Le Cinquième Elément de Luc Besson est une occasion manquée d'avoir fait rentrer la science fiction dans la pop culture française. Sur le papier la démarche de Besson ne diffère de celle d'un Lucas.
Le réalisateur américain s'était inspiré de Flash Gordon mais aussi des œuvres de Edmond Hamilton, Leigh Brackett, C.L Moore et à des auteurs de space opera populaire plus moderne. Il avait aussi incorporé des éléments pris aux comics et à l'illustration SF. Bref il avait fait la synthèse de la SF populaire de son temps pour donner une belle œuvre de science fantasy.
Besson ne s'y prend pas autrement mais quelque part il en a trop fait et n'a pu su faire la sélection dans les éléments à compiler. Si Lucas nous avait fait échapper à l'effet catalogue, on tombe en plein dedans chez Besson. Dans la même œuvre on a les anciens astronautes de Jimmy Guieu, les mégalopole surpeuplé de Max André Rayjean, le héros badass et généreux qui semble tout droit sorti d'une œuvre de Maurice Limat ou de Pierre Barbet, l'humour de Richard Bessière, le mysticisme de Gabriel Jan mais aussi un prêtre nommé Cornélius qui fait écho au Jerry Cornélius de Moorcock ou encore un mal qui nourrit le mal qui intervient cycliquement qui fait penser à la Plaie de Nathalie Henneberg. Bref c'est un peu l'indigestion référentielle. Et je parle même pas des clins d'œil à la BD.
Mais à coté de ça les idées spéculatives ou imaginaires propres à l'univers semblent être bien effacée. Les héros se perdent dans un quartier brumeux, et Besson nous case une ellipse. On va se balader sur une planète étrangère mais on en voit rien et l'on reste cloîtré dans un vaisseau pendant tout le film.
Bref c'est à la fois un plat trop copieux et sans saveur. Comme quoi les références seules ne font pas une œuvres.
vendredi 12 mai 2017
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2 commentaires:
Parler d'échec pour "Le Cinquième Élément", c'est quand même de la grosse provoc', vu ce que le film a rapporté et la place qu'il a dans la culture geek.
Cela dit, je ne peux pas te donner entièrement tort, mais à mon avis pour une autre raison. Fondamentalement, toutes les références que tu cites, le public lambda s'en tamponne; s'il en connaît une ou deux, tu as déjà de la chance.
Si tu veux comprendre pourquoi ce film n'a pas fait entrer la SF dans la culture française, c'est pour une raison très simple: c'est un film américain. Il est certes réalisé par un Français avec l'aide d'artistes français et même quelques acteurs français, mais c'est un blockbuster qui utilise des recettes américaines, avec un héros américain. Il ne peut pas être perçu comme une œuvre française.
Quel plaisir de lire une analyse intelligente de ce gros gâchis.
Pour fêter cela, je vais me revoir Les maîtres du temps et Délicatessen.
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