Cet article répond à un autre que l'on trouve sur le site de l'association Apocryphos. La thèse qu'il y ai développé est que les éditeurs ont privilégié la fantasy parce que celle ci est plus rentable que la SF.
Je ne suis pas tout à à fait d'accord avec cette thèse. Je pense au contraire que si la fantasy est plus développée que la SF c'est qu'elle a su garder un versant populaire intéressant tandis que la SF s'est progressivement coupée du public populaire ou en tout cas a sérieusement restreint son offre populaire.
Remontons dans les années 80 aux USA. Les éditeurs de livres de poche connaissent un crise importante liée aux changements d'habitudes de consommation des lecteurs américains. Les chaînes poussent à toujours plus de rentabilité et la victime ce sera le livre de poche. Les éditeurs de poche migrent vers le grand format. A l'époque ce sera fatal à une partie de la fantasy populaire américaine. La sword and sorcery alors dominante en nombre de titre disparaît progressivement des programmes de chez DAW ou Del Rey. Mais à coté de ça se développe une littérature dérivée de Donjons et Dragons qui prend le relai. La licence se développe étouffant tout velléité de reprise de la sword and sorcery originale par les grands éditeurs US. La sword and sorcery en fait va se développer en Grande Bretagne grâce à David Gemmell. La fantasy continue a exister mais l'on va privilégier les grandes sagas qui reprennent le schéma de Tolkien. Ce qui va appauvrir énormément le genre. Il faudra attendre le milieu des années 90 et l'affaiblissement de la licence Donjons et Dragons pour que la fantasy se remette à se diversifier.
La SF a connu la même évolution au début des années 2000. Les licences Star Wars et Star Trek vont peut à peu envahir l'espace dévolu au space opera populaire rejointes bientôt par Warhammer 40K, Halo, Mass Effect, Starcraft et d'autres ouvrage issus de jeux vidéo. Cet invasion de l'espace de la SF populaire par des licences pour certaines prolifiques a progressivement appauvri l'offre populaire. Or SF populaire et SF exigeante sont les deux faces d'une même pièce. Donc en ayant une masse critique de récits populaires trop faible et trop peu diversifiée le genre ne pouvait que péricliter. A coté de cela la place des licences a diminué dans la fantasy. On y trouve plus guère que Donjons et Dragons avec une offre diminuée par rapport aux années 90 (seul les Royaumes Oubliés continue à exister) et Warhammer Battle. La licence Warcraft a aussi eu une existence éphémère dans les années 2000. Mais dans l'ensemble, moins de licences veut dire plus de place pour des récits populaires originaux. Depuis le milieu des années 2000 la sword and sorcery a même pointé le bout de son nez avec des auteurs comme James Enge, Michael Ehart ou Howard Andrew Jones. Donc la meilleure santé de la fantasy dans les 2000 vient uniquement de l'affaiblissement des licences tandis qu'en SF elles occupaient une place plus importante. Donc si la SF s'est affaiblie c'est parce qu'elle a voulu privilégier la carte de la rentabilité immédiate et que ce faisant elle s'est tirée une balle dans le pied.
samedi 8 novembre 2014
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire