mercredi 2 septembre 2015

Les Sad Puppies : l'homme et l'oeuvre

Dans son blog l’éditeur Eric Flint (plutôt à gauche) s’emporte contre les journalistes qui ont un peu vite caricaturé les Sad Puppies.  Selon les journalistes de Wire les récits écrits pas les Puppies parlent d’ingénieurs courageux qui combattent des extraterrestres ou des gouvernements corrompus. 
(source : http://www.ericflint.net/index.php/2015/08/26/do-we-really-have-to-keep-feeding-stupid-and-his-cousin-ignoramus/)
Et il faut reconnaître que Eric Flint a raison de se méfier. Cette description correspond par exemple très bien aux aventures de Jack Brand par John M Whalen. Sauf que Whalen n’est pas un conservateur. Même s’il publiait dans Raygun Revival l’un des webzine de l’éditeur chrétien conservateur Bill Snodgrass. Ce dernier avaitt tenu justement à ouvrir ses webzines à des auteurs d’autres sensibilités. D’ailleurs, Whalen était devenu l’un des slush readers du webzine, dans cette optique d’ouverture. 
Flint justement explique que certains auteurs conservateurs ont largement introduit la diversité dans leurs oeuvres. Mais, il oublie qu’une oeuvre est bien souvent plus intelligente que son auteur. Lovecraft était raciste. Mais la majorité de ses nouvelles n’en font pas mention. Il y a chez Orson Scott Card des propos humanistes et de beaux moments de solidarité humaines. Mais c’est tout de même un conservateur. Un auteur doit parfois prendre des libertés avec sa propre idéologie pour servir le récit. Ce n’est pas l’oeuvre qu’il faut juger mais l’homme. Il cite par exemple Brad Torgersen, en expliquant que son roman The Chaplain’s War est une ode à la tolérance religieuse. Mais le même Brad Torgersen a été violemment critiqué par Myke Cole (peu suspect d’être un Social Justice Warrior) pour ses prises de position vis à vis de l’homosexualité. En effet Torgersen a exprimé le souhait de chasser les homosexuels de l’armée car pour lui l’homosexualité est un comportement immoral. (source : http://mykecole.com/blog/2015/05/an-open-letter-to-chief-warrant-officer-brad-r-torgersen). 
Je ne pense pas que ce soit une bonne idée d’impliquer David Webber dans ce débat. Certes l’auteur est conservateur mais Canadien. Et je ne suis pas sûr que le conservatisme signifie la même chose aux USA et au Canada. 
Quand à John Ringo il est aussi cité par Myke Cole dans une interview donné à Aidan Moher. Il y critique la vision de la femme dans les romans de SF militaire de John Ringo et de l’école qu’il a influencé.
(source : http://aidanmoher.com/blog/featured-article/2014/01/they-didnt-have-to-earn-it-by-myke-cole/).
Quand à Dave Freer, c’est un ami personnel de Eric Flint. On est à la limite de la déontologie. Si l’on sait qu’ils ont consigné des romans ensemble, on a une autre vision de Freer. Même s’il est un supporter des Puppies, il est capable de collaborer avec un auteur ne partageant pas ses opinions. On a là plutôt le portrait d’un conservateur modéré.

Même s’il a raison de mettre les pendules à l’heure, il a le tort de faire des Pupies de pauvres victimes. Et surtout il ne cite que des exemples issus du catalogue Baen. Or Eric Flint est éditeur chez Baen. Il est donc juge et parti. Or Baen n’a pas le monopole des auteurs conservateurs. Même s’il est tentant de parler de ce que l’on connaît le mieux, on aurait quand même aimé qu’il cite des exemples issus de d’autres éditeurs. Bref en voulant démontrer que le procès fait aux puppies est un faux procès il ne démontre finalement pas grand chose et se livre plus à un plaidoyer pro domo qu’autre chose. Chez Baen, il y a des auteurs conservateurs oui mais des auteurs conservateurs propres. Et à juste titre il oublie d’évoquer les Rabid Puppies, Tom Kratman, Michael Z Willamson ou Travis S Taylor. Il n’y avait donc rien à sauver chez eux ? La vision de Flint est à la fois partielle et partiale même si l’on y trouve des éléments extrêmement pertinents, notamment le fait que les Puppies ne sauraient être réduit au suprématisme blanc qui concerne uniquement une minorité d’entre eux.

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