Enfin, plusieurs éditeurs ont signé un manifeste pour défendre les littératures de l'imaginaire. L'on comprend finalement que la défense de nos genres favoris est un acte politique.
Face à des libraires et à des bibliothécaires qui nous méprisent (heureusement qu'à coté il y en a des biens pour nous défendre), face à une grande presse qui nous snobe, la mobilisation est la seule solution.
Il semble que d'autres actions sont en préparation. Ce manifeste arrive après le regroupement de quatre petits éditeurs le mois dernier sous la forme d'un syndicat des éditeurs de l'imaginaire. Je sais que des états généraux de l'imaginaire sont également prévus pour la fin de l'année.
Contrairement au polar, l'imaginaire a mauvaise presse. Cheval de Troie de la culture américaine pour la gauche caviar, littérature trop vulgaire pour la droite conservatrice, on se demande si l'on plait à qui que ce soit. A si aux geeks. Mais si les geeks anglo-saxons ont des salaires à cinq chiffres bon nombres de geeks français sont confrontés au chômage et à la précarité. Ça n'aide pas non plus.
On me dira que le polar a réussi à rentrer dans les mœurs. Oui, mais le thriller français est devenu populaire à partir du moment où le thriller est devenu le langage hollywoodien dominant (1). Le roman noir a lui, renoncé à être du roman policier pour être de la littérature sociale. Donc on ne peut pas dire que ce soit forcément une voie à suivre.
Reste que les littératures de l'imaginaire sont absentes d'une grande partie du territoire. Et qu'aujourd'hui plus que jamais il faut les amener dans les zones rurales, dans les petites villes, dans les banlieues, dans certaines villes moyennes aussi. Pour que les jeunes (mais aussi les moins jeunes) puissent trouver de quoi rêver et ne comblent pas leur soif d'idéal dans les extrêmismes et dans la drogue. Si les éditeurs s'allient, peut être que ce problème de zone blanche sera un des premiers dossiers auxquels ils vont s'attaquer. En tout cas je l'espère.
Ce manifeste c'est aussi le refus de s'appuyer sur des béquilles. Pour les uns il fallait viser le public de la blanche, pour d'autre il fallait se rapprocher du polar ou encore de la romance. Ces stratégies ont fini par brouiller le message et je ne crois pas qu'elles ont donné les résultats escomptés. Il est temps que l'imaginaire s'assume en tant que tel. Que la science fiction et la fantasy se considèrent comme des littératures importantes d'aujourd'hui. Si les institutions culturelles ne veulent pas jouer le jeu tant pis. Si l'on ne veut pas nous voir rentrer par la porte autant entrer par la fenêtre et en force pour montrer qu'il ne faut ni nous snober, ni nous prendre pour des abrutis.
(1) Avec tout le succès des films de super héros aujourd'hui, je me demande si le développement d'une littérature super-héroïque aurait un vrai succès populaire.
mardi 28 mars 2017
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