lundi 6 octobre 2008

Critique : Outremonde 7

Outremonde est une aventure que je suis depuis ses débuts. C'est un des meilleurs webzines français consacré à l'imaginaire. Jusqu'à présent je n'avais pas été déçu. Mais il faut un commencement à tout. Ce numéro 7 est donc décevant.
Le thème retenue - d'un monde à l'autre - évoquait pour moi space opera, planet opera, univers parallèles, récits de voyage, d'exploration, d'exil, récit sur les mutations sociales et l'évolution des civilisations. Au lieu de cela, je trouve slipstream, contes philosophiques, métaphores. Mais commençons par parler du positif car il y a de bons textes :
- l'homme-télescope d'E-Traym : Un texte à la très forte charge poétique digne des meilleurs Jean Claude Dunyach.
- Ogre des Villes et ogres des champs de Sophie Dabat : un amusant texte de fantasy sur ce que sont devenus les ogres dans notre société. Avec une chute assez ironique.
- Les vérités de Paddy de Kevin Kiffer : une récit d'exil et d'aventure maritime. Un excellent texte de fantasy.
- Sentience de Florent Salem : de la hard science à la manière de Greg Egan. L'enjeu c'est la perception sensorielle absolue à l'aide d'un symbiote artificiel.

Mais le reste m'a nettement moins convaincu :
Reborn d'Anthony Boulanger : ça avait pourtant bien commencé. Un récit d'exploration spatiale à la manière d'arthur C Clarke mais ça se gâte avec le chute métaphorique et lourdingue qui plombe le texte.
Le syndrome de Victor de Sylvain Lasju : du slipstream à la limite de la littérature générale. Pas très intéressant. Je ne vois vraiment pas où est l'imaginaire dans ce texte.
Paul O Coste de Nicolas Hel : encore du slipstream. Le plus puissant empathe de le terre provoque une catastrophe. C'est traité à la manière d'un des plus mauvais romans de Robert Silverberg, l'oreille interne. Mais là c'est une nouvelle. C'est sombre et ça se complet dans la noirceur.
Le chant des dunes de Aurélie Ligier : Un joli petit compte philosophique très ennuyeux à lire.
Le grand Moudzou : L'univers intérieur encore et encore. Cette fois ci c'est celui de l'enfance et la manière dont l'enfant transforme la réalité par le jeu. Mais encore une fois ce n'est pas très concluant.
La fable de Babylone de Michael Moslonska : un récit d'anticipation sur l'immigration clandestine. C'est bourré de poncifs et c'est plutôt pénible à lire.

Où sont donc les petites merveilles dont Outremonde avait le secret ? Ces textes finement ciselés qui vous scotchait sur votre chaise. J'ai comme l'impression qu'il y a eu des changements dans le comité de lecture. Cette prédominance de textes intimistes est assez peu dans la manière de ce qu'avait fait Outremonde jusqu'à présent. Je serais presque tenté de dire un numéro à oublier, un numéro loupé. Ca arrive. Sur un thème classique, à vouloir privilégier l'originalité on risque de franchir la ligne rouge et publier des textes plus expérimentaux au détriment de petites mécaniques bien huilées qui malgré leur classicisme peuvent très bien fonctionner. J'ose espérer que ce n'est qu'un incident de parours pour un zine qui jusqu'à présent avait fait un parcours sans faute.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Roh, l'oreille interne un mauvais roman ...
Ça mérite des claques quand même.
C'est sur que c'est un roman un peu atypique, mais la réflexion sur le pouvoir du héros est très intéressante. En particulier, le roman prend à rebrousse-poil l'idée bien ancrée que le mutant est malheureux et rejeté à cause de son pouvoir. En l'occurence, le mutant est malheureux et rejeté parce qu'il a choisi de l'être.
Enfin bon.

Redonnez-lui une chance peut-être.

Fabien Lyraud a dit…

"L'oreille interne" c'est quand même un roman sur les états d'âme et les problèmes sexuels d'un télépathes. Ce n'est pas passionnant. On croirait lire un mauvais roman de littérature générale. Ca se traîne en longueur. Comment traiter en 300 pages le sujet d'une grosse nouvelle.