vendredi 18 avril 2014

SF, anthropologie, philosophie....

On a coutume de dire que la SF ne parle pas du futur mais du présent. Personnellement je pense que la SF n'est pas une littérature qui parle du présent. Le présent c'est l'anticipation qui l'évoque mais ce n'est qu'une petite partie de la SF. Il est normal que des auteurs parlent des préoccupations de leur temps et des grandes peurs du moments : le conflit nucléaire dans les années 70 ou le réchauffement climatique aujourd'hui. Mais les auteurs se servaient de l'univers post apocalyptique pour décrire des alternatives sociales à l'instar de Norman Spinrad dans le Champ des Etoiles. Au lieu d'évoquer les conséquences du réchauffement climatique je préférerais que l'on m'évoque un monde où des alternatives technologiques et socio économiques ont permis de triompher de ce réchauffement climatique.
Mais revenons à une définition de la SF. Il s'agit ni de parler du futur ni du présent. La SF est une littérature qui met en scène les grandes questions philosophiques. On le voit bien c'est une ambition qui dépasse le fait de parler du futur ou du présent. C'est un genre anthropologique qui s'interroge sur la nature de l'humain, sur l'altérité et d'autres grandes thématiques d'ordre anthropologique. Il serait tentant de voir dans Dune de Franck Herbert un simple roman évoquant les effets pervers de la dépendance à une ressource économique, l'épice n'étant qu'une métaphore du pétrole. Mais Dune est beaucoup plus riche que cela. Le roman de Herbert évoque aussi des questions théologiques, écologiques, l'opposition entre la liberté et l'oppression à travers la description ethnologique des Fremen, l'opposition entre des systèmes politiques, et même une analyse anthropologique de la féodalité et la question de l'eugénisme à travers les manipulation du Bene Gesserit. Bref Dune est un véritable roman anthropologique. Et Herbert n'est pas le seul auteur à avoir fait oeuvre d'anthropologue ou de philosophe. Jack Vance, Ursula Le Guin et bien d'autres ont mis les questions anthropologiques au coeur de leur oeuvre.
La SF qui parle du présent c'est celle de Dick, celle des cyberpunks, mais pas celle de l'âge d'or ou celle des néoclassiques des années 70, celle des auteurs français comme Pierre Bordage ou Laurent Genefort.  La SF est une littérature philosophique mais contrairement à ce qu'avance Serge Lehman c'est celle de l'anthropologie pas celle la métaphysique.

2 commentaires:

Alias a dit…

Je crois que tu n'as pas compris l'idée derrière la phrase "la science-fiction parle du présent". L'idée, pour moi, c'est que, pour toucher le lecteur, la SF doit parler de problématiques proches du lecteur.

Beaucoup des classiques parlent de questions universelles, qui peuvent aussi bien toucher le lecteur de l'époque de leur première diffusion que ceux de maintenant.

Phersv a dit…

La thèse que la SF a plus à faire avec la métaphysique vient peut-être du philosophe Guy Lardreau (en gros pour lui, le policier demande comment on peut connaître quelque chose alors que la sf demande comment le monde pourrait être - l'anthopologie demandant seulement comment une société humaine pourrait être).

Mais d'un point de vue littéraire en effet, la question métaphysique ne peut prendre son sens que dans son effet sur une société humaine avec laquelle on peut avoir de l'empathie.