mercredi 30 juillet 2008

La tragédie des enclosures, version SF

A la fin du 15éme siècle les nobles anglais ont enclos les terrains communaux qui appartenaient à la communauté des paysans. C'est ce que l'on a appelé la tragédie des enclosures. Quel rapport avec la SF me direz-vous ?
Aujourd'hui des éditeurs font prospérer les licences au détriment de la recherche de nouveau talents. Ces licences arrivent même à circonscrire l'essentiel d'un sous genre. Ainsi le space opera de science fantasy est aujourd'hui largement circonscrit autour de la licence Star Wars. D'autres auteurs ont essayé de faire des oeuvres originales mais ils sont rares et vendent bien moins que la licence juteuse issue du film. Il est clair que si les romans Star Wars n'existaient pas ces auteurs vendraient plus et donc trouveraient un large public.
La sword and sorcery a subit cette loi des licences depuis la fin des années 80. En effet les licences comme Dragonlance ou Forgotten Realms ont peu à peu constitué l'essentiel d'un genre certes décrié mais qui attendait un second souffle. Mais curieusement il a continué d'exister un fandom et le net a été un lieu d'expression pour ce fandom à travers divers webzine. Quand une communauté a été bien organisé une small press s'est créée pour publier des auteurs originaux. Comme quoi la fatalité n'est pas de mise et la résistance peut s'organiser. Et c'est une bonne chose.
Certains éditeurs au lieu de chercher de nouveaux talents ne font que prospérer des licences et maintenir le lecteur dans une région connue au lieu de lui faire découvrir de nouveaux horizons. L'enclosure c'est aussi l'enclosure du lecteur que l'on place dans un univers familier dont il n'est pas capable de sortir. Maintenir le lecteur prisonnier d'un univers dérivé c'est aussi assurer le marketing d'un produit et aussi traiter un univers comme un produit comme un autre. Le livre est devenu curieusement le suivi marketing phare au panthéon des produits dérivés des autres médias. Cela permet de bannir la prise de risque et de limiter le nombre d'auteurs publiés. Les romans dérivés prennent en effet la place de romans originaux qui sont susceptibles d'apporter quelque chose au genre même si ce n'était que des romans d'exploitation.

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