vendredi 8 septembre 2017

Et les gamers alors ?

Si le public rôliste a fini par se faire accepter du fandom, on ne peut en dire autant du public gamer qui lui reste encore mal aimé. Même si les gamers des 80 ou 90 ont fini par trouver le chemin des littératures de l'imaginaire, parce que souvent ils s'intéressaient à d'autre pans de la culture de l'imaginaire : BD, jeux de rôles, cinéma....

Curieusement on trouve un certain nombre d'auteurs de SF ou de fantasy parmi les concepteurs et scénaristes de jeu vidéo ( Alan Campbell ou Erin Hoffman chez les américains, Mathieu Gaborit chez les Français). Et pourtant les gamers sont perçus comme d'éternels adolescents et ils sont toujours mal vus de bon nombre d'acteurs du milieu de l'imaginaire. On me rétorquera que les relations du fandom avec le milieu rôliste ont été difficile en France et que les choses se sont régularisées tard ( au milieu des 90). Mais le jeu de rôle appartenant lui aussi à la culture de l'écrit ou tout du moins à celle de la narration verbale, il avait un énorme point commun avec la littérature et le glissement de l'un à l'autre n'avait sans doute pas besoin de passerelles.

Ce rapport difficile entre ces deux milieux ne prêterait sans doute qu'à sourire s'il n'y avait pas eu les Rabbid Puppies. Beaucoup de gamers ont basculé dans le camp des ultra-conservateurs et de l'extrême droite aussi bien aux USA que chez nous. Parce qu'ils ne se sont pas tournés vers la culture de l'écrit. Parce que bon nombre de gens dans le fandom ne les ont pas considérés comme un vivier de futurs lecteurs et les ont pris de haut. Et les conservateurs en ont profité pour les manipuler et les gaver de "bullshits" idéologiques. De plus aux USA l'éditeur vers lequel se sont tournés ceux qui avaient envie de lire c'est Baen. Editeur spécialisés dans une SF populaire, il a radicalisé ses publications dans les années 2000 en signant beaucoup d'auteurs ultra-conservateurs. Baen est un éditeur qui a fait le choix de continuer à être distribué dans les drugstores et qui a même un partenariat pour vendre dans les foyers de l'armée.  Donc leurs ouvrages étaient faciles à trouver. Et donc ça n'a pas forcément aidé.

Les progressistes ont eu tort de ne pas s'intéresser à ce public. Ils n'ont pas eu l'idée de créer un anti-Baen, un éditeur progressiste qui aurait publié de la SF ou de la fantasy populaire facile à trouver et reflétant leurs idées. S'ils l'avaient fait les gamers auraient eu le choix et auraient trouvé autre chose. Curieusement l'anti-Baen, c'est peut être Solaris Books, éditeur britannique mais distribué également aux USA. Mais dont les ouvrages ne sont pas aussi facile à trouver que Baen. En France personne ne s'est vraiment intéressé à ce segment et les éditeurs qui publient des choses susceptibles de les intéresser ( Rivière Blanche, ou ma propre maison d'édition Pulp Factory) ne sont pas forcément si faciles que ça à trouver (même si je me bat pour ça de mon côté). Au lieu d'exclure les gamers à cause des Rabbid Puppies, on ferait mieux de les considérer comme un public d'intérêt et de leur proposer ce qu'ils ont envie de lire au lieu d'en laisser le monopole à des éditeurs conservateurs pour ne pas dire plus.


Aucun commentaire: