Le sémioticien Greimas désignait la réalité fictionnelle par le terme écran du paraître. La fiction n'est pas la vérité mais la véridiction. Un certain nombre de gens considère que la littérature doit parler du monde et doit être un miroir du réel.
Dans le milieu du polar les auteurs de roman d'énigme ou de thriller assument très bien d'être dans l'écran du paraître. Une partie des auteurs de noir aussi, ceux qui font du hardboiled. Il n'y a que les manchettiens intégristes qui sont dans le miroir du réel avec leur littérature d'intervention sociale.
Si chez les auteurs de fantasy l'écran du paraître est bien assumé, chez une partie des auteurs de SF on a du mal. Il faut trouver un aspect métaphorique pour rattacher le récit à un miroir déformant. Le récit ne saurait être qu'édifiant. Quand on connaît un peu l'histoire de la lecture en France, on reconnaît un modèle imposé par les bibliothécaires du 19éme siècle. Celui des "bons livres" qui devaient avoir une portée éducative ou édifiante et ne jamais être du simple divertissement. Justement il faut assumer d'être dans l'écran du paraître, ce qui n'empêche pas d'avoir un sous texte politique ou social.
Adopter l'approche "worldbuilding does matter" et abandonner celle construire autour des seuls éléments spéculatifs semble un bon début pour y arriver. Nous avons besoin d'univers pas uniquement de concepts.
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