mercredi 21 mai 2014

Lettre ouverte à Serge Brussolo

Monsieur Brussolo,

Nous ne nous connaissons pas. Mais j'ai appris votre décision de vous autoéditer. Bien sûr je la comprends. Certains auteurs américains comme Kristine Katherine Rush, Judith Tarr ou même Tobias Buckell ont pris la décision d'autopublier certaines de leurs oeuvres. Ils sont confrontés au diktat du marché américain, celui des Big Five, inféodés à la loi du supermarché et de la ménagère de moins de cinquante ans. Mais en France les éditeurs de l'imaginaire sont majoritairement des indépendants. Certes  l'imaginaire se vend mal par rapport aux autres pays occidentaux. La France qui ne jure que par la littérature dite blanche ( la littérature psychologique et dramatique) déclinaison littéraire de la financial culture, ne favorise pas la diversité culturelle notamment au ministère de la culture. Les chaînes et les supermarchés règnent en maître et contribuent à fragiliser les libraires indépendants. Mais il est vrai que certains indépendants ne font guère d'effort pour soutenir nos littératures.
Mais votre réaction me conforte dans certaines de mes réflexions. Aujourd'hui certaines niches éditoriales sont absentes des librairies. Et celles où vous sévissez, une science fiction très influencée par le cinéma bis, pourrait être rattachée à la grande famille des littératures pulps. Ces littératures populaires diffusées jusqu'au milieu des années 90 dans les maisons de la presse. Mais les maisons de la presse ont bien changé et ne propose plus guère que des best sellers et de la littérature régionale. Aujourd'hui il faut dépasser le circuit des librairies traditionnelles pour vendre de la littérature populaire et créer à coté du circuit classique de la librairie, des circuits de distribution alternative pour vendre cette littérature populaire : bars et boutiques geek, magasin de jeux de société et de jeux vidéos,  bars branchés, bureaux de tabac, vente en réunion dans des bars associatifs. Les pistes existent. Diversifier la distribution permettrait de diversifier l'offre. Et dans ce schéma différent vous auriez toute votre place et ne seriez pas obligé de choisir entre l'autopublication et la conformation au modèle hollywoodien dominant du thriller.

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