Un groupe d'éditeurs ont décidé d'envoyer leurs titres au jury du Goncourt pour sortir l'imaginaire du ghetto.
Je trouve cette démarche contre productive. Je pense qu'aujourd'hui nous devons reconquérir le lectorat prolétariens que l'on a délaissé (en grande partie parce que l'on a privilégié le grand format). Tout rapprochement avec le modèle culturel des héritiers est contre productif. Tous les rapprochements avec la blanche que l'on a tenté dans les années 2000 ne nous ont pas permis de sortir du ghetto.
Je pense que ces stratégies sont des raisonnements à l'envers. Nous devons devenir l'une des forces montantes de la littératures. Nous devrions avoir des ventes qui se rapprochent du polar, ce n'est pas le cas. Les thuriféraires de la blanche nous considèrent comme de la mauvaise littérature. Donc un certain nombre de gens veulent montrer que nous valons autant que la blanche. Ça part peut être d'un bon sentiment, mais ça ne fonctionne pas. Parce qu'en France la culture est un champ de bataille.
Il y a d'un côté le modèle des héritiers et en face la culture populaire. Notre rôle est de combattre le modèle des héritiers, celui de la domination, celui de la bourgeoisie financière. Parce que certains sont naïfs et confondent littérature blanche et littérature générale. La littérature générale a aussi ses auteurs populaires ( et ils ne sont pas en lice pour le Goncourt et s'en foutent complètement). La blanche c'est uniquement la littérature psycho dramatique post proustienne. Celle qui a fini par donner naissance au Nouveau Roman et l'auto-fiction.
Il faut assainir la république des lettres et les prix littéraires dont le Goncourt ont fini par être des symptômes du mal. On oblige les libraires à faire de la place pour libérer leurs rayonnages pour accueillir les Goncourables. Donc ce n'est pas allant hurler avec les loups qu'on va avancer.
Le thriller marche très bien en France. Et les auteurs n'ont pas eu besoin de caution intellectuelle. La bande dessinée non plus. Il faut au contraire assumer totalement notre identité. Sortir du ghetto ? Non, bien mieux enfermer les autres dans leur propre ghetto. Oser se montrer. Oser créer une communauté. Dialoguer avec les fandoms connexes et avec les autres médias. Arrêter de prendre de haut les gamers ou les rôlistes et s'appuyer sur eux et d'autres micro-communautés pour avancer. Se montrer dans les territoire ruraux ou dans les banlieues. Reconquérir la jeunesse et le public prolétarien. Il y a des tas de chantiers à mener.
Il faut se poser les vraies questions : les zones blanches, la déperdition des 25 ans. Au lieu de se rapprocher de la blanche faisons lui la guerre. Parce que les milieux culturels officiels eux ont déterré la hache de guerre contre nous. La presse nous ignore sauf quand le temps d'une tribune un journaliste ou un pseudo intellectuel décide de se foutre de notre gueule. Certains libraires ou bibliothécaires pensent que nous sommes des dégénérés ou des adolescents attardés.
Mais un adolescent attardé c'est un idéaliste, une force de proposition, un humain capable de créativité et d'invention. Donc c'est quelque part positif face à l'immobilisme et au conservatisme. Nous sommes en guerre. En guerre contre un modèle culturel, celui de la bourgeoisie d'affaires et du monde financier. Nous sommes la résistance culturelle. Notre but que l'imaginaire arrive au niveau des ventes du polar. Pour ça nous devons être une littérature populaire et cela passe par la reconquête du public prolétarien.
jeudi 6 juillet 2017
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