mercredi 20 janvier 2016

La tentation du conceptuel

L'on dit souvent que la SF est une littérature d'idées. C'est particulièrement vrai de la hard science qui souvent prend une idée scientifique et développe le récit voir l'univers autour. Mais l'anticipation socio politique joue évidemment sur un registre comparable en parlant d'un élément dysfonctionnel de notre présent et en l'exagérant dans un but d'avertissement.
La SF est par sa manipulation des idées une littérature spéculative. Mais la frontière est ténue entre spéculatif et conceptuel. Bien souvent l'idée est le moteur du texte et n'est que cela. Il y a une volonté discursive, l'idée est au service d'une vision du monde. Et l'on passe ainsi dans le conceptuel.
Or la SF n'est pas seulement une littérature d'idée mais aussi une littérature d'images et une littérature d'univers. Les idées lorsqu'elles sont présentes doivent constituer un continuum au service d'un univers, ce qui n'empêche pas évidemment la présence d'une idéologie politique ou d'une thèse. Mais le figuratif ne doit pas être au service du thématique. Les auteurs féministes de la SF américaine des années 70 développaient une vision du monde, mais en même temps elles racontaient de bonnes histoires. Car l'idéologie n'était pas une fin en soi, mais elle était au service du récit.
Car la SF est aussi une littérature philosophique, anthropologique et mythologique. Dans le fandom c'est curieusement ce que certains reproche à la fantasy, d'être trop anthropologique et mythologique et pas assez spéculative. Les idées ne sont pas une fin en soit. La SF c'est quand même un merveilleux coffre à jouet et on aurait tort de s'en priver.

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