vendredi 25 février 2011

Et si la crise de la Sf n'existait pas vraiment

Titre provocateur certes. Les rayons littérature de l'imaginaire des librairies regorgent de fantasy mais la SF est rare.
Certes les auteurs de la génération 90 ont proposé des thématiques (singularité, transhumanisme, hard science extrême, traitement intimiste ou minimaliste) qui n'ont pas plues à un partie du public du genre. Mais cela n'explique peut être pas ce déclin éditorial apparent. Car les auteurs en question n'avaient pas le monopole du genre.
De 1995 à 2010 bon nombre de grands maîtres du genre, des auteurs tutélaires historiques, sont décédés, d'autres ont arrêté d'écrire. Et la génération de nouvellistes qui a commencé sa carrière à la fin des années 90 / début des années 2000 n'était pas encore prête pour le roman. Dans le même temps la fantasy accueillait elle une nouvelle génération d'auteurs. La conjonction de ces deux phénomènes a contribué à cette chute quantitative du genre. Mais quelques éclaireurs de cette nouvelle génération se sont installé sur les présentoirs d'outre Atlantique : Elizabeth Bear, Tobias Buckell, Jay Lake, Paolo Bacigalupi ou encore Kameron Hurley. On sent bien que l'on est au début de quelque chose. En Grande Bretagne le passage de relais s'est mieux fait.
En France on est dans la même situation qu'aux USA. Les auteurs arrivés dans les années 90 correspondaient plutôt à la génération perdue des années 80 qui accédait enfin à la reconnaissance. La nouvelle génération ne commence qu'à arriver au roman en ce moment : Don Lorenjy, Jeanne Debats et quelques autres.

Pas de crise de la SF alors ? Non pas vraiment une crise généraliste du genre. Par contre il y a bien une crise de la science fiction populaire. Et elle est inquiétante. Aujourd'hui la Sf populaire ne s'exprime plus qu'au travers de licences commerciales. L'invasion des licences est moins vraies en fantasy. Ces licences malheureusement deviennent pour certaines énormes. Et une SF populaire originale ne peut s'exprimer et doit trouver refuge dans les marges (que l'on songe au rôle de Rivière Blanche en France). Si l'on se souvient que la collection anticipation a permis à certains auteurs de débuter, illustration si l'en était que SF populaire et Sf ambitieuse sont les deux faces d'une même pièce. On risque voir une désaffection de jeune lecteur pour la SF préférant des romans à licence, des univers connus et prémâchés. C'est dommage. Le jour où certaines grosses licences s'effondreront, la Sf populaire reviendra. Et le plus tôt sera le mieux.

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