vendredi 8 novembre 2013

L'imaginaire n'est pas à la mode

Sous le détournement d'un titre d'article dû à Ugo Bellagamba, je vais évoquer une réalité : l'imaginaire est le mal aimé de la culture française. Alors que le secteur de l'édition a su tirer les marrons du feu malgré la crise, les littératures de l'imaginaire se vendent mal. Et cela renvoie à un phénomène culturelle assez ancien.
Au 19éme siècle les impressionnistes avaient fait scandale dans les salons artistiques. On leur reprochait de ne pas copier la nature mais de la réinterpréter. Ce qui nous renvoie à la situation des littératures de l'imaginaire. Elle ne raconte pas le réel, elle le transfigure en créant des réalités parallèles. Le lecteur français comme l'amateur d'art du 19éme siècle a choisi le camp de la vérité, de la simple copie du réel plutôt que celle de la véridiction.
L'imaginaire devient dans la bouche de certains bien pensants, la culture dégénérée. Ces propos tenus par une bibliothècaire au début des années 2000 renvoie à une réalité encore plus déplaisante. L'art dégénéré était pour les Nazis, toutes les écoles artistiques d'avant garde qui s'opposaient à l'académisme le plus conservateur. Il est quand même surprenant que dans la bouche des bobos d'entendre cette rhétorique. La culture est elle un champ de bataille ? Une guerre entre les idées? Depuis la querelle des anciens et des modernes, nous savons bien que les différents s'opposent de manière parfois violente. Mais cette violence cache autre chose, le rejet d'une culture d'inspiration américaine. Les biens pensants défendent une pureté de la culture française. De là à dire que certains seraient partisans d'un épuration culturelle il y a un pas que je ne franchirais pas.
Enfin il y a des silences qui en disent long. La semaine dernière les Utopiales avaient lieu à Nantes. Est ce que le supplément Livres du Monde a sorti un numéro spécial sur la science fiction ? Non. Un ministre de la culture s'est il déjà rendu aux Utopiales ? Encore une fois non.

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