Les littératures de l'imaginaire sont un réseau. Les auteurs se lisent entre eux et conseillent la lecture de leurs petits camarades.
En fait l'énoncé que je viens de prononcer est théorique. Et ne marche que dans le meilleur des mondes possibles.
Car les auteurs qui sont placés au top du genre sont totalement inutiles dans ce jeu. Car ces auteurs ne lisent pas leurs camarades. Et pourtant ce sont eux qui ont la plus forte aura médiatique. Depuis 20 ans nous mettons au cœur du système des auteurs qui sont destinés à raccoller les lecteurs de blanche pour les faire venir à nous. J'ai toujours été dubitatif sur cette stratégie. Je pense qu'au niveau sémiotique trop de choses séparent les deux lectorats. On me répondra qu'il existe des lecteurs qui lisent les deux. Un peu comme il existe des poissons volants. Il y a plus de convergence avec le lectorat du polar et encore pas intégralement. J'arrête cette digression.
Mais on a mis en avant successivement Houellebecq, Dantec, Marie Darrieussecq et maintenant Alain Damasio. Des auteurs à part qui ne sont pas connectés au reste du réseau. Qui ne sont pas capables de valoriser le travail de leurs collègues de l'imaginaire. Damasio ne lit pas de fictions mais seulement des essais philosophiques. Donc il est incapable de valoriser le travail des autres auteurs de SF français, de monter au créneau pour les défendre. Damasio ne défend que Damasio. Pareil pour les autres nommés.
Dans les années 90, les chefs de file étaient Pierre Bordage et Ayerdahl. Deux auteurs cœurs de cible. Et curieusement la SF a bien marché quelques années. Et la SF s'est mise à bien marcher. Idem pour la fantasy autour de Mathieu Gaborit et Pierre Grimbert. La fantasy a eu la chance d'avoir un Jaworski dans la décennie suivante. Nous avons de bons auteurs en fantasy et en SF. Ils sont capables de valoriser le travail de leurs collègues mais il leur manque l'aura médiatique qui pourrait faire décoller les choses.
La volonté de trop intellectualiser nos genres s'est retourné contre nous.
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