vendredi 21 juin 2019

Visibilité

Ils s'appellent Jean Bury, Phil Becker, Kevin Kiffer, Jean Christophe Gapdy, Bruno Pochesci, Elie Darco, Emilie Querbalec ou Catherine Loiseau et beaucoup d'autres . Ils sont la relève, l'imaginaire d'aujourd'hui mais encore plus celui de demain. Mais vous avez choisi de les ignorer. Leur crime : publier chez de petits éditeurs. Mais être capable d'œuvres remarquables.
Ils n'ont jamais publié dans Bifrost. Donc pour vous ils n'existent pas. Dommage vous ne savez pas ce que vous ratez.

J'aurais pu en citer beaucoup d'autres : Arnauld Pontier, Yael-July Nahon, Gregory Covin, David Chauvin, Sylvain Lamur, Nicolas Pagès, Siana, Luce Basseterre et encore bien d'autres. L'imaginaire français est multiple et ne se limite pas à quelques têtes d'affiches.

dimanche 2 juin 2019

La fantasy se vend mal

Ainsi la fantasy se vend mal selon un article du Point Pop.

Dans un pays où le genre n'est présent que dans les grandes villes et certaines villes moyennes ce n'est pas étonnant.
Mais si l'on veut comprendre pourquoi les littératures de l'imaginaire ne sont pas le centre de gravité des littératures populaire comme dans de nombreux autres pays il faut revenir en arrière. En 1979. La cause en est politique et de la politique plutôt nauséabonde.

C'est donc vers 1978 que Denis Tillinac se rend compte que la science fiction et le roman noir sont en plein essort. Or la majorité des auteurs qui œuvrent dans ces genres sont plutôt à gauche. Et l'éditeur voit déjà les chars de l'armée rouge sur les Champs Elysée. Et pour sauver une vision conservatrice voire réactionnaire de la littérature populaire, il lance l'Ecole de Brive. Je n'exagère pas. Il relatait les faits dans interview à la Montagne il y a quelques années.

Ça aurait pu être anecdotique. Mais la littérature de terroir va connaître un développement inattendu. Et va s'imposer comme le centre de gravité des littératures populaires pendant au moins 15 ans. Le polar reprendra la place qui était la sienne au milieu des années 90.
Et pendant ce temps la SF a réduit son audience. Il faut attendre 1996 pour qu'on la voit réemerger. La fantasy française va s'organiser à partir à peu près de la même date. Quinze années perdues durant lesquelles les auteurs finissent par disparaître après quelques nouvelles. On finit par se rendre compte de ce que l'on a perdu quand les romans finissent par paraître comme les romans de Jacques Boireau parus à titre posthume.
Les choses sont reparties au milieu des années 90 mais quelque part le mal était fait. La SF française redémarre et la fantasy française rentre dans l'âge adulte. Mais si au début les choses marche bien, ça retombe au début des années 2000 sans que l'on sache bien pourquoi. Un phénomène nommé déperdition des 25 ans ( en gros des lecteurs à partir de l'âge de 25 ans finissent par décrocher des genres de l'imaginaire pour mettre au polar ou à la blanche parce que ça fait plus sérieux dans le monde du travail).

Le mal a bien été fait. Le développement de la littérature de terroir a conduit dans certains territoires à une démographie de la lecture aberrante. Au lieu d'encourager les jeunes adultes à lire l'on a plutôt encouragé les personnes les plus âgées. Les maisons de la presse de province ont mis la littérature de terroir en avant et le monde du livre n'était plus trop attractif pour les jeunes générations qui ne voyaient pas vers quoi se tourner après la littérature ado. Et bien souvent les adolescents des zones rurales n'ont aucune idée que la fantasy est aussi de la littérature.

Le péché original

Comme il paraît que la fantasy se vend mal en France, il est peut être temps d'évoquer le péché originel du milieu de l'imaginaire : la soif de reconnaissance. Etre reconnu c'est faire parler dans les média. Etre reconnu c'est donc draguer le public lettré, celui qui lit la presse nationale.
En 2000 j'avais rétorqué à des gens qui évoquaient des plans pour faire lire la SF au public de la blanche qu'il fallait mieux se tourner vers le jeunes de banlieue. Et je me suis fait traiter de démago. Si j'ai évolué sur pas mal de points, sur celui ci je n'ai pas changé. Il faut reconquérir un public "prolétarien" au lieu de se tourner vers celui de la blanche qui de toute façon ne s'intéressera à nous que ponctuellement.