vendredi 5 août 2011

Les espoirs de l'imaginaire : David Chauvin

1 Peux tu te présenter en quelques mots ?


J'attends l’âge ingrat et bien trop élevé de 32 ans, celui auquel on est censé vivre dans un pavillon phœnix ou un appart de standing et entretenir une ribambelle de gamins. Sauf que je viens d’une belle région bien trop marquée par la vieillesse et la mort : la Manche (pays de marbreries et de granit), et donc je tâche de rester jeune dans toutes mes actions. Je vis à Tours une jolie ville à taille humaine, depuis 1986, autant dire la préhistoire pour bien des lecteurs du présent blog.

Après le lycée, j’ai étudié l’histoire et l’archéologie durant cinq ans (DEA devenu Master 2) avec une spécialité en histoire romaine, avant de connaître un parcours pour le peu erratique. Aujourd’hui, je survis en accomplissant un travail très physique afin de vivre mes passions, moi qui ait toujours exécré le sport. Au fond de moi, j’en tire une certaine fierté.

Que dire de plus sur l’homme que je suis ? Je suis un être plutôt taciturne et colérique qui ne supporte pas la bêtise ambiante et a tendance à se retrancher dans se univers, une sorte d’enfant attardé qui n’a pas surmonté le syndrome de Peter Pan.

J’aime le métal (qu’il soit brutal ou harmonique), la musique des années 80 et même le vieux rock des décennies d’avant. Je suis un infatigable collectionneur de figurines et je passe beaucoup de temps à les réparer et à les repeindre, comme si je refusais la décadence inéluctable de toutes choses.

Je suis un gourmand invétéré qui absorbe de grandes quantités de viandes, fromage et alcool sans trop faiblir, on ne vit qu’une fois…



2 Comment es tu venu à l'écriture ?



Il a fallu un certain temps, pour ne pas dire un temps certain à me décider vraiment (à 26 ans pour être exacte, période noire de chômage, d’ennui et de frustrations).

J’avais bien publié quelques textes étant petits dans des bulletins municipaux : j’ai très vite eu une certaine affinité avec la langue française et ses possibilités. Pourtant, un mélange de manque de confiance et de modestie mal placée m’a longtemps empêché d’écrire de vraies histoires.

J’ai, durant mes jeunes années de lycée et de Fac noirci des cahiers entiers de campagnes et de scénarios de jeu de rôle : il faut dire que je m’adressais à des joueurs exigeants qui en avaient vues d’autres ; de plus, je me plaisais dans ce rôle de scénariste de série à suspens et à grand spectacle. Du jeu de rôle, je suis logiquement passé à la création d’univers et de récits: le temps et le travail que je passais à établir des campagnes pour un groupe restreint, je pouvais l’employer à faire plaisir à un plus large public, les idées de personnages, de légendes ou de chimères quoi m’obsédaient, je pouvais les faire naître sur le papier.



3 Ton principal projet littéraire est un cycle de récits fantastiques intitulé Contes de l'Outreplan ? Peux tu nous présenter cet ambitieux projets et la mythologie qui le sous - tend ?



Les Contes d’Outreplan sont mon plus ancien projet : l’idée était de réunir un nombre « magique » (pour l’instant dix, mais je monterai sans doute à douze ou treize) de petites histoires horribles et grinçantes ayant attrait à un thème commun : les autres royaumes d’existence, leurs habitants et leurs incursions sur notre propre monde tangible.

L’univers s’inspire un peu de « La Quatrième Dimension » tout en introduisant la notion d’êtres et de pouvoirs d’« outre-plan », les premiers considérant souvent les humains comme des nuisibles à éliminer, les seconds étant souvent l’objet de quête des illuminés les plus ambitieux.

Certains scientifiques se figurent un monde non pas en trois ou quatre dimensions mais en dix ou plus : j’ai essayé d’imaginer ces royaumes et leurs habitants monstrueux, puis leurs préoccupations, leurs agissements sur Terre et leurs conflits internes, leur rôle dans l’Histoire.

On peut imaginer toutes sortes de récits mais dans la plupart des cas, mes héros sont des hommes et des femmes qui prennent conscience de l’horrible vérité et tâchent de lutter contre la tyrannie des monstres qui cherchent à tuer ou à pervertir tout ce qui vit. Dans mon univers, certaines factions secrètes cherchent à résister aux incursions d’outre-plan ou au contraire, prennent partie pour telle ou telle créature charismatique : sans compter celles qui se sont introduites dans les cercles de la politique, de l’économie ou des médias et qui agissent en secret.



4 Peux tu nous présenter ton projet de cycle de SF, Les enfers miniatures ?



Je m’intéresse effectivement aussi à la SF, plus à l’aspect « planet opera » qu’aux interrogations technologiques et écologiques d’ailleurs. Dans les « Enfers miniatures », la galaxie présentée est celle qui a été peuplée par une humanité qui a fui une menace aujourd’hui oubliée et dont la diaspora s’est multipliée pour créer une infinité de mondes et de cultures. Mais comme je suis un éternel pessimiste, cette galaxie est minée par les conflits, l’obscurantisme, la pollution, et les intérêts égoïstes. En toile de fonds, une grande guerre se prépare entre la Croisade Rédemptrice de Spartàn, qui entend remodeler l’humanité et le Pacte unilatéral de l’Union, dirigé par le « Grand frère » Gaédien : une forme de Seconde guerre mondiale à l’échelle galactique : avec son lot de haines, de propagande, de combats et de désastres. Pendant ce temps, certaines civilisations non-humaines conspirent pour en finir avec cette espèce qui se reproduit et ravage tout sur son passage, comme un nuage de sauterelles : leurs cultures ancestrales ne peuvent certainement pas endurer plus longtemps cette invasion ?

Mon premier projet de roman dans les « Enfers miniatures » s’intitule « Guyana Sunrise » et met en scène une violente révolte pénitentiaire sur le petit monde pauvre et forestier de Guyana, devenu camp de redressement pour les grandes puissances de l’Union. Dans un deuxième projet intitulé « Blockhaus », un groupe d’explorateurs est confronté à l’enfer qu’est devenue Thyatire, planète berceau de la fameuse Croisade rédemptrice. Enfin dans « La petite fille aux allume-gaz », je parle de l’empire déclinant d’Eboria, furieusement proche de notre Europe, et gangréné par la pauvreté, la violence urbaine et le racisme.



5 De même peux-tu nous détailler tes divers projets en fantasy ?



Lorsque je me suis lancé dans l’aventure improbable de l’écriture, j’avais deux choses en tête : les « Contes d’Outre-plan » mais aussi un cycle de fantasy mettant en opposition notre monde et un autre : Nékroôs, un monde médiéval-fantastique servant de prison aux neuf démons, des créatures qui manquèrent de détruire la galaxie autrefois. Dans le cycle de Nékroôs, une adolescente de notre Terre est précipitée dans ce monde primitif et apprend à retrouver ses véritables pouvoirs pour entrer en résistance contre les monstres qui tentent de sortir de Nékroôs pour achever leur tâche de destruction dans notre univers. C’est un vaste projet, avec un univers aussi détaillé que la Terre du Milieu de Tolkien ou l’Age hyborien de Howard, aussi vais-je mettre un certain temps à le mettre au point.

Parallèlement, je bosse sur des univers fantasy autres et plus proches de notre Terre, plus inspirés de la véritable histoire de la Terre ou des Contes de fées revisités.



6 quelles vont être tes prochaines publications ?



Difficile à dire, je dois mes premières publications de nouvelles (une dizaine en format web) à des appels à texte, c’est un jeu un peu grisant, mais à double tranchant, dont je suis revenu ces derniers temps : mes propres projets ne pouvant supporter de trop entrer dans des cases ou des critères de temps et de limites de signes. Je vais tâcher de travailler encore plus dur et de m’imposer auprès des éditeurs afin d’obtenir le Graal suprême : la publication papier, la lourde pression de la presse sur la douceur du support léger.

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