mercredi 4 février 2015

Imaginaire et culture populaire

Steve Davidson écrivait dans Amazing Stories que les littératures de l'imaginaire formaient le coeur de culture populaire dans le monde occidental. Et si l'on est un tant soit peu attentif à notre environnement culturel, on se rend compte qu'en France ce n'est pas le cas. Ca vaut la peine de réfléchir à ce qui est le coeur de la culture populaire en France. Aujourd'hui il s'agit du genre policier. D'ailleurs c'est reconnu largement par les spécialistes de culture en France. Si l'on regarde bien c'était déjà le cas dans les années 70, même si la SF était en phase ascendante à l'époque. Mais entre 1979 et 1995, nous avons vécu une période étrange pendant laquelle le roman de terroir est devenu le coeur de la culture populaire. Tout d'abord Denis Tillinac crée l'école de Brive, pour diffuser une littérature populaire véhiculant des valeurs conservatrices et réagir ainsi contre le roman noir et la SF jugés trop à gauche. Mais derrière le succès du roman de terroir il y a aussi l'utopie du retour à la terre qui a permis à de nombreux jeunes urbains de changer de vie en s'installant comme agriculteur. C'est le télescopage de ces deux éléments qui a permis à ce genre de devenir énorme. Les éditeurs ont créé leurs collections, les small press régionales se sont multipliées. Avec en filigrane, la quête d'identité, et surtout le retours vers la tradition et le refus de la modernité.
Dans les années 80 aussi bien la SF que le polar fonctionnent assez mal. C'est la culture ruraliste qui va devenir pour une quinzaine d'années le centre de gravité de la culture populaire avant que le polar reprenne sa place.
L'imaginaire malgré les efforts des éditeurs spécialisés dans les années 90 n'a pas pu prendre cette place. Après 15 années de contre-temps le status quo s'est réinstallé. D'autant que peut être le fandom a insuffisamment joué la carte du dialogue avec les autres média ( mais cela j'en parlerais dans mon prochain article).

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