L'écosystème des littératures de l'imaginaire est lui même un élément d'ensemble plus vaste : l'écosystème de la culture de l'imaginaire. Cet ensemble comprend tous les autres médias de l'imaginaire : cinéma, TV, jeux vidéos, jeux de rôle et GN, bande dessinée ainsi que toutes les pratiques d'action culturelle qui peuvent être liées aux univers de l'imaginaire.
Au sein de cet écosystème la littérature a été le cœur jusqu'aux années 70 où de nouveaux médias sont apparus : le jdr et les jeux vidéos. Ils ont entraîné une vague importante de créativité, de nouveaux types d'univers, de nouveaux tropes. Et ils ont ensuite infusé la littérature de SF et de fantasy. On s'en rend compte avec l'arrivée en France d'auteurs issus du jdr à la fin des années 90. Une nouvelle manière d'écrire, une nouvelle manière de créer des univers, une créativité assez débridée (je pense par exemple à Mathieu Gaborit ou à Nicolas Cluzeau sur ce dernier point). Ils ont enrichi à leur manière les littératures de l'imaginaire malgré la résistance du noyau dur du fandom.
Pour que l'écosystème fonctionne il faut que tous les éléments soient en interaction. Et une partie du fandom s'oppose malheureusement farouchement au dialogue avec les éléments des autres médias. Ce qui freine des quatre fers l'évolution de l'écosystème des littératures de l'imaginaire, On le voit bien par exemple avec le rejet du jeu vidéo par exemple.
Récemment le critique britannique Aidan Moher a fait un article assez érudit où il évoque l'influence des RPG japonais sur console et notamment la série des Final Fantasy sur la jeune génération d'auteurs de fantasy anglo-saxons. Ce qui montre encore une fois que les interactions peuvent donner des choses assez fabuleuses pour un peu qu'on les laisse prendre.
https://aidanmoher.com/news-opinion/2019/07/17/out-about-generation-jrpg/
Accepter les liens avec les autres médias, se mettre en dialogue au lieu de faire des littératures SFFF une forteresse assiégée me paraît une bonne attitude. L'ouverture fait toujours progresser. Mais la volonté de se tourner vers le public de la blanche est une négation de l'appartenance à l'écosystème culture de l'imaginaire et la volonté de se rattacher à un écosystème littérature.
Cet écosystème existe bel et bien pourtant. Nous avons surtout un écosystème littératures de genre qui en plus de l'imaginaire regroupe les littératures policières et la romance. Et curieusement là on voit des complémentarités se créer. Le thriller est contaminé par la SF ou le fantastique. La romance utilise des univers de la SF ou de la fantasy. Des littératures hybrides se créent. En blanche aussi quelques auteurs arrivent à dépasser le cap de l'anticipation dystopique et à construire des choses plus proches de nos littératures ( se souvenir d'Extrême Fiction d'Henri-Frédéric Blanc, ou de certains romans d'Eric Faye ou de GO Chateaureynaud). Ces compagnons de route même s'ils s'illustrent dans le champ de la littérature générale ont un intérêt pour les littératures de genre et en particulier pour l'imaginaire. Mais nous ne devons pas faire de l'écosystème une vache sacrée, au contraire nous devons essayer là aussi de dialoguer avec les littératures qui nous sont proches et non se réjouir dès qu'on a l'impression qu'un auteur de blanche fait de la SF. Se demander si les éléments de SF sont du fond ou juste de la forme. Si c'est un roman de blanche dans un monde de SF ou un vrai roman de SF.
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