mardi 23 septembre 2014

Trash littérature

La trash littérature c'est la forme qu'a prise une partie de la littérature populaire dans les années 60 aux USA et qui est arrivé en Europe du sud dans la décennie suivante et en particulier en France. Littérature appelée aussi, For men fiction, elle était centrée sur le sexe et la violence. Chez nous Gérard de Villiers et ses séides s'y sont particulièrement illustrée. Et à cette époque c'était une littérature pour hommes.
Le retour du pulp dans les années 90 aux USA qui s'est largement infusé dans le thriller (mais la tendance avait commencé dès la fin des 70's et le début des 80's) a permis l'émergence d'une littérature new pulp et l'éditeur traditionnel de la trash lit, Gold Eagle, a largement pulpisé sa production ( avec notamment une série sur une archéologue aventurière écrit sous le house name de Alex Archer). Qu'est devenu la trash lit aujourd'hui. Et bien elle s'est féminisé curieusement. En bit lit  on trouve un certain nombre d'ouvrages mêlant scène sexuellement explicite et violence. Bref ce qui était jusque là l'apanage de la trash lit.
On peut se demander le pourquoi de cette évolution ? Un recul de la condition féminine avec une augmentation des postes précaires pour les femmes ( la trash lit a toujours été une littérature prolétarienne) ? Ca n'explique peut être pas tout. Après tout une partie du public de Gérard de Villiers était un public de cadres. En parallèle de la culture du divertissement, il y a toujours eu des gens qui préférait l'abrutissement. Chez les hommes il s'agissait de mettre en avant la virilité et c'était pour ce type de macho, que la for men fiction a été créé loin de codes du pulp et ses héros idéalisés. Les femmes souhaitent aussi mettre en avant leur part d'ombre et le mauvais coté de leur personnalité. Le fait que la société valorise de manière excessive le sexe et la violence n'est sans doute pas étrangère à la vague du porno paranormal. Mais curieusement on assiste à un recul de l'affirmation des bas instincts dans la littérature masculine ou en tout cas la littérature masculine elle, est en train de disparaître. En tout cas en tant que telle. La subculture de la virilité se trouve surtout dans les milieux de la culture urbaine et celle ci n'a pas encore accouché d'un genre littéraire. Cela explique aussi cela.

lundi 8 septembre 2014

Les littératures de l'imaginaire face à la culture populaire

Il y a quelques mois Stephen Davidson, rédacteur en chef de Amazing Stories, présentait les littératures de l'imaginaire comme le centre de gravité de la culture populaire. On peut considérer que cela est vrai dans une grande majorité des pays développés mais ce n'est pas le cas de la France. En France c'est encore le polar qui occupe cette place comme dans la majorité des pays occidentaux avant les années 70.
La France a connu un phénomène étrange dans les années 80. Le centre de gravité de cette culture populaire s'est déplacé du polar vers le roman de terroir. Curieusement si Denis Tillinac a à l'époque créé l'école de Brive, c'était pour contrer le roman noir et la SF jugés trop à gauche. Il fallait créer une littérature populaire pouvant défendre les idées conservatrices. Il faut dire aussi qu'une partie de la SF et du roman noir avait été instrumentalisé par l'extrême gauche. Mais ça ne représentait pas grand chose commercialement. Donc les années 80 ont vu ce même roman de terroir occuper un espace important de la littérature populaire alors que la SF tout comme le polar entrait en crise. Il a fallu attendre la deuxième moitié des années 90 pour que ces deux littératures reviennent sur le devant de la scène. Et c'est finalement le polar qui l'emportera.
En effet la littérature noire, possédant un fandom peu organisé et peu centralisé, grâce à un travail de conviction dans les manifestations culturelles les plus diverses a fini par l'emporter. La SF se reposant trop sur le travail du fandom qui fait le maximum qu'il peut faire mais ça ne suffit pas. Les fans devraient être un peu plus actif et essayer d'utiliser les manifestations culturelles locales comme tribune.

samedi 16 août 2014

Parcours de lecteurs, parcours de héros

Je me suis fais une réflexion.
Dans la plupart des librairies les littératures de genre dont les littératures de l'imaginaire sont situées au fond du magasin. Leur lecteur sont obligés de traverser l'espace destinée à la littérature blanche, de dépasser le couloir ou l'escalier menant aux livres pratiques, de traverser également l'espace consacré au régionalisme. Tout est fait pour détourner le lecteur de genre de ses genres favoris justement. C'est un peu comme si le libraire avait honte des littératures de genre (mais aussi de la BD ou de la littérature jeunesse).

Par contre imaginons que ces mêmes littératures de genre soient situées à l'entrée du magasin. Dans ce cas on pourrait imaginer un autre parcourt menant des littératures populaires aux littératures ambitieuses. Certains lecteurs de littératures ambitieuse pourraient se procurer des ouvrages populaires en vertus de l'adage qui veut que qui peut le plus puisse aussi le moins. Cette disposition finalement fait penser au parcourt du héros. Le héros en avançant dans son voyage est confronté à des épreuves de plus en plus complexes. Et ici il s'agit d'aller des littératures populaires vers de littératures plus complexes. Mais en même temps on constitue des tentations pour des lecteurs moins acquis à leur cause qui peuvent s'y mettre parce qu'ils vont les trouver sur leur chemins.

mercredi 30 juillet 2014

Le old school revient

C'est la constatation que l'on peut faire si l'on se penche sur ce que va produire le cinéma de SF dans les mois qui viennent. La franchise Star Wars est relancée et un nouveau Mad Max va sortir au cinéma dans les mois qui viennent. Le old school n'épargne pas le milieu des jeux vidéo puisqu'une franchise légendaire des années 80, Elite voit la sortie d'un nouvel opus alors que rien n'était sorti depuis bien longtemps. Sans oublier Metal Hurlant qui se paye une adaptation à la télé.
Ce goût pour le old school est bien connu du milieu des rôlistes qui semblent avoir une fascination pour le pulp et la SF populaire des années 70 / 80. Dans la blogosphère anglophone on ne compte plus les MJ qui parlent des campagnes sword and sorcery ou de science fantasy à l'ancienne. Est ce un régression ? Peut être pas. Après le développement du grim and gritty des années 2000, une partie du public cherche une ambiance plus légère et des auteurs plus décomplexés qui développent un imaginaire à la fois personnel et ultra-populaire. Des auteurs qui ne limitent pas leur imaginaire. Qui se foutent d'écrire de la vraie SF ou de la science fantasy pour peu que ce soit fun. Un imaginaire sans doute plus rock'n roll que celui nous avons aujourd'hui.
Bref ils ont trouvé dans les vieux textes, ce qu'ils ne trouvent plus dans l'imaginaire d'aujourd'hui. Ils appellent de leurs voeux une synthèse entre le coté décomplexé de la SF et la fantasy de la fin des 70 et du début des 80 et la manière d'écrire et les thématiques d'aujourd'hui. Je pense que le mélange est possible et peut prendre.

mardi 29 juillet 2014

Choc esthétique

La SF a subi au cours de son histoire plusieurs chocs esthétiques. Les univers d'hier ne sont plus ceux d'aujourd'hui. Par exemple les années 70 ont amené l'esthétique du rock'n roll dans la littérature de SF.  Et aujourd'hui je crains que la SF n'ai en partie oublié l'importance de cette dimension esthétique.  La SF c'est un peu comme les ordinateurs. Pendant longtemps on ne s'est pas préoccupé du design et Apple est arrivé dans les années 90 et l'on s'est rendu compte que le design était important dans la vente d'un ordinateur.
Il existe donc une dimension esthétique, un véritable design littéraire : l'univers, son ambiance ainsi que les images fortes que l'auteur va installer dans son récit. Les vers des sables de Dune sont inoubliables et totalement indissociables du roman, c'est un élément fort qui appartient au design littéraire de l'oeuvre. Ce qui est rassurant c'est que l'on assiste à un retour de ces éléments chez les jeunes nouvellistes anglo-saxons. Des auteurs comme Yoon Ha Lee, Aliette de Bodard ou Cat Rambo soignent ainsi énormément leur worldbuilding. D'ailleurs cette notion de worldbuilding a resurgi il y a quelques années, disons à la fin des 2000, alors qu'auparavant on en parlait très peu. Le jeune génération est très intéressée par ces processus de création d'univers. Je ne sais pas ce que cela va donner dans l'avenir mais ça laisse présager de bonnes choses, notamment quand certains de ces auteurs passeront au roman (puisqu'ils en ont en chantier).
Certains nouvellistes francophones semblent avoir les même préoccupations : je pense notamment à Sébastien Ruche, Philippe Deniel ou Aurélie Wellenstein mais il y en d'autres également.
Cette dimension esthétique pousse les auteurs à explorer plus avant leur espace mental et à livrer des univers plus personnels. Certes ils ne travaillent pas à partir de rien et puisent largement au pot commun. Mais la manière dont ils agencent les jouets et même les jouets qu'ils sélectionnent font de leur oeuvres quelques choses de personnel, loin des univers interchangeables. En fantasy le processus est largement avancé. Nul doute qu'en science fiction il suivra largement.

dimanche 8 juin 2014

Ils n'étaient pas là

Quand à la fin des années 60 et début des années 70, les bien pensants se sont acharnés sur  les comics américains et sur les pauvres éditions Lug, le fandom SF ne les a pas soutenu. Il ne se sentait pas concerné.
Quand dans les années 80 les mêmes bien pensant se sont acharnés sur les dessins animés japonais de SF, le fandom n'était pas là.
Quand dans les années 90 le jeu de rôles a été attaqué par les mêmes, encore une fois le fandom n'était pas là.
Quand un peu plus tard dans cette décennie les jeux vidéos ont été attaqué le fandom n'était pas là.

L'ironie du sort c'est que sans les comics, les dessins animés japonais et le jdr, la littérature de SF et de fantasy n'aurait pas été découverte par de nombreux jeunes de la génération X. Si aujourd'hui la SF existe encore c'est parce qu'il y a eu d'autres média qui ont servi de point d'entrée. Le fandom ne les a pas soutenu et aujourd'hui ceux qui viennent de ces média là se méfient du fandom et se situent bien souvent dans un fandom parallèle.
Si aujourd'hui les littératures de l'imaginaire arrive à des chiffres de vente qui se rapprochent de ceux de la poésie c'est parce que le fandom n'a pas su ferrer une partie de ces jeunes amateurs d'imaginaire, n'a pas su créer des concepts éditoriaux qui lui convenait, n'a pas su faire les ponts avec d'autres média. Pire ce sont des gens venus du jdr qui ont créé Mnémos, Nestiveqnen ou Bragelonne parce que le fandom SF n'avait pas compris les besoins de cette nouvelle génération. Aujourd'hui je ne pense pas que le fandom ai compris les désirs de la génération X en matière de littérature de l'imaginaire. Curieusement ceux qui l'ont compris sont de petites small press avec peu de moyens ( Rivière Blanche, Voy'el) et qui n'arrivent pas à transformer l'essai faute de moyens financiers. Bref les éditeurs qui ont pignon sur rue ont décidé que les jeunes geeks et que public qui connaît la SF par les autres média ne sont pas la cible privilégiée. Dommage. On passe à coté quelque chose.
D'autant plus que ces points d'entrée se font moins nombreux pour les ados d'aujourd'hui qui ont des centres d'intérêts loin de l'imaginaire. Et que pour développer le genre et augmenter les ventes de manière intéressante, bref pour survivre il faut que le fandom travaille, il ne peut plus se contenter de moissonner les germes plantés par les autres média parce qu'il n'a pas su dialoguer avec eux par le passé.

vendredi 6 juin 2014

Culture commune

Je me souviens de la fin des années 70 et du début des années 80. La cour de récréation. On y échange sur les dessins animés japonais (Goldorak, Albator, et autres Capitaine Flamm), les comics Marvel, Star Wars mais aussi Rahan et Tarzan. Un vrai culture qui réunit dans une même conversation le premier de la classe et le cancre.
Le problème c'est qu'il y avait peu de choses en littérature jeunesse pour permettre à des jeunes qui se passionnaient pour cette culture de s'y mettre vraiment. Oui le préadolescents qui voulait des histoires pleine de dinosaures, de vaisseaux spatiaux, de robots, d'extraterrestre, de surhommes n'avaient que les romans de Philippe Ebly et Bob Morane pour les plus grands à se mettre sous la dents. Il manquait un chaînon entre cette culture médiatique de l'enfance et la collection Anticipation du Fleuve Noir. On est peut être en train de le payer en ce moment. Certains qui s'y serait mis si ces collections transitions avaient existées ne s'y sont pas mis. Et finalement les choses se sont faîtes plus tard avec les rôlistes.