Il est un sujet à la mode sur les blogs et les forums anglophones : la Sf est en train de mourir. Et les raisons en sont multiples :
Tout d'abord la crise du paradigme technologique. Régis Debray nous apprend que jusqu'aux années 70 le paradigme technologique était plutôt à gauche et le paradigme culturel plutôt à droite. Les valeurs se sont inversées depuis 30 ans. Aujourd'hui ce paradigme s'exprime à travers une idéologie : la singularité. Cette théorie affirme que les progrès technologiques croissants vont aboutir à une société totalement changé et incompréhensible pour un individu de notre époque. Mais la singularité avec ses transhumains, ses intelligences artificielles etc... est peut être le pendant conservateur de ce que l'on a connu chez nous avec la nouvelle SF politique française et ses utopies techno- socialo- écologiques.
Mais il y a aussi le postmodernisme qui imprègne une bonne part de la SF américaine. la volonté de rupture. Par exemple Alastair Reynolds fait de l'espace un non lieu où l'être humain reste anonyme. Il s'agit d'une rupture avec la tradition du space opera où l'espace était représenté comme un lieu anthropologique propices à de nombreuses rencontre. Cette volonté de rompre avec une certaine continuité est aussi symptomatique d'une idée de la table rase. Il faut déconstruire le genre pour mieux le reconstruire. Si sur le papier cette idée peut paraître grande elle se heurte à la réalité de ce qu'est la SF : une littérature du paradoxe. Rompre avec cette notion de paradoxe c'est un peu introduire le serpent dans le jardin d'Eden. C'est créer des récits dysfonctionnels. D'autant que des auteurs ont rompus avec le narratif pour privilégier des récits plutôt passionnels (Egan), niant ainsi l'histoire d'un genre né dans les pulp magazines et donc issus de la culture populaire.
En France la SF s'est reconstruite durant les années 80 surtout grâce à sa composante populaire. La collection Fleuve Noir Anticipation a permis au genre de recruter de nombreux jeunes lecteurs et aussi de nouveaux auteurs. Mais pour la SF américaine la SF populaire ce sont malheureusement pour beaucoup les licences (principalement Star Wars et Star Trek) qui s'adressent plutôt à un public de fans qu'à un public généraliste. Avec ce rétrécissement de la base populaire le genre va avoir du mal à se redresser.
lundi 5 avril 2010
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