samedi 26 novembre 2011

Il n'y a pas de pire autiste....

La SF française à un problème. Il est des sujets qu'elle n'ose pas traiter et pourtant c'est ceux dont elle a besoin pour avancer. C'est vrai que très peu d'auteurs de SF dans les années 2000 ont traité le multiculturalisme, le rapport à l'autre, l'altérité, la lutte contre les fanatisme, le devoir de mémoire ou encore la laïcité. Pourtant dans une France gangrènée par le populisme et la montée des extrêmismes il me semble que c'est le moment où jamais de ressortir les métaphores que sont l'extraterrestre, le mutant ou le cyborg pour rédiger des textes à implications sociales fortes. En discutant avec Kevin Kiffer, récemment je me ssuis rendu compte que le futur de l'Europe n'avait jamais été vraiment envisagé sérieusement. Les deux seuls qui s'y sont essayés sont Roland C Wagner avec ces Futurs Mystères de Paris et Serge Lehman avec sont cycle de F.A.U.S.T.
Mais nous ne sommes pas les seuls à être autiste. La SF américaine des années 2000 n'a pas vraiment commis de grands romans pour condamner l'idéologie du choc des civilisations et imaginer des modes coexistences entre des sociétés différentes. Pire, il n'y a jamais eu autant de romans militaristes de durant cette décennies. Elle a aussi manqué de clairvoyance sur la question de la critique de la société de consommation contrairement à la Sf britannique qui elle a durant les vingt dernières années fait paraître un certain nombre de textes sur le sujet ( Maul de Tricia Sullivan, des romans de Peter Crowther ou de James Lovegrove).
Reste à savoir si cet état de fait est imputable aux auteurs ou aux éditeurs. Si l'on regarde dans la jeune génération de nouvellistes anglosaxons on se rend compte qu'il y a un retours aux thèmes anthropologiques, mais ce n'est pas vraiment le cas en roman où l'on semble bloqué encore un peu dans la période précédente.

2 commentaires:

Florent Lenhardt a dit…

Le militarisme galopant de la décade passée est certainement gonflé par les sujets de société post-11 septembre où l'armée, son rôle, ses objectifs, ses composants, sont redevenus un centre d'intérêt, plus peut-être que le super-héros des années 90 qui faisait tout tout seul. Le militaire est redevenu le mari, le frère, le fils, le cousin, le voisin, voire le fils du voisin. Outre-atlantique, le militarisme reparle certainement bien plus aux jeunes que pendant les années 90. Et comme la littérature SF US est massivement traduite...

Ensuite, concernant l'Europe, je pense qu'on affronte là un problème éditorial. Si "Super Etat" de Brian Aldiss a été traduit (en 2002, ça commence à dater), qu'en est-il de "The Aachen Memorandum", que les Néerlandais ou les Allemands ont traduit, par exemple ? Aurons-nous droit à une traduction du récent "United States of Europe" de Ken Jack ( bien meilleur livre, par ailleurs) ? On peut rêver, au Royaume Uni il a uniquement eu droit à une version kindle quand amazon.com propose l'impression à la demande, un comble ! On pourrait reprocher à "USE" et "Aachen" d'être trop centrés sur le Royaume Uni, alors que dire de "Incompetence" de Rob Grant ? Sorti en 2003, non-traduit, et pourtant, une satyre de l'UE et de certaines lois qui laissent perplexes, ça devrait faire son petit effet, avec le nom de Rob Grant sur la couverture... Et bien non.

Je pense donc que l'absence de ce sujet est due à un manque de volonté éditoriale. Ce désert n'attirant pas de potentiel lecteur, la demande n'augmente pas, donc l'offre ne se bouge pas, on tourne en rond. Et les gens intéressé n'ont que des livres de spécialistes à lire... le plus souvent en anglais.

Bémol toutefois, la "Trilogie" de Bordage qui traite de l'Europe, du racisme, des religions, etc. comme vous le demandez. Mais c'était il est vrai il y a quelques années, maintenant...

Dorémi a dit…

Détail amusant, le premier volume des Futurs Mystères de Paris et le premier volume de F.A.U.S.T. sont parus tous deux simultanément en septembre 1996.