Charles Sanders Peirce définit dans sa propre théorie sémiotique à la fin du dix neuvième siècle une triade. Nous aurons l'icone (signe par ressemblance avec l'objet), l'indice (signe symptomatique de la présence de l'objet) et le symbole (signe abstrait). Il se trouve que la science fiction est défini elle aussi par une triade. Nous aurons l'idée, l'image et l'univers. Essayons donc maintenant de mettre en correspondance ces deux systèmes.
Il serait tout à fait tentant de faire correspondre le symbole à l'idée. Après tout la critique moderne n'arrête pas de nous dire que la SF est une littérature d'idée. Mais ce n'est peut être pas si simple. Dans ce cas là l'image, incarnation figurative serait l'icône et l'univers serait l'indice. Mais ce serait, on s'en rend compte dévaloriser la notion d'univers si importante en SF. L'on sait que l'univers est un acteur majeur qui joue le rôle d'un véritable personnage dans le récit. Il y a par exemple le cas du livre univers. Dans ce type d'ouvrage de nombreux actants n'existent que par rapport à l'univers. C'est cet univers qui va leur attribuer un rôle. En dehors de cet univers ces éléments n'ont pas de réalité.
Nous nous rendons compte que l'idée tout aussi importante qu'elle soit ne peut tenir ce rôle.
Puisque l'image ne peut être que l'icône (vu le rapport entre icône et suite figurative nous n'avons aucun problème d'identification ici). L'idée ne peut donc être que l'indice. Un élément nécessaire mais non suffisant. L'idée sera un indice de l'appartenance au genre. Ainsi dans la phrase "quand j'avais atteint l'âge de mille kilomètre", nous rencontrons une idée spéculative : un monde ou l'âge des individus est mesuré à l'aide d'une unité spatiale. Ensuite on va découvrir que dans cet univers les gens vivent dans des trains. Cela va donner corps à plusieurs images mentales. Et enfin ces images et ces idées formeront un réseau d'objets à la fois figuratif et thématique qui constituera l'univers. l'univers en tant que somme des idées et des images et metteur en scène de leur cohérence formera donc le symbole. La notion d'univers n'est pas une notion abstraite, me direz vous. Mais l'univers n'existe qu'au travers des images et des idées. Il est leur cohésion et forme une trame qui elle donne le sens profond au récit de SF. L'univers est concret uniquement parcequ'il relie des éléments figuratifs. Il est bel et bien un objet abstrait puisqu'il n'est en fait qu'un réseau qui s'incarne grâce aux images. Il n'est là que pour les mettre en cohérence.
Nous en déduisons donc que dans un récit de SF l'univers est un metteur en scène des idées et des images. Que leur incarnation sémantique particulière seront définis par rapport à lui et l'on se rend compte qu'il est donc un élément indispensable conditionnant le sense of wonder, mais également la réalité du récit.
lundi 24 janvier 2011
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