A force de considérer la SF comme une littérature d'idée on a oublié un fait fondamental : l'univers est important. L'univers n'est pas uniquement là pour être l'illustration d'un concept. C'est la cas par exemple dans Spin de Robert Charles Wilson. Tout le roman gravite autour de la membrane de Spin et finalement toutes les idées spéculatives découlent de la présence de celle ci. C'est quelque part une conception minimaliste de la SF.
Qu'est ce qu'un univers. Il s'agit d'un réseau d'éléments figuratifs et thématiques assemblés de manière cohérente. Donc un univers c'est un réseau de concepts et d'images mentales reliés les uns aux autres. Dans ce texte - réseau les concepts ne sont pas là pour être une tête de pont qui conditionne tout le reste. Ils sont au service du récit et surtout au service de cet univers. Les éléments figuratifs vont être les éléments matériels du récits et les éléments thématiques des éléments abstraits. On comprend très vite que les éléments figuratifs sont des noeuds du réseaux et les éléments abstraits sont au contraire le liant qui permet d'amener la cohérence. L'idée, le concept si vous préférer, vont se situer à ce deuxième niveau. Ce bel et bien les éléments figuratifs qui mènent le bal. Les éléments figuratifs vont bien sûr comprendre tous les jouets du genre customisés avec plus ou moins de talent par les auteurs. Mais également la traduction fictionnelle de toutes les images mentales que l'auteur a voulu y mettre. Et l'on comprend bien que si l'on arrive à un réseau d'objets de fiction important et bien il n'y aura pas qu'une seule idées mais bien plusieurs qui figureront dans les éléments thématiques qui apporteront du liant au texte. Le problème c'est que le niveau des idées ne sera pas forcément le niveau du contenu et les niveau des images celui de l'expression. De nombreuses images appartiendront au contenu et certains concepts seront de l'expression. On peut très bien avoir des images qui sont le moteur du texte comme chez Serge Brussolo chez qui les concepts découlent toujours d'éléments figuratifs extrêmes. Ce n'est certainement pas le seul auteur à l'avoir fait mais c'est certainement celui qui a poussé le plus loin le procédé.
L'univers est le coeur du récit de science fiction comme du récit de fantasy. C'est le point commun aux deux genres. C'est pour l'avoir oublié que la SF devient de moins en moins enthousiasmantes proposant des récits tournant autour d'un concept, ce qui pour une nouvelle peut très bien fonctionner mais qui sur un roman devient vite lourd. La SF finit ainsi par s'intellectualiser et essaye de trouver une légitimité par le développement des concepts en tournant le dos à cette notion d'univers qui a pourtant été importante dans la SF de l'âge d'or.
samedi 23 juillet 2011
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