samedi 12 décembre 2020

Worldbuilding does matter

 Désolé pour le titre anglais. Mais l'approche worldbuilding does matter, est une approche des littératures de l'imaginaire considérant qu'un univers cohérent est la base d'un récit de SF ou de fantasy. Apparue au cours de la deuxième moitié des années 2000 d'abord en fantasy, elle est ensuite arrivée en SF. 

Et finalement ce qui est intéressant c'est que ça donne un texte autrement plus vivant. On a un effet d'univers vraiment profond que ce soit pour un roman ou une nouvelle. C'est ça la nouveauté. Certains auteurs construisent vraiment un monde pour des récits courts. Et finalement je préfère de loin cette manière de faire. Et aujourd'hui les textes construits de cette ainsi sont vraiment ceux qui m'intéressent le plus. Elle ne reste pas réservé en SF au space opera. Des auteurs de récits du futur proche l'utilisent aussi. 

Et la France dans tout ça ? Nous avons quelques auteurs qui vont dans cette direction : Jean Bury, Anthony Boulanger, Sylvain Lamur, Ange Beuque et pas mal de jeunes auteurs qui sont en train d'arriver. Et pour reprendre l'aspect nouvelle je vous conseille de lire " le quartier des concubines" d'Arhana. Tout le récit est construit autour du worldbuilding même l'autrice nous présente les choses au fur et à mesure. On voit que la construction d'un tout cohérent était l'un des objectifs.

lundi 19 octobre 2020

Influences

 Aujourd'hui les influenceurs sont partout sauf dans les littératures de l'imaginaire.

Il y a quelques années je me suis intéressé aux booktubeurs. Je n'en ai trouvé très peu de convaincants et ils n'avaient pas forcément un nombre d'abonnés impressionnants. Par exemple pour ne citer que les plus intéressants, Opalyne a 12500 abonnés pour une moyenne de 9000 vues, Moun n'en a lui que 6510 pour une moyenne de 3000 vues. Aucun ne dépassent les 100 000 abonnés. C'est à partir de là que ça commence à être intéressant. Si je cite ces deux là, c'est parce qu'ils se distinguent des autres par un plus grand ecclectisme dans leurs choix. Et ce sont des booktubeurs 100% imaginaire contrairement à d'autres qui ne s'y consacre que partiellement. ( j'en ai aussi marre des nanas de 30 ans qui ne lisent que du young adult).

Il y a des chaîne comme Nexus VI qui peuvent par contre être intéressantes. Lui il dépasse les 200 000 abonnés. Mais il parle aussi bien cinéma que livres. Il parle assez peu de bouquins et ne s'intéresse pas du tout aux auteurs français et encore moins aux petits éditeurs. Ses rares vidéos littératures font un peu moins de vue. C'est sans doute pour ça qu'il en fait peu.

Une chaîne comme l'Echo Vaporiste qui parle du steampunk n'a que que quelques centaines d'abonnés. Et donc ne pèsent pas lourd. La dernière vidéo n'a fait 230 vues.  

Il y a quelque part quelque chose à faire. Je ne sais pas comment les choses sont structurées à l'étranger. Notamment dans le domaine anglophone. S'il y a là bas des booktubeurs ou des chaînes Youtube qui pèsent lourd dans le domaine de l'imaginaire.

vendredi 7 août 2020

Géante Rouge HS Prix Le Bussy 2019

 Cette anthologie des accessit du Le Bussy est plutôt une bonne surprise. Elle s'avère supérieure à celle de 2018 que j'avais critiqué dans ce blog. Revue de détails

Holosim Florence 1640 de Lalex Andréa : Une technicienne est chargée de réparer une simulation VR. Et le problème est plus compliqué que prévu. Un texte agréable avec un ton hopepunk.

Demi-jour de Xavier Watillon : Ce n'est pas toujours facile pour une ado de 15 ans qui grandit sur une station spatiale de faire son chemin dans la vie entre l'ombre d'un petit ami disparu et un père que l'on idolâtre. Peut être faut-il saisir les opportunité les plus folles. Deuxième texte résolument hopepunk de l'anthologie. 

Malentendus d'Eric Morlevat : De la SF diplomatique avec une bonne dose d'humour noir. En plus un texte qui tord le cou à des clichés sexistes. Amusant et bien vu.

Le quartier des concubines d'Arhana : Un récit intimiste dans ce qui pourrait être une Chine du futur, à moins que ce soit un univers uchronique. Une femme médecin est confronté à une ancienne amie, bon prétexte à l'introspection et à un peu d'exploration anthropologique de cette société (dont on a envie de savoir plus). Une réflexion douce amère sur la technologie et un propos résolument féministe.

Le trajet de Franck Ferret : L'inévitable houellbecquerie cyberpunk. Une variation sur le tourisme virtuel. Totalement dispensable. 

Epsilon d'Elena Natrochvilli : De la SF militaire. Un officier qui perd la mémoire. Est ce dû à sa condition de clone ou à autre chose. Une tranche de vie dans la carrière de ces militaires qui préféreraient sans doute être ailleurs. Finalement une bonne dose d'antimilitarisme.

Le cœur de la cité de Nicolas Petitpas : Une technicienne va réparer un secteur défectueux et désaffecté de la Cité sur le plan à la fois matériel et virtuel. Elle évolue en symbiose avec une IA. Elle va être confronté à un adversaire auquel elle ne s'attende pas. Là aussi un worldbuilding assez solide.

Nous les Gris de Lucile Délignères : Après la destruction de l'URSS par l'arme atomique, des soviétiques ont reconstruit une société dystopique dans le métro de Moscou. Une nouvelle post apocalyptique faisant rencontrer Fallout et l'univers de Dimitri Glukhovski. Là aussi assez solide.

Le trésor de l'océan de Mathieu Pauget : Ça commence comme une histoire de contrebande intergalactique pour basculer dans le jeu d'échec cosmique abordé du point de vue du pion. Celui qui ne connaît par les règles et qui n'a qu'une vague idée des joueurs mais sur lequel on compte. Mais le pion peut être disputé par plusieurs joueurs. En plus l'auteur a vrai sens du spectaculaire et du cosmique. Ma préférée. Un auteur à suivre.

Signal de Sylvain M Nawrocki : Une variation sur le premier contact dont j'avais deviné la chute après 3 paragraphes. Dispensable.

lundi 29 juin 2020

Livres de l'été

Je regarde dans le journal ce matin la liste des 10 livres de l'été. Et bien entendu aucun titre SFFF.
Là encore cela interroge le marketing de nos genres. Eh, oui depuis des années on nous vend la SF et parfois la fantasy comme des littérature de réflexion sur le monde voire comme une littérature de combat. Et quand on parle de livres plus léger certains poussent des cris d'orfraie : la SF c'est pour faire réfléchir par pour se détendre.
Mais un livre de détente n'est pas forcément idiot. Nous devons positionner des titres sur le créneau des livres de l'été. Ne pas le faire c'est se couper d'une partie du public. Et surtout se priver d'avoir des titres qui marchent et qui soient un peu différents de ceux qui fonctionnent actuellement.
Encore une fois en se voulant disruptifs nous n'arrivons pas à toucher un large public. Mais ce n'est pas de disruption qu'a besoin le public populaire mais de romans qui le fasse rêver.  Le public a le droit aussi à son content d'aventures, d'exotisme, d'épique et de spectaculaire. Parce que la SF et la fantasy c'est ça aussi. Donc les titres qui ont ces éléments là, il faut les mettre en avant.

lundi 22 juin 2020

Changer de marketing

Et si la crise des littératures de l'imaginaire était due à un marketing inapproprié.
Le storytelling est le suivant : Les littératures de l'imaginaire font réfléchir, ce sont des littératures d'idées...... Tout va dans ce sens là. On comprend que le but est de viser le public de la blanche. Mais est ce bien ce public là qu'il faut viser ? Ou plutôt un public de non lecteurs qui connaissent l'imaginaire par les jeux vidéo, les séries, le cinéma...... 

Il y a d'autres axes à privilégier.

1- Les effets spéciaux illimités. Développé dans mon précédent billet. Les littératures de l'imaginaire ça peut être mieux que le cinéma.

2- Les possibilités offertes sont illimitées car l'imagination est illimitée. En SF seule les limites de la science sont des barrières. Et la science évolue. Et en plus, l'on peut passer outre et ce sera de la science fantasy.

3- L’occupation la plus chère et la plus intense de l’enfant est le jeu. Peut - être sommes nous autorisé à dire que chaque enfant qui joue se comporte comme un poète dans la mesure où il se crée un monde propre. L’opposé du jeu n’est pas le sérieux mais la réalité. (Sigmund Freud).
Bref la Sf et la fantasy sont deux énormes coffres à jouets. Et l'on est pas prêt d'épuiser ces jouets merveilleux. Et puis quand on peut toujours puiser dans le coffre du voisin pour démultiplier les possibilités. C'est génial quand on y pense. 
Le lecteur d'imaginaire garde une part d'enfance en lui qui lui permet peut être d'éviter d'être atteint par la corruption du monde.
Voir mon article de 2009 sur le sujet.
https://propos-iconoclastes.blogspot.com/2009/12/le-sense-of-wonder-et-la-nature-ludique.html

4 Les rêveurs diurnes sont des hommes dangereux parce qu'ils peuvent jouer leur rêve les yeux ouverts. (Thomas Lawrence).
Faire rêver quelque part est plus subversif que faire réfléchir. Le rêveur ouvre son esprit à des réalités différentes qui lui permettent d'accéder à des visions du monde elles aussi un peu différentes. Il développe son imagination, ce qui lui donnera un regard sur monde bien différent des autres. Souvent décalés mais parfois innovant. Bref la société a besoin de rêveurs si elle veut évoluer. Donc nous avons besoin de faire rêver. Et l'on peut faire réfléchir en faisant rêver. Plus rarement faire rêver en faisant réfléchir.

mercredi 17 juin 2020

Effets spéciaux illimités

Je lisais récemment le tweet d'une autrice qui évoquait nos littératures ainsi : les littératures de l'imaginaire c'est un budget d'effets spéciaux illimité.
Elle a raison. Et je vais même aller plus loin : ça devrait être notre principal axe de communication.
Il faut arrêter de vouloir attraper le lecteur de blanche en essayant de le séduire avec des formules creuses du type : "La SF c'est la littérature qui fait réfléchir", "la SF c'est la littérature qui rend intelligent" ou encore "la SF c'est une littérature de combat".
On a voulu privilégier la littérature d'idées. Très bien. Mais si l'on peut faire réfléchir en faisant rêver on a sans doute oublié que c'était presque impossible de faire rêver en faisant réfléchir.
Il y a des auteurs qui sont déjà là aussi bien en SF qu'en fantasy qui y sont déjà. Et d'autres qui attendent patiemment. Il faut simplement adapter la communication à la réalité du public. L'on a jamais attrapé de mouches avec du vinaigre. Il faut commencer à le comprendre. Et donc mettre en avant cette idée d'effets spéciaux illimité, mettre en avant des œuvres qui illustre ce principe, ça pourrait changer la donne. Qu'on essaye au moins et que l'on regarde ce que cela donne. L'on peut pas se plaindre de ne plus avoir de lectorat populaire si l'on ne communique que vers les classes supérieures.

jeudi 23 janvier 2020

Sélectivité

Le succès de Damasio interpelle. Les éditeurs s'interrogent et essaient de comprendre quelles tendances ça peut impliquer pour le futur de nos littératures. Personne ne se demande si Damasio ne représente pas autre chose que Damasio.

Par contre l'auteur de l'imaginaire qui vend le plus aujourd'hui est une autrice, Christelle Dabos. Elle publie sous l'étiquette young adult. Et aucun éditeur ne s'interroge sur le pourquoi du succès de la série des Passe Miroirs et ce qui plait dans ces livres. Ne serait-ce pas pertinent de se demander pourquoi une autrice de fantasy vend autant ?
Le succès de Harry Potter a fait réfléchir les éditeurs anglo-saxons au début des années 2000. Ils ont essayé de comprendre. Ils en ont tiré des tendances parfois bonnes, parfois plus discutables. Mais ils en parlaient. Bref n'y aurait-il pas un snobisme caché ?