mercredi 19 octobre 2016

Les espoirs de l'imaginaire : Grégory Covin

1 - Peux tu te présenter en quelques mots ?

Je m’appelle Grégory Covin. Je suis né en 1975 sur les hauteurs de Rouen.

2 - Comment es tu venu à l’écriture ?

Gamin, je jouais aux Livres dont vous êtes le héros. Les Dragons d’Or, Défis Fantastiques, La Voie du Tigre. J’adorais ça. Puis un ami m’a fait découvrir les jeux de rôles via WarHammer. J’ai très vite été emballé, et eu l’envie de devenir maître du jeu. A cette époque, je lisais H.P. Lovecraft et me suis donc naturellement tourné vers L’Appel de Cthulhu. Finalement, quand il est devenu difficile de se réunir entre amis, à l’époque où je suis entré en Fac, je me suis mis à l’écriture. En 2003, j’ai envoyé un texte à la revue Science-fiction magazine, et il a été accepté (En regardant passer le train, SF Mag 38). Depuis, j’écris principalement pour répondre à des appels à textes, voyant les thèmes proposés comme autant de défis… fantastiques.

3 - Ton thème de prédilection semble être l’horreur cosmique. Qu’est ce qui t’attire dans cette thématique ?

Je fonctionne par cycles. Fan de Lovecraft et Masterton, j’ai commencé à écrire des récits de terreur/horreur. Avant de passer à autre chose ; Heroïc Fantasy, science-fiction. Depuis quelques années, j’aborde une facette plus spirituelle et philosophique. Ces récits sont plus complexes et sans doute moins faciles à faire publier, mais ça ne m’empêche pas de les écrire. Mes bases littéraires sont cependant toujours là. Je suis indéniablement imprégné par la cosmogonie Lovecraftienne, et elle revient régulièrement dans mes écrits.

Je constate ainsi que l’Ecriture est une question de strates. Les textes que j’écris aujourd’hui sont très différents de ceux que j’écrivais il y a cinq ans par exemple ; et chaque nouvelle est un jalon de plus dans une certaine forme de réflexion. D’où cette notion de cycles. Quand j’ai cette sensation d’avoir répondu, en la prenant sous tous les angles, à une question que je me posais, mon cycle se termine et j’entame quelque chose de totalement nouveau.

Ce qui m’attire dans l’horreur cosmique est ce besoin en tant qu’auteur de se laisser aller à puiser dans la démesure. De s’ouvrir l’esprit à imaginer toujours plus grand – pas seulement des horreurs, mais des concepts, des croyances, des lois. J’ai ainsi écrit un triptyque que j’ai terminé il y a peu ; le premier texte est sur Dieu, le second sur l’Antéchrist et enfin le troisième sur l’Homme. Ce qui est amusant et intriguant, c’est que je n’ai compris seulement en finissant le texte sur l’Homme qu’ils étaient liés entre eux. Qu’ils répondaient à une question mais que je n’aurais pas abouti au troisième sans avoir écrit le premier, puis le second. C’est une sorte de Rubik cube qui finit par aligner toutes les bonnes couleurs à force de manipulation. Je suis mon premier lecteur, et l’écriture est une façon de développer ma pensée, de faire face à mon moi profond, et de savoir ce que je pense intimement. Bien évidemment, tous les textes ne sont pas des réponses à certaines questions ; l’écriture doit avant tout être un voyage cahoté d’incroyables rebondissements. Mais certains textes peuvent se révéler d’étranges prismes.

4 - Bien qu’étant un petit maître francophone de l’horreur, tu n’as jamais été publié par des éditeurs comme Malpertuis ou la Clé d’Argent qui pourtant publie énormément d’auteurs de fantastique horrifique. Pourquoi avoir choisi de ne pas leur proposer de textes ?

Je suis un peu déviant et ne cherche pas forcément les éditeurs les plus connus. La preuve, je ne connais pas ceux que tu cites. J’ai réussi un premier concours chez Mots et Légendes (en 2009 – Dans les Ténèbres), la relation avec l’éditeur s’est très bien passée, et me suis donc attelé à un autre texte lorsque j’ai eu le thème du concours suivant (L’empreinte du Mal, en 2010, a ainsi été publié). Trois autres textes ont vu le jour par la suite, jusqu’à travailler sur une novella pour ce même éditeur, Le Nouveau Règne. Je suis un auteur fidèle à l’éditeur qui croit en moi et tente ainsi avant tout de lui proposer des textes en lien aux concours qu’il propose.

5 - Peux tu nous parler du Nouveau Règne ?

Je n’ai jamais lu Conan (ou plutôt seulement des comics publiés chez Marvel), mais j’ai un jour été contacté par Emmanuel Collot, de Science-fiction magazine, qui préparait une anthologie sur Robert E. Howard, avec une première partie sur l’auteur et une seconde sur des novellistes qui écriraient sur son personnage. Je lui ai proposé un texte d’Heroïc Fantasy, et il a été publié chez Eons (Les Mangeurs des Sables, in Les Enfants de Conan). Cette expérience m’a beaucoup plu car je n’avais alors pas l’habitude d’écrire des récits de ce genre littéraire. Quand Ludo, de Mots et Légendes, a demandé à des auteurs de lui envoyer des novellas, j’ai eu l’envie de retrouver mon personnage, Thorn, mais de le passer en second plan. Le personnage principal est ainsi une femme, N’Hil, qui détient dans son organisme une entité qui cherche à s’emparer d’elle, mais apte également à la guérir de ses blessures (afin que l’enveloppe de son futur hôte reste en bon état). L’intrigue jongle avec l’action et la psychologie du personnage qui perd pieds. N’Hil va tenter de trouver un remède pour Thorn, qui a été empoisonné. Elle a pour mission de rejoindre la garde personnelle de la reine du royaume, afin de se rapprocher d’elle et l’assassiner. Acte commandité par le roi lui-même. Mais elle va comprendre qu’un ennemi invisible investit les lieux et le pouvoir en place, pour le renverser. Et qu’elle le sert peut-être sans le savoir. N’Hil va ainsi devoir avancer en doutant de ce qui l’entoure, tout en gérant cette chose en elle qui, à son niveau, l’envahit tout autant. C’est un récit à l’univers gothique, bourré d’action et de rebondissements, de scènes sexy, avec un personnage central que le lecteur devrait apprécier (voilà, j’ai fait ma pub ).

6 - Quels sont tes autres projets littéraires ?


Quand les corrections du Nouveau Règne seront terminées (courant novembre), je partirai en quête d’un nouveau concours de nouvelles. Pour l’heure, j’attends des réponses d’appels à textes et la sortie pour mars prochain de La Grande Aventure aux éditions Nutty Sheep.

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