un vaisseau à génération. Une texte extrêmement ennuyeux. Peut être normal pour un texte sur l'ennui. Mais très dispensable. Un exercice de style.

"Melusin€" de Jean Marc Levadoux est un autre texte assez dispensable. Une reconstruction du mythe de Mélusine sur fond de réalité virtuelle et de capitalisme. Un peu facile.

"Le signal" de Simon Boutreux est une nouvelle qui pêche par sa longueur. Le comble pour une nouvelle. Avec 2000 ou 3000 signes de moins la nouvelle aurait sans doute été bien plus percutante.

"Plan Q.s" d'Edwyge. Un texte amusant sur la séduction dans un monde dystopique. Qui se paye le luxe d'avoir une fin optimiste.

"Jeux de dame" de Philippe Pinel. Autre dystopie, un peu facile celle là. Très proche de notre monde. Où il est question de standardisation des individus. Là aussi un peu facile. Et dispensable.

"Un monstre peut en cacher un autre" est une dénonciation du complexe militaro-industrielle sur fond de politique galactique. assez solide.

"Atropos" de Vincent Ferrique est un texte cyberpunk post apocalyptique avec ses faux semblants et sa surprise finale. Là aussi le complexe militaro-industriel est évoqué. Et nous avons un worldbuilding qui nous donne envie d'en savoir plus sur cet univers dominé par les USA devenu un empire dystopique.

"Manta" de Claude Caré est une autre intrusion dans le domaine du space opera ( le parent parent pauvre de ce recueil). On y aborde le thème très moderne des réfugiés. Que trouveront - ils au bout de l'exil ? Echapperont-ils à leur destin ?

Je confesse ne pas avoir été capable de terminer "le centre et la périphérie" d'Edouard Sueur, texte avec lequel on se croirait revenu aux pires moments du groupe Limites.

Avec "la cité flottante", Françoise Grenier Droesch nous propose un texte poétique avec un univers très travaillé. Encore une dystopie où un jeune homme, clandestin essaie de s'échapper. Mais la fuite est elle possible ? Une des bonnes surprises du recueil.

Dans "Illusions", Marie Latour s'attaque au thème de la réalité truquée dans un texte que n'aurait pas renié Philippe K Dick.

Dans "Dolorés", Audrey Pleynet évoque la marchandisation de la douleur. Un récit qui fait froid dans le dos qui dénonce les excès du capitalisme et qui évoque le conflit entre économie et éthique.

Avec un titre très Houellebecquien, Olivier Cébazat dans "extension du domaine du cerveau" renvoie dos à dos abrutissement médiatique et mieux disant culturel, et qui nous montre que la démocratie n'a rien à gagner d'une politique qui obligerait les citoyens à se cultiver.

"Survive on earth" de Samuel Dutacq est un bon texte sur l'évolution au contact de l'autre.

"D'Alpha à Omega" d'Odile Thibaud est un classique récit post apo d'une solide facture. Mais aussi un voyage initiatique où les deux héros vont apprendre à mieux se connaître eux même en surmontant les épreuves. Et ils découvriront que peut être le voyage n'apporte pas forcément le changement espéré.

lundi 14 janvier 2019

Les espoirs de l'imaginaire : Weggen

Weggen est un auteur qui m'a impressionné avec ces textes dans le webzine Fantasy Art And Studies. Nous tenons là un sérieux client. Un auteur qui devrait faire parler de lui prochainement.

1- Peux-tu te présenter en quelques mots ? 
Je suis d'origine marocaine, né en 1992. J'habite en France depuis 2010 où j'ai effectué des études en Pharmacie. Je travaille actuellement comme chercheur-doctorant dans un laboratoire spécialisé en controlled drug delivery.

 2- Comment es tu arrivé à l’écriture ?
Il y a de très nombreuses œuvres qui m'ont marqué tout au long de ma vie, et qui ont participé à façonner ma sensibilité. Que ce soit au cinéma, en musique, dans les jeux vidéos, les animes, la peinture, la littérature. Au bout d'un certain temps, vers la fin de mon adolescence, je ressentais simplement le besoin de m'exprimer à mon tour, de créer quelque chose qui puisse toucher profondément les gens et les émerveiller. Je me suis tourné assez naturellement vers l'écriture, car c'est le format qui me permettait de traduire ma pensée de la manière la plus instinctive ; je m'y sentais à l'aise tant pour décrire des environnements que pour sonder des personnages. Au départ je travaillais mes nouvelles dans mon coin, et puis je me suis inscrit sur un forum d'écriture aux alentours de l'été 2012. Être au sein d'une communauté d'écrivains m'a énormément aidé à progresser, recevoir des retours et pouvoir échanger avec différents auteurs est quelque chose d'inestimable à mon avis.

3 - Ton univers cosmopolite et un peu fou est très proche de la New Weird anglaise et notamment de China Miéville. Est ce une influence que tu revendiques ? 
Je n'écris pas avec en tête d'appartenir à un mouvement en particulier, mais il est vrai que certains de mes textes (ceux publiés chez Fantasy Art and Studies notamment) mêlent intentionnellement les genres de l'imaginaire, ce qui les rapproche beaucoup de la New Weird. Personnellement, je pense que c'est surtout le fait d'avoir été confronté très jeune à des univers hétérogènes (les Final Fantasy de la période Playstation ou les films de Miyazaki par exemple) qui a développé mon attrait pour des mondes hybrides. Les frontières entre SF, fantasy et fantastique ont rapidement été brouillé pour moi, donc je me pose rarement la question de savoir à quel genre je me rattache. Je sais que j'aime l'imaginaire dans son ensemble pour la liberté qu'il offre, et que chaque genre apporte une esthétique et des thématiques qui sont susceptibles de me plaire, alors pourquoi ne pas les combiner ? Au final j'essaie simplement de construire un univers qui m'enthousiasme et me ressemble, en puisant dans ce qui m'a marqué avec un minimum de cohérence.

4 - Tes univers présentent des individus d’espèces diverses qui tentent de coexister tant bien que mal. Le vivre ensemble, paraît un thème dominant dans tes textes. Pourquoi ce choix ? 
Cela ne répond pas directement à la question, mais je dirais que c'est dû au fait que je ne me retrouve pas dans les dystopies. Je préfère que mes personnages soient confrontés à des problématiques internes plutôt qu'externes, donc souvent ce n'est pas la société qui les tourmente mais leurs petits soucis personnels. Alors, comme dans la vraie vie, je pense que c'est en rencontrant des gens différents et en interagissant avec eux dans la bienveillance qu'il est possible de trouver un semblant de paix avec ses névroses. Que ces individus soient d'espèces diverses n'a pas trop d'importance pour moi, et pour eux non plus j'imagine. Je trouve que le meilleur moyen de rendre hommage à la diversité est de ne pas la relever, comme un accord tacite entre eux que oui leurs apparences sont très différentes, mais qu'au final chacun essaie simplement de trouver sa place dans la société. Vivre ensemble pour un lendemain plus supportable.  

5 - Quels sont tes principaux projets littéraires ? 
J'ai participé au NaNoWriMo 2018, qui consiste à écrire un roman de 50000 mots en un mois. Le premier jet est bouclé, il s'agit du roadtrip d'une vagabonde, d'une prêtresse et d'un spectre hantant une guitare électrique dans un univers encore une fois très hybride. Je suis en train de corriger le manuscrit pour faire en sorte qu'il soit prêt d'ici septembre 2019. Entre temps, je pense consacrer quelques semaines à la préparation d'un recueil un peu spécial, avec une sorte de mise en abîme sur mes propres nouvelles. Sur le plus long terme, j'ai un texte très conséquent que je compte reprendre d'ici la fin de l'année, ça parle de foot féminin lycéen dans un monde mâtiné d'un peu de magie, qui empruntera beaucoup aux light novels